« Je ne suis pas du tout d’accord pour envoyer des missiles à des centaines de kilomètres en Russie. Pourquoi faisons-nous cela ? », a déclaré D. Trump au Time, au cours de cette interview réalisée le 25 novembre, à Mar-a-Lago. « Nous ne faisons qu’aggraver cette guerre », a-t-il poursuivi. Le futur 47e président des États-Unis a réitéré sa volonté de parvenir à un accord de paix en Ukraine, estimant que les pertes des belligérants n’étaient « pas soutenables ». « Ce serait vraiment un avantage pour les deux parties d’arriver à ce résultat » a-t-il ajouté. Interrogé quant au fait qu’il pourrait « abandonner » l’Ukraine, Donald Trump a répondu que « la seule façon de parvenir à un accord est de ne pas abandonner ». Il a également réaffirmé que, selon lui, le conflit ukrainien n’aurait pas éclaté « s’il avait été président », ajoutant également que la situation au Moyen-Orient était « un problème plus facile à gérer que ce qui se passe avec la Russie et l’Ukraine. »
Depuis la défaite de la vice-présidente et candidate démocrate à la Maison Blanche, lors des présidentielles du 5 novembre, l’administration Biden a non seulement entrepris d’épuiser toutes les aides financières et militaires possibles, mais a également pris plusieurs décisions de nature à aggraver les tensions. Parmi ces dernières figurent le feu vert de Joe Biden aux tirs de missiles longue portée américains dans la profondeur du territoire russe ainsi que la livraison de mines antipersonnelles. L’autorisation accordée par la Maison Blanche à Kiev constitue une escalade du conflit, avait déclaré Michael Waltz, représentant républicain de Floride, que le président élu D. Trump a nommé conseiller à la Sécurité nationale. « C’est une nouvelle étape dans l’escalade, et personne ne sait où cela va mener », a-t-il déclaré le 18 novembre sur Fox News. « Le complexe militaro-industriel semble vouloir s’assurer de déclencher la troisième guerre mondiale avant que mon père n’ait la possibilité d’instaurer la paix et de sauver des vies. Il faut leur couper les vivres. Allez au diable !!! Imbéciles » avait réagi sur X le fils de D. Trump.
Démonstration de force
Après plusieurs frappes, menées à l’aide de missiles à longue portée occidentaux, Vladimir Poutine avait annoncé lors d’une allocution télévisée le 21 novembre que la Russie avait effectué une frappe sur un site industriel militaire dans la ville ukrainienne de Dniepropetrovsk à l’aide de son dernier missile balistique, Orechnik.
Sergueï Riabkov, vice-ministre russe des Affaires étrangères, a déclaré mercredi aux journalistes que le tir du nouveau missile balistique sur un complexe industriel en Ukraine était un « puissant signal d’avertissement » adressé aux dirigeants des pays occidentaux ayant « perdu le sens des réalités ». « Le test et le lancement de ce système contre une cible militaire légitime sur le territoire ukrainien sont devenus un puissant signal d’avertissement pour tous ceux qui ont un peu perdu le sens des réalités, du moins à en juger par leur comportement » a notamment déclaré le diplomate. S. Riabkov a également assuré que les forces russes continueraient à remplir leurs missions dans le cadre de l’intervention militaire en Ukraine et que « les intérêts de la Fédération de Russie en matière de sécurité seraient garantis par tous les moyens disponibles dans l’arsenal russe, y compris le nouveau missile balistique à moyenne portée Orechnik ».
Le 21 novembre, dans la foulée de frappes ukrainiennes menées en Russie à l’aide de missiles longue portée occidentaux, V. Poutine avait annoncé dans une allocution télévisée que la Russie avait frappé un site industriel militaire à Dniepropetrovsk à l’aide d’un nouveau missile balistique : Orechnik. Le président russe avait également averti que Moscou se réservait le droit d’utiliser ses armes « contre les installations militaires des pays qui autorisent l’utilisation de leurs armes contre nos installations ».
