Dans une lettre ouverte intitulée « La politique des visas : Discrimination et traitement humiliant des demandeurs de visas marocains », les ONG ciblent particulièrement la France et dressent un constat « accablant ». La lettre évoque ainsi « le recours à des opérateurs privés qui se substituent à l’administration française, qui ne sont pas rémunérées par l’Etat français, mais bien par les postulants eux-mêmes », « l’inflation procédurale et la multiplication des catégories et sous-catégories organisées en cas, qui plombe les procédures de demande de visas en les rendant plus caduques, opaques et perméables à l’arnaque des services interposés pour le traitement des demandes ». Elle critique le fait que « le paiement des frais de dossiers s’effectue lors du dépôt de la demande, au lieu d’être dus uniquement en cas de délivrance du visa », les « délais d’instruction qui restent extrêmement variables » et les délais d’attente « interminables ».
Le collectif critique aussi les « refus standards pas assez justifiés », l’absence de mention des « voies et délais de recours » contre ces refus et des « vérifications répétées et outrancières des éléments fournis par les demandeurs ; une humiliation supplémentaire pour l’immense majorité de celles et ceux qui en font les démarches» . Dans ce contexte, « le droit à la libre circulation est pris en otage », dénoncent les associations, qui pointent « une mesure de représailles régressive » et une « punition inadmissible », portant atteinte à ce droit humain essentiel.
D’ailleurs, les ONG estiment dans leur lettre que « l’externalisation du traitement des dossiers des demandeurs de visas ne garantit pas totalement la protection et la sécurité des données personnelles et en particulier des identifiants biométriques ».
La lettre des ONG demande aux autorités françaises et aux pays européens de « revenir sur ces mesures déshonorantes ». Elles y dénoncent un « climat de régression supplémentaire, qui instaure des mesures de pression discriminatoires » et des « mesures punitives en échange de réadmissions sous contraintes». Les ONG appellent « toutes les forces démocratiques et militantes pour les droits humains au Maroc, en France, en Europe et partout dans le monde, à se mobiliser pour dénoncer cette politique ».
Le collectif qui a signé la lettre comprend notamment l’Institut Prometheus pour la démocratie et les droits humains, la Ligue marocaine pour la défense des droits humains (LMDH), l’association Adala, le Forum marocain des jeunes journalistes (FMJJ) ainsi que l’Instance nationale de la jeunesse et de la démocratie (INJD), qui regroupe 16 jeunesses des partis politiques marocains.