Des médias houthis ont rapporté lundi de nouvelles frappes US contre le Yémen, dans le gouvernorat de Hodeida (ouest), sous contrôle de Sanaa. « Une frappe de l’agression américaine a ciblé la région de Bajel dans le gouvernorat de Modéra », et d’autres ont visé une usine d’acier dans la région d’al-Salif, dans le même gouvernorat, a indiqué Saba, agence de presse locale. Al Massira TV a également rapporté ces frappes. Plusieurs autres raids avaient été perpétrés contre la capitale Sanaa et plusieurs gouvernorats yéménites (Saada (nord-ouest), Ma’rib, al-Bayda (centre), Zamar) dans l’offensive lancée dans la nuit de samedi à dimanche. Selon un bilan provisoire, elle a coûté la vie à des dizaines de Yéménites et blessé 103 autres dont des enfants et des femmes.
L’ONU a demandé dimanche 16 mars aux États-Unis et aux houthis au Yémen de cesser leurs attaques après une escalade militaire qui « risque d’exacerber les tensions régionales » entre Washington et la résistance des Ansarullah, a déclaré le porte-parole du secrétaire général Antonio Guterres. « Nous appelons à la plus grande retenue et à la cessation de toutes les activités militaires », a déclaré dans un communiqué Stéphane Dujarric, porte-parole d’A. Guterres. « Toute nouvelle escalade pourrait exacerber les tensions régionales, alimenter des cycles de représailles susceptibles de déstabiliser davantage le Yémen et la région, et faire peser de graves risques sur la situation humanitaire déjà désastreuse dans le pays », a-t-il ajouté.
Les forces armées yéménites de Sanaa ont revendiqué dimanche et lundi deux attaques contre un porte-avions américain en mer Rouge et affirmé qu’ils frapperaient des cargos américains, en riposte aux frappes menées par les Etats-Unis qui ont fait 53 martyrs, dont cinq enfants, et 98 blessés.
Les Américains ont mené plus de 40 raids aériens meurtriers contre plusieurs gouvernorats et districts yéménites après que Sanaa a pris la décision d’interdire de nouveau de circulation en mer Rouge des navires israéliens, en riposte à la décision de Tel Aviv, début mars, d’autoriser l’acheminement de l’aide humanitaire aux Palestiniens vers la bande de Gaza.
Dimanche, le général Yahia Saree, porte-parole de l’armée yéménite, a rendu compte d’ « une opération militaire (…) visant le porte-avions américain USS Harry Truman et les navires de guerre qui l’accompagnent dans le nord de la mer Rouge », affirmant avoir tiré 18 missiles et un drone. Lundi matin, l’armée yéménite a revendiqué une « seconde » attaque contre ce porte-avion dans le nord de la mer Rouge, disant l’avoir visé « avec de nombreux missiles balistiques et de croisière ainsi qu’avec des drones, dans un engagement qui a duré plusieurs heures ».
Selon l’AFP, les Etats-Unis n’ont pas confirmé ces attaques. Le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) s’est borné dans la nuit à dire que ses forces « continuent les opérations contre les terroristes Houthis soutenus par l’Iran », sans plus de détails.
D’après des médias yéménites, Washington a pour sa part, procédé à des frappes dans la nuit de dimanche à lundi, en ciblant une usine d’égrainage de coton dans la région de Hodeida (ouest) et le poste de pilotage du « Galaxy Leader », navire israélien capturé il y a plus d’un an, en soutien au peuple palestinien qui subissait un génocide israélien dans la bande de Gaza.
Abdel Malek al-Houthi, chef des Ansarullah, a appelé les Yéménites à se rassembler lundi « par millions » pour protester contre ces frappes qui ont visé samedi notamment Sanaa, la capitale du Yémen. Il a prévenu que les forces yéménites viseraient par ailleurs des navires de marchandises américains en mer Rouge tant que les Etats-Unis « poursuivraient leur agression ». « Nos forces armées ont commencé à répondre à l’agression américaine – c’est notre choix, notre décision et notre direction, tant que l’agression américaine contre notre pays continue », a-t-il indiqué. « L’agression américaine ne parviendra pas à faire pression sur notre peuple et notre pays pour qu’ils reviennent sur leur position ou leur décision, car il s’agit d’une position fondamentale », a-t-il ajouté. « La nouvelle agression contribuera à développer davantage nos capacités militaires, et nous ferons face à l’escalade par l’escalade », a-t-il promis.