Le Pentagone, après le message de V. Poutine, s’est inquiété de l’utilisation par la Russie d’un nouveau type d’armement, a déclaré Sabrina Singh, porte-parole du Pentagone, le 21 novembre. Celle-ci avait également déclaré que les États-Unis avaient été avertis par la Russie peu avant le lancement du missile. Dans le même temps, la porte-parole de la Maison Blanche Karine Jean-Pierre avait déclaré que les États-Unis n’avaient « pas de raison » de modifier leur politique de soutien à l’égard de Kiev. « Le déploiement de cette capacité ne changera pas le cours du conflit et ne dissuadera pas les alliés de l’OTAN de soutenir l’Ukraine » avait affirmé Farah Dakhlallah, porte-parole de l’OTAN. Le chancelier allemand Olaf Scholz avait pour sa part qualifié cette évolution de « terrible escalade ». Néanmoins, l’Allemagne a également déclaré son intention de poursuivre son soutien à l’Ukraine. Dans une interview au quotidien Komsomolskaïa Pravda, publiée le 6 décembre, S. Riabkov avait déclaré que ce premier tir du missile Orechnik était également « une démonstration de la réponse potentielle » de la Russie au déploiement par les États-Unis de missiles à courte et moyenne portée dans des régions du monde.
L’arme des sanctions
A signaler aussi que l’administration Biden envisagerait une série de sanctions visant à réduire les exportations pétrolières russes et à cibler les flottes utilisées par Moscou pour transporter du pétrole. Ces sanctions en gestation, révélées par Bloomberg le 10 décembre, viseraient à affaiblir l’économie russe avant l’investiture de Donald Trump fin janvier 2025. Selon l’agence américaine, qui cite des sources proches du dossier, ces sanctions pourraient inclure des « restrictions similaires à celles sur le pétrole iranien » où les acheteurs de brut venus d’Iran s’exposent aux sanctions US. L’objectif déclaré est de priver Moscou de revenus supplémentaires tout en capitalisant sur le ralentissement des prix mondiaux du pétrole. Parallèlement, Bloomberg rapporte que la flotte de pétroliers « dite de l’ombre », qui permettrait à la Russie de rediriger ses flux de pétrole vers des acheteurs non occidentaux, pourrait faire l’objet de mesures spécifiques. Ces sanctions, si elles sont adoptées, marqueraient une nette évolution par rapport à la politique actuelle, qui repose sur le plafonnement des prix du pétrole russe à 60 dollars le baril, un dispositif mis en place par le G7 et l’Union européenne. Selon l’agence américaine, les résultats « mitigés » de cette approche ont conduit l’administration Biden à envisager des mesures plus strictes. Cependant, ces potentielles futures sanctions suscitent des critiques. Dans un article paru ce 11 décembre, le quotidien indien The Economic Times estime qu’elles pourraient provoquer une flambée des prix du pétrole, impactant les économies occidentales et exacerbant les tensions avec des partenaires clés comme l’Inde, qui reste un grand consommateur de brut russe. Bloomberg, pour sa part, souligne que la Hongrie, ainsi que d’autres pays qui dépendent des importations de gaz russe, ont averti que la décision américaine posait un risque potentiel pour leur sécurité énergétique. La Turquie, critique à l’encontre des sanctions a également demandé une dérogation aux sanctions.
Selon l’analyse du média américain, l’administration Biden chercherait à renforcer la position de l’Ukraine avant toute négociation possible sous l’administration Trump. Malgré les intentions affichées, certains analystes, cités par Oil Price News ce 11 décembre, estiment que ces sanctions pourraient avoir un impact limité à long terme. Face aux sanctions décrétées par les Occidentaux, la Russie a jusque-là démontré sa capacité à s’adapter en redirigeant ses exportations vers d’autres marchés. Si ces mesures visent à affaiblir la Russie avant l’arrivée de D. Trump, elles pourraient également avoir des conséquences imprévues selon Bloomberg, notamment provoquer une hausse des prix mondiaux de l’énergie, et « attiser les tensions » tant avec les adversaires qu’avec des partenaires.