« A 3h05, deux drones de surface ukrainiens ont attaqué le pont de Crimée. A la suite de l’attaque, un tronçon de la chaussée du pont de Crimée a été endommagé », a rapporté dans la matinée du lundi le comité national antiterroriste russe. Deux adultes sont morts et un enfant a été blessé, précise le communiqué. « La circulation a été interrompue sur le pont de Crimée. Une urgence s’est produite dans la zone du 145e pilier depuis le territoire de Krasnodar », situé dans le sud-ouest de la Russie, a indiqué Sergueï Aksionov, gouverneur russe de la péninsule de Crimée sur Telegram, sans préciser la nature de l’incident. « Les forces de l’ordre et tous les services compétents sont à pied d’œuvre », a-t-il ajouté, demandant aux automobilistes de choisir un itinéraire alternatif.
« Cette nuit, le régime terroriste de Kiev a commis un nouveau crime : il s’en est pris au pont de Crimée », a énoncé sur Telegram Vladimir Konstantinov, président du Parlement de Crimée. « Kiev ne pouvait pas ignorer que la voie routière du pont est une infrastructure uniquement civile mais cela n’a jamais arrêté les terroristes », a-t-il ajouté. « La seule chose qui puisse les arrêter, c’est de les priver de la capacité physique d’effectuer de telles attaques », a-t-il précisé, avant d’appeler à des « représailles ».
Les services spéciaux ukrainiens et les forces navales sont derrière l’attaque contre le pont de Crimée réalisée à l’aide de « drones navals », a indiqué à l’AFP une source au sein des Services ukrainiens de sécurité (SBU). « L’attaque d’aujourd’hui contre le pont de Crimée est une opération spéciale du SBU et de la marine », a indiqué cette source à l’AFP. Deux parents tués, leur fille blessée Le département de la Santé du territoire de Krasnodar a confirmé que deux personnes étaient mortes et qu’une jeune fille avait été blessée. Cette dernière a été emmenée à l’hôpital central de Temriouk, en soins intensifs.
La chaussée a été « endommagée », a déclaré le ministère russe des Transports sur Telegram, sans confirmer la présence d’éventuels dégâts au niveau des piliers de l’ouvrage. La frappe a « probablement » été réalisée par « des drones de surface fournis par l’OTAN » a estimé Ian Gaguine, conseiller du dirigeant par intérim de la République populaire de Donetsk Denis Pouchiline. Il a également déclaré qu’au moment de l’attaque un appareil de reconnaissance américain se trouvait au-dessus de la mer Noire.
Les autorités ukrainiennes reconnaissent une contre-offensive qui avance, mais qui avance lentement. Et les combats se sont intensifiés au cours du week-end, de l’aveu même de Kiev.
D’après Hanna Maliar, ministre déléguée à la Défense, les combats s’intensifient dans l’est du pays, avec d’une part des attaques russes extrêmement sévères autour de Koupiansk, dans la région de Kharkiv, et d’autre part, autour de Bakhmout, où l’armée ukrainienne tente de conserver ses positions, avec des gains territoriaux quotidiens au sud et une résistance ukrainienne aux attaques permanentes sur ses positions situées au nord de la ville.
Dans le sud du pays, les combats continuent autour de Berdyansk et Melitopol, deux villes sous occupation russe. Et toujours selon Kiev, les troupes ukrainiennes auraient avancé de plus d’un kilomètre vers Berdyansk.
Le New York Times a rapporté samedi qu’au cours « des deux premières semaines de la contre-attaque lancée par l’Ukraine contre la Russie, environ 20% des armes de Kiev ont été détruites, et les pertes comprenaient des chars occidentaux, des véhicules blindés de transport de troupes et d’autres armes lourdes ». « Dans les semaines qui ont suivi la contre-attaque ukrainienne, le taux de pertes est tombé à environ 10% », ont déclaré des responsables américains et européens.
Les responsables ont également noté que « cette amélioration est due au fait que l’Ukraine a changé sa tactique et s’est davantage concentrée sur l’affaiblissement des forces russes avec de l’artillerie et des missiles à longue portée plutôt que sur l’attaque des champs de mines ennemis » .
Andriy Yermak, chef de l’administration présidentielle ukrainienne, a reconnu récemment que la contre-attaque de Kiev, qui se heurte à la résistance des forces russes, « ne progresse pas rapidement ».
Sergueï Choïgou, ministre russe de la Défense, révélait il y a quelques jours que « les pertes de l’Ukraine, depuis le début de la contre-attaque, s’élevaient à plus de 26 000 soldats et 3 000 unités d’armes diverses », dont 1 244 véhicules blindés, dont 17 chars Leopard, et cinq AMX français et 12 véhicules américains Bradley.
Volodymyr Zelensky, président ukrainien, avait admis samedi que « le rythme de la contre-attaque ukrainienne n’était pas celui escompté ».
Avant cela, Scott Ritter, officier de renseignement américain à la retraite, a révélé que « les brigades de combat des forces armées ukrainiennes ont perdu, lors de la contre-attaque, plus de la moitié de leurs effectifs ».
« Toutes les tentatives de l’ennemi de percer notre défense (…), notamment en utilisant des réserves stratégiques, n’ont pas réussi pendant toute la période de l’offensive. L’ennemi n’a pas obtenu de succès », a estimé dimanche le Président russe. S’exprimant dans une interview à la chaîne de télévision Rossia-1, diffusée le 16 juillet, Vladimir Poutine a jugé que la situation était « positive » pour les forces russes sur le front. Les troupes russes « passent même à l’offensive dans certains secteurs ». « Nos troupes se conduisent de façon héroïque. De manière inattendue pour l’adversaire, elles passent même à l’offensive dans certains secteurs et capturent des positions plus avantageuses », a affirmé le dirigeant russe.
Menée depuis juin avec le soutien d’armes lourdes livrées par l’Occident est à la peine face aux troupes russes solidement établies sur des positions défensives, piégeant les tentatives russes dans de redoutables champs de mines, et disposant toujours d’une importante puissance de feu pour pilonner les forces ukrainiennes. Le 16 juillet, l’état-major ukrainien a affirmé que des opérations offensives en direction de Melitopol et Berdiansk. Plus tôt cette semaine, mardi, le ministre russe de la Défense a lui affirmé que les troupes russes avaient réussi une percée d’1,5 km de profondeur sur une portion du front près de Lyman, dans la région de Donetsk, dans l’est de l’Ukraine.