Attendue, la démission survient après une nouvelle journée de manifestations durant laquelle au moins trois personnes ont été tuées à Omdourman. L’une d’entre elles a reçu une balle dans la poitrine, selon un syndicat de médecins pro-démocratie. La seconde personne a reçu « un violent coup à la tête qui lui a brisé le crâne », toujours selon ces médecins. Les forces de sécurité soudanaises passent régulièrement à tabac des manifestants avec des bâtons. Depuis le coup d’État du 25 octobre, au total, 56 manifestants ont été tués et des centaines d’autres ont été blessés, rappelle l’AFP.
A. Hamdok était revenu au pouvoir il y a moins de deux mois, dans le cadre d’un accord politique conclu avec les militaires. Pour annoncer, finalement, sa démission dans un discours télévisé à la nation. « J’ai tenté de mon mieux d’empêcher le pays de glisser vers la catastrophe, alors qu’aujourd’hui il traverse un tournant dangereux qui menace sa survie […] au vu des conflits entre les composantes (civile et militaire) de la transition […] Malgré tout ce qui a été fait pour parvenir à un consensus […] cela ne s’est pas produit », a-t-il notamment expliqué.
Mais en raison de la « fragmentation des forces politiques et des conflits entre les composantes de la transition », il ne voyait pas d’autre solution que de démissionner.
A.Hamdok avait menacé à plusieurs reprises de quitter l’accord politique qu’il avait conclu avec la junte, faute de consensus. Il avait eu du mal à trouver des volontaires civils de venir le rejoindre pour former un gouvernement. Une bonne partie des Soudanais le voyait comme un « traître » qui aidait les militaires à « faciliter le retour de l’ancien régime ».
En août 2019, il incarnait l’espoir d’une remise du pouvoir aux civils : il devait un temps partager la direction de ce grand pays d’Afrique de l’Est, l’un des plus pauvres au monde, avec l’armée quasiment toujours aux manettes depuis l’indépendance. Rentré au Soudan dans la foulée de la « révolution » qui renversa en 2019 Omar el-Béchir, il n’a pas réussi à transformer le pays après trois décennies de dictature militaro-islamiste.
Le 25 octobre à l’aube, des soldats ont débarqué chez lui, l’emmenant avec son épouse chez le général Abdel Fattah al-Burhan. Le chef de l’armée annonçait peu après dissoudre toutes les institutions du pays et mettait de fait un point final à la transition démocratique.
Un mois plus tard, le 21 novembre, le Premier ministre, arrivé au pouvoir grâce au soutien des partisans d’un transfert complet du pouvoir aux civils, sortait de résidence surveillée. Il retrouvait dans le même son poste aux termes d’un accord contesté avec le même général Burhan, qui s’était engagé à libérer tous les prisonniers politiques. Au même moment, il devenait pour la rue, qui longtemps avait réclamé la libération de son héros « otage », un « traître » qui, en s’alliant avec l’armée, facilitait de fait « le retour à l’ancien régime ». A. Hamdok, lui, plaidait la bonne foi, assurant vouloir faire « cesser l’effusion de sang » face à une répression ayant fait une cinquantaine de morts et sauvegarder « les acquis de la révolution » dans le pays qui amorce toujours son retour dans le concert des nations. Mais le 19 décembre, pour le troisième anniversaire du lancement de la « révolution », il reconnaissait « un grand pas en arrière sur le chemin révolutionnaire », dénonçant violence et blocage politique.
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Crise politico-institutionnelle au Soudan : A.Hamdok jette l’éponge !
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