Quelque 18 000 soldats américains et philippins sont mobilisés pour ces exercices de deux semaines. Ils comprendront pour la première fois des tirs à balles réelles dans la mer de Chine méridionale que Pékin revendique presque entièrement. L’un des exercices prévoit l’atterrissage d’hélicoptères militaires sur une île philippine au large de l’extrémité nord de l’île principale de Luzon, à environ 300 km de Taïwan.
Le lancement des manœuvres annuelles Balikatan, mot qui signifie « côte à côte » en philippin, survient après une opération militaire de trois jours achevée lundi 10 avril par Pékin, qui a simulé des frappes ciblées et un encerclement de l’île autonome de Taïwan, que la Chine considère comme une partie de son territoire. D’ailleurs, des navires de guerre et des aéronefs chinois se trouvent toujours autour de Taïwan, a rapporté Taipei. La proximité avec Taïwan pourrait faire des Philippines un partenaire-clé des États-Unis en cas d’invasion par la Chine de l’île qu’elle considère comme faisant partie de son territoire.
Pour la première fois, ces exercices annuels ont lieu sous le mandat du président philippin Ferdinand Marcos Jr, qui cherche à améliorer les relations avec Washington, mises à mal par son prédécesseur Rodrigo Duterte. « Par cet exercice, les forces philippines et américaines renforceront notre interopérabilité, accroîtront nos compétences et compléteront nos capacités grâce à la collaboration, ce qui nous permettra d’être prêts à relever ensemble les défis du monde », a souligné le général de la 1ère unité aérienne des Marines américains, Eric Austin, lors de la cérémonie d’ouverture mardi à Manille.
Ces derniers mois, Manille et Washington ont relancé leurs patrouilles maritimes conjointes en mer de Chine méridionale, et ont conclu un accord visant à accroître la présence militaire américaine aux Philippines. En vertu de cet accord, les troupes US seront autorisées à utiliser quatre bases militaires philippines supplémentaires, dont une base navale située non loin de Taïwan.
Quelque 12 200 soldats américains, 5 400 soldats philippins et un peu plus de 100 soldats australiens ont été mobilisés pour participer à ces exercices, soit deux fois plus que l’année dernière. Ils dureront deux semaines. « Pour protéger notre territoire souverain, nous devons vraiment nous exercer à reprendre une île qui nous aurait été enlevée », a expliqué aux journalistes le colonel Michael Logico, porte-parole des forces armées philippines, après la cérémonie marquant le début des manœuvres dans un camp militaire à Manille. Les Américains utiliseront notamment leurs missiles Patriot jugés comme l’un des meilleurs systèmes de défense aérienne au monde. Les exercices permettront d’améliorer « les tactiques, les techniques et les procédures » concernant un large panel d’opérations militaires, a déclaré le colonel Medel Aguilar, porte-parole de l’armée philippine. Début avril, les Philippines ont mis à disposition des États-Unis quatre nouvelles bases militaires, dont une base navale non loin de Taïwan, s’attirant les foudres de Pékin.
Les ministres philippins de la Défense et des Affaires étrangères doivent ensuite rencontrer leurs homologues américains à Washington.