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Réformes des retraites en France : Les Français occupent la rue…

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Les syndicats ont donné jeudi 19 janvier le coup d'envoi d'une mobilisation qu'ils veulent assez « puissante » pour faire reculer le gouvernement sur sa réforme phare des retraites. De Nantes à Marseille, les manifestants ont battu le pavé dans la matinée, avant que le cortège parisien ne s'ébranle à 14 heures pour dire « non » au recul de l'âge légal de départ à 64 ans.
Réformes des retraites en France

Les premiers chiffres remontés par les préfectures attestaient d’une mobilisation importante : au moins 36 000 personnes à Toulouse, 25 000 à Nantes, 23 000 à Lyon, 19 000 à Clermont-Ferrand ou encore 15 000 à Montpellier. Les pointages de la police ou des préfectures étaient particulièrement significatifs dans des villes moyennes, à l’image de Pau (13 600 manifestants), Angoulême (9 000) et Châteauroux (8 000).

Puis le syndicat CGT a communiqué ses chiffres : quelque 400 000 manifestants jeudi après-midi à Paris contre la réforme des retraites, et au niveau national, « plus de deux millions » de personnes, selon Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT.

Avant que la police ne délivre les siens : environ 1,12 million de personnes ont, selon le ministère de l’Intérieur, défilé jeudi en France contre la réforme des retraites, dont 80 000 à Paris. Les niveaux sont donc largement supérieurs à ceux du 5 décembre 2019 : au démarrage de la contestation contre le précédent projet de réforme des retraites, la police avait compté 806 000 manifestants en France, la CGT 1,5 million.

Dans le carré de tête de la manifestation à Paris, P. Martinez a évoqué une mobilisation « réussie ». « On est clairement sur une forte mobilisation, au-delà ce qu’on pensait », a par ailleurs abondé Laurent Berger, leader de la CFDT.

À Marseille – où ils étaient 26 000 –, au milieu d’une foule compacte, Jean-Luc Mélenchon, chef de file du parti La France insoumise, a estimé que « le gouvernement a perdu sa première bataille, celle d’avoir convaincu les gens de la nécessité de sa réforme ».

Plus de 200 points de rassemblement étaient prévus en France et pour encadrer les rassemblements, plus de 10 000 policiers et gendarmes étaient à pied d’œuvre, dont 3 500 à Paris. Des heurts ont éclaté dans l’après-midi dans la capitale entre forces de l’ordre et manifestants avec jets de projectiles et usage de gaz lacrymogènes, a constaté un journaliste de l’AFP. À l’avant du cortège, des membres de groupuscules radicalisés et violents, des black bloc, ont jeté des poubelles, des bouteilles et des fumigènes. Quelques heurts signalés aussi à Lyon ou Rennes.

Selon la préfecture de police, vingt interpellations ont été opérées lors de la manifestation de Paris. Les heurts se sont déroulés alors que les délégations syndicales se trouvaient loin derrière.

Les Français qui n’ont pas recours au télétravail, qui s’est fortement développé depuis le Covid-19, ont dû composer avec des transports en commun au compte-gouttes. A la SNCF, qui affichait un taux de grévistes de 46,3%, la circulation était « très fortement perturbée » : un TGV sur trois circulait, voire un sur cinq selon les lignes, et à peine un TER sur dix en moyenne. Le métro parisien était également « très perturbé ».

Il n’y avait aucun trafic au port de Calais, premier de France pour les voyageurs, en raison d’une grève des officiers de port. Raffineries et dépôts pétroliers étaient aussi appelés à cesser leurs activités.

Près de trois fonctionnaires sur dix – soit 28% – étaient en grève jeudi en milieu de journée dans la fonction publique d’État, qui compte 2,5 millions d’agents, selon des chiffres communiqués par le ministère de la Fonction publique. Dans la fonction publique territoriale (près de deux millions d’agents), le taux de grévistes s’élèvait à 11,3% et dans la fonction publique hospitalière (1,2 million d’agents), il a atteint 9,9%.

À l’Éducation nationale, bastion syndical dans la fonction publique, le ministère a annoncé jeudi matin un taux d’enseignants grévistes de 42,35% dans le primaire et de 34,66% dans le secondaire. Et une poignée d’établissements ont été l’objet de blocus à Paris, Rennes et Toulouse. Pour Frédéric Souillot, leader du syndicat Force ouvrière, « on est partis pour un conflit dur », « il faut bloquer l’économie ». Une réponse à Emmanuel Macron, qui a jugé mercredi qu’il fallait « faire le distinguo entre les syndicats qui appellent à manifester dans un cadre traditionnel et ceux qui sont dans une démarche délibérée de bloquer le pays ».

Bien que leurs modes d’action divergent, les huit principaux syndicats présentent un front uni inédit depuis douze ans. Les partis de gauche sont également vent debout. Cette première journée avait valeur de test pour l’exécutif comme pour les syndicats, qui devaient se retrouver en fin de journée pour décider d’une nouvelle date. Selon la chaîne de télévision BFM, citant la CFDT, les syndicats prévoient une seconde journée de mobilisation nationale le 31 janvier. La CGT du pétrole voulait se remettre en grève le 26, pour 48 heures, et le 6 février pour 72 heures. La CGT Mines-Énergie a, elle aussi, annoncé une grève reconductible.

« Il est bon et légitime que toutes les opinions puissent s’exprimer », a déclaré ce jeudi le président français, en marge d’un sommet à Barcelone, en Espagne, sortant de sa réserve observée sur les retraites depuis la présentation du texte, le 10 janvier. E. Macron dit espérer que les manifestations en France se déroulent « sans débordements », tout en défendant son projet, qui a, à ses yeux, été déjà « démocratiquement validé » lors des élections présidentielles, puis législatives.

 

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