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Dérapages mortels au Tchad : La police tire sur les manifestants

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De violents heurts ont eu lieu à Ndjamena et dans plusieurs autres villes du Tchad, jeudi 20 octobre, entre forces de l'ordre et manifestants opposés à la prolongation de la période de transition. Le chef du gouvernement a décrété un couvre-feu jusqu'au « rétablissement total de l'ordre », alors que le bilan humain est très lourd. M. Kebzabo a également annoncé la suspension de toute activité d'importants groupes d'opposition.

Nuages de fumée, barricades et tirs à balles réelles, au cœur du Tchad. Après une journée meurtrière, Saleh Kebzabo, Premier ministre de transition, a annoncé dans la soirée la mise en place d’un couvre-feu entre 18 heures et 6 heures du matin dans quatre villes : Ndjamena, Moundou, Doba et Koumra. Jusqu’au « rétablissement total de l’ordre ».

S. Kebzabo fait état d’une « cinquantaine de morts», surtout à Ndjamena, Moundou et Koumra, et mentionne « près de 300 blessés ». Le gouvernement « fera régner l’ordre sur l’ensemble du territoire et ne tolèrera plus aucune dérive d’où qu’elle vienne », promet-il, dénonçant une tentative de soulèvement armé pour prendre le pouvoir. Les responsables, des insurgés, dit-il, seront traduits en justice.

Un peu plus tôt, un premier bilan du porte-parole du gouvernement tchadien avait mentionné une « trentaine » de morts, dont une « dizaine » de membres des forces de sécurité lors de ces affrontements. « Une manifestation interdite s’est transformée en insurrection », dénonçait Aziz Mahamat Saleh, cité par l’AFP. « Les manifestants ont attaqué des édifices publics, le gouvernorat, le siège du parti du Premier ministre, celui du président de l’Assemblée nationale », précisait-il.

Les violences ont éclaté lorsque certains ont commencé à ériger des barricades et ont incendié le siège du parti de S. Kebzabo, rapporte Reuters. Plusieurs centaines de personnes étaient sorties dans les rues de la capitale jeudi matin, même si la manifestation avait été interdite par les autorités. Elles s’opposaient au maintien au pouvoir du président de la transition, Mahamat Déby, arrivé l’an dernier après la mort de son père, Idriss Déby, en avril 2021.

Après une accalmie en milieu de journée, à l’heure de la prière, les manifestations ont repris en soirée, tandis que le Premier ministre s’exprimait. Cette effervescence s’est déclarée alors qu’un gouvernement d’unité nationale avait été formé vendredi dernier dans l’espoir de conduire le pays à des élections repoussées à octobre 2024. Le gouvernement affirme que les forces de l’ordre n’ont fait que riposter et se défendre. La police a été déployée, mais aussi l’armée. Dans le neuvième arrondissement, en plus des forces de l’ordre, des hommes en civil à bord de voitures teintées ont été aperçus tirant sur des manifestants.

Un journaliste a pu, lui, compter au moins 18 cadavres à la morgue de l’hôpital général de référence national. Parmi les morts de ce jour, figure un jeune journaliste, Oredjé Narcisse.

Dans sa conférence de presse, le Premier ministre de transition a eu des propos très offensifs envers l’opposition. S. Kebzabo a annoncé la suspension de toute activité de plusieurs mouvements, dont les Transformateurs et Wakit Tama. Sept partis politiques sont interdits d’exercer leurs activités, leurs locaux sont fermés pour une durée de trois mois. Une commission judiciaire est annoncée pour établir les responsabilités.

Selon le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact), c’est une féroce répression qui s’est abattue jeudi sur des manifestants pacifiques.

A l’international, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine, condamne également la répression des manifestations. D’ores et déjà, les Nations unies demandent une enquête sur les décès. « Les autorités de transition doivent garantir la sécurité et la protection des droits de l’Homme, y compris la liberté d’expression et de réunion pacifique », a en effet indiqué dans un tweet le Haut Commissariat des droits de l’Homme de l’ONU.

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