A. Al-Houthi a précisé que le Yémen restera déterminé à soutenir la Palestine malgré les tentatives des États-Unis visant à faire pression sur lui pour qu’il revienne sur sa décision. Il a également critiqué les pays arabes pour leur manque d’action sérieuse contre la famine infligée aux Palestiniens suite au blocus israélien contre la bande de Gaza. « Les Américains et les Israéliens veulent avoir les mains complètement libres de commettre des agressions, des crimes, des occupations et tout ce qu’ils souhaitent, sans aucune réaction de notre Oumma », a-t-il dénoncé. « Observer le silence ne fonctionnera pas face à cette équation d’agression incontrôlée, pas plus que les approches qui ne parviennent pas à prendre position contre l’agression américaine et israélienne », a-t-il déclaré. « L’objectif américain est de soumettre toute la région à l’ennemi israélien et d’imposer le régime de l’agression incontrôlée, et aucun de ces deux objectifs ne peut être accepté », a-t-il réitéré.
D. Trump a annoncé samedi 15 mars que l’armée américaine avait mené dans la journée des frappes contre le Yémen, en réponse aux attaques répétées menées contre des navires en mer Rouge. Il a également demandé à l’Iran « d’arrêter immédiatement » son soutien « aux terroristes houthis ». Ces frappes américaines « ne resteront pas sans réponse », avertissent les Houthis Dans un message sur son réseau Truth Social, il prévenait samedi que si les attaques des Houthis ne cessent pas, « l’enfer s’abattra sur vous comme jamais ». « Aujourd’hui, j’ai ordonné à l’armée américaine de lancer une action militaire décisive et puissante contre les terroristes houthis au Yémen. Ils ont mené une campagne incessante de piraterie, de violence et de terrorisme contre les navires, avions et drones américains et autres », a écrit sur Truth Social le président américain.
« Nos courageux combattants mènent actuellement des attaques aériennes contre les bases, les dirigeants et les défenses antimissiles des terroristes pour protéger les moyens maritimes, aériens et navals américains et pour restaurer la liberté de navigation. Aucune force terroriste n’empêchera les navires commerciaux et navals américains de naviguer librement sur les voies navigables du monde », a précisé D. Trump. « Nous utiliserons une force létale écrasante jusqu’à ce que nous ayons atteint notre objectif », a ajouté le président américain. « À l’Iran : le soutien aux terroristes houthis doit cesser immédiatement ! Ne menacez PAS le peuple américain, son président, qui a reçu l’un des mandats les plus importants de l’histoire présidentielle, ni les voies maritimes mondiales. Si vous le faites, attention, car l’Amérique vous tiendra pleinement responsables et nous ne serons pas gentils à ce sujet ! », écrit également D. Trump dans son message.
Les États-Unis ont lancé ces frappes quelques jours après que Sanaa a menacé de reprendre les attaques contre les navires croisant au large du Yémen qu’ils estiment liés à des intérêts israéliens si Israël ne lève pas le blocus de la bande de Gaza et ne reprend pas les négociations pour mettre fin à la guerre. Les Houthis avaient annoncé mardi soir qu’ils reprenaient « l’interdiction du passage de tous les navires israéliens » dans la mer Rouge, le détroit de Bab-el-Mandeb, le golfe d’Aden et la mer d’Arabie.
Les frappes au Yémen ont tué « plusieurs dirigeants houthis clés », a affirmé, dimanche, la Maison Blanche, avertissant l’Iran, soutien du groupe rebelle yéménite, que « trop c’est trop ». Les frappes de samedi ont visé « plusieurs dirigeants houthis et les ont éliminés », a déclaré Mike Waltz, conseiller à la sécurité nationale sur la chaîne ABC. Il a ajouté dans une seconde interview sur Fox News les avoir frappés avec « une force écrasante et avertit l’Iran que trop c’est trop ».