Après deux mois de blocus, Israël a autorisé une aide humanitaire minimale via une société américaine opaque, la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) avec laquelle l’Onu refuse de collaborer. Depuis, l’armée d’occupation a tué 125 Palestiniens affamés et blessé 736 autres. 9 Palestiniens sont encore portés disparus. Selon le réseau Quds News, 14 martyrs ont été recensés lundi à Rafah, à proximité du centre de distribution al-Alam. La veille dimanche, 13 Palestiniens sont tombés en martyrs et 153 autres ont été blessés dans des tirs israéliens devant deux centres de distribution de l’aide.
Une source médicale a en outre fait état lundi de la mort de 11 Palestiniens dans des raids sur les deux quartiers Chouja’iya et Zaytoune à Gaza-ville et de 7 martyrs dans des raids sur les tentes d’al-Mawassi à Khan Younes. Selon le bilan du ministère de la Santé à Gaza, le chiffre des martyrs depuis le 7 octobre 2023 dépasse les 54.927 et celui des blessés les 126.615.
Dans la matinée de lundi, des raids aériens israéliens ont réduit en miettes deux tours résidentielles dans la ville Hamad au nord-ouest de Khan Younes au sud de l’enclave, selon Quds News. L’armée sioniste s’est déployée dans la zone concomitamment avec les ordres d’expulsion des Gazaouis.
Solidarité agissante
Au-delà du drame indicible en cours dans l’enclave palestinienne, il y a lieu de signaler que la solidarité avec le peuple palestinien martyrisé a tendance à prendre une autre tournure. Ainsi, des centaines de personnes, principalement des Tunisiens, ont pris le départ lundi à bord d’autocars à destination de la bande de Gaza avec l’intention déclarée de « briser le blocus israélien » après plus d’un an et demi de guerre génocidaire, selon les organisateurs. La caravane Soumoud (« résilience » ) n’apporte pas d’aide humanitaire mais se veut un « acte symbolique » de soutien au territoire palestinien, décrit par les Nations Unies comme « l’endroit le plus affamé au monde », selon l’activiste Jawaher Channa, porte-parole de la Coalition organisatrice.
Le convoi, qui comprend des médecins, des femmes et des hommes de tout âge, vise à atteindre Rafah (sud de la bande de Gaza), en passant par la Libye et l’Egypte, bien que Le Caire n’ait pas encore délivré d’autorisation de passage, a indiqué J. Channa à l’AFP.
A l’aube, des militants enthousiastes, brandissant des drapeaux tunisiens et palestiniens, sont montés dans une dizaine d’autocars, sous les youyous des femmes et les encouragements de leurs proches et de curieux. « Nous sommes un millier de personnes et d’autres nous rejoindront en cours de route », a affirmé J. Channa, porte-parole de la Coordination tunisienne d’action commune pour la Palestine. Selon elle, la traversée de la Libye devrait se faire sans difficultés grâce « au soutien historique de la population à la cause palestinienne », en dépit de récents combats violents dans l’ouest entre groupes armés, et de la division du pays entre deux camps rivaux dont celui de l’Est contrôlé par le puissant maréchal Khalifa Haftar. « L’Egypte ne nous a pas encore donné la permission de traverser ses frontières, mais nous verrons ce qui se passera quand nous y arriverons », a-t-elle ajouté.
Des militants algériens, mauritaniens, marocains et libyens font aussi partie de ce groupe qui espère atteindre Rafah d’ici la fin de la semaine.
Rapt des passagers du Madleen
Le bateau humanitaire Madleen qui tentait de rallier Gaza a été dérouté dans la nuit de dimanche à lundi 9 juin par les autorités d’occupation israéliennes. Le voilier avec à son bord douze militants, français, allemand, brésilien, turc, suédois, espagnol et néerlandais, était parti d’Italie le 1er juin pour « briser le blocus israélien » contre Gaza, en proie à une situation humanitaire désastreuse après plus d’un an et demi de guerre génocidaire israélienne. Après une escale en Egypte, il s’était approché de Gaza en dépit des menaces israéliennes.
Au cours de la nuit, l’organisation Freedom Flotilla Coalition, qui a affrété le bateau, avait annoncé que l’armée d’occupation avait arraisonné celui-ci dans les eaux internationales. « La liaison a été perdue avec le Madleen. L’armée israélienne a arraisonné le bateau », avait-elle indiqué sur Telegram, affirmant que l’équipage avait été « kidnappé par les forces israéliennes ».
Outre la militante suédoise Greta Thunberg, le voilier transportait aussi l’eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan, militante LFI. L’AFP n’a pu contacter aucune des personnes à bord.
Jean-Luc Mélenchon, dirigeant du parti LFI a dénoncé dans un communiqué l’ « arrestation illégale » des 12 passagers du Madleen.
L’organisation Freedom Flotilla Coalition a également dénoncé une « violation manifeste des lois internationales », assurant que l’arraisonnement s’est déroulé dans les eaux internationales. « Israël n’a pas d’autorité légale pour détenir les volontaires internationaux à bord du Madleen », a déclaré son responsable, Huwaida Arraf.
Sur X, les militants avaient affirmé attendre une « interception et une attaque d’Israël à tout moment », et appelé leurs gouvernements à les protéger.
Israël Katz, ministre israélien de la Défense, avait annoncé dimanche avoir donné pour instruction à l’armée « d’empêcher le navire Madleen d’atteindre Gaza ». « Israël ne permettra à personne de briser le blocus maritime de Gaza », avait -il ajouté.
Dans un communiqué publié samedi, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a mis en garde contre « l’effondrement du système de santé de la bande de Gaza », où « il n’y a déjà plus aucun hôpital en service dans le nord » du territoire.
En 2010, une flottille internationale de huit cargos transportant près de 700 passagers, partie de Turquie pour tenter de forcer le blocus de la bande de Gaza avait été stoppée par une opération militaire israélienne qui avait fait dix martyrs parmi les militants.
En réaction à l’arraisonnement du navire Madeleen, le Hamas a affirmé qu’il s’agit « d’un terrorisme d’État organisé, une violation flagrante du droit international et une agression contre des volontaires civils ». Le Hamas a salué « les militants libres de diverses nationalités qui ont résolument fait face aux menaces », soulignant que « Gaza n’est pas seule ». Il a tenu « l’occupation pleinement responsable de la sécurité des militants » et a appelé les Nations Unies et les organisations internationales à condamner ce crime.
Pertes regrettables
Il y a lieu de signaler aussi qu’un haut responsable de la Résistance palestinienne ainsi qu’une trentaine d’autres personnes ont été assassinés par l’armée israélienne lors d’un massacre dans le cadre de la guerre génocidaire menée dans la bande de Gaza, selon un rapport publié samedi 7 juin par les médias proches de la Résistance.
Le responsable, appelé Asad Abou Charia, alias Abou al-Cheikh, était le secrétaire général et cofondateur du Mouvement des moudjahidines palestiniens. Ce dernier a confirmé cet assassinat dans un communiqué, précisant que ce martyr dirigeait également la branche militaire du groupe, les Brigades moudjahidines. Une autre victime du massacre est Ahmed Abou Charia, alias Abou Falasteen, l’un des frères d’Asad et un autre haut membre du mouvement.
Le Mouvement des moudjahidines palestiniens a décrit Abou Charia comme un « grand leader et intellectuel », ayant survécu à au moins cinq tentatives d’assassinat avant de tomber finalement en martyre. Il a dénoncé le massacre israélien qui lui a coûté la vie, le qualifiant de « lâche ». Abou Charia était « l’un des piliers de la lutte contre le régime occupant et de la Résistance en Palestine, ainsi qu’une pierre angulaire du projet islamique au sein de l’Oumma musulmane », a souligné le mouvement.
Selon le communiqué, Abou Charia avait dirigé ou participé à de nombreuses opérations de résistance « héroïques » ciblant diverses zones de Gaza, de la Cisjordanie occupée et des territoires occupés de la Palestine depuis la fondation du groupe en 2001.
Plus important encore, Abou Charia a contribué à l’opération historique Déluge d’Al-Aqsa du 7 octobre 2023, au cours de laquelle les combattants palestiniens se sont infiltrés au cœur des territoires occupés, avant d’encercler des bases militaires israéliennes stratégiques et capturer des centaines de sionistes.
Le groupe a également souligné que ce martyr n’avait pas abandonné la lutte anti-israélienne, malgré la perte de 155 membres de sa famille lors des attaques incessantes du régime sioniste contre Gaza.