Avant de rendre l’information publique, les États-Unis ont prévenu une dizaine de pays alliés, ceux dont le territoire a potentiellement été survolé par cette flotte de ballons espions chinois, comme celui repéré la semaine dernière au-dessus du Montana et abattu en mer ce week-end par un chasseur américain. « Les États-Unis n’étaient pas la seule cible », assure A. Blinken. Ce vaste programme a violé la souveraineté de plusieurs pays et sur les cinq continents, révèle le secrétaire d’État, en conférence de presse, après sa rencontre avec le secrétaire général de l’Otan à Austin, au Texas.
De son côté, Jens Stoltenberg fait part de l’inquiétude des pays de l’Alliance atlantique face à une augmentation des activités d’espionnage de la Chine constatée en Europe, que ce soit par satellite ou sur internet.
Et au même moment à Washington, le Pentagone confirmait que l’incident du ballon espion n’était pas un coup d’essai. Ces dernières années, au moins quatre dirigeables chinois ont été détectés au-dessus de sites militaires sensibles aux États-Unis.
Des déclarations faites au lendemain du discours sur l’état de l’Union dans lequel Joe Biden affirmait que les États-Unis ne recherchent pas le conflit, mais ne se laisseront pas intimider par Pékin.
La Chine a réagi en assurant qu’elle défendrait « avec fermeté » ses intérêts, tout en exhortant les Etats-Unis à ne pas uniquement percevoir les relations bilatérales comme conflictuelles, après le discours sur l’état de l’Union du président américain. J. Biden s’exprimait lors de son traditionnel discours « sur l’état de l’Union ». Une intervention très attendue après l’épisode du ballon chinois qui a survolé le territoire américain avant d’être abattu le week-end dernier. L’Amérique « agira » si Pékin « menace sa souveraineté », a mis en garde J. Biden. « Gagner la compétition avec la Chine devrait nous unir tous », a-t-il assuré devant le Congrès américain, se disant cependant déterminé « à travailler avec la Chine là où cela peut servir les intérêts américains et être bénéfique au monde entier ».
Interrogée sur ces propos, la diplomatie chinoise s’est montrée à la fois ferme et ouverte au dialogue. « Nous défendrons avec fermeté la souveraineté, la sécurité et les intérêts de développement de la Chine » mais « nous appelons Washington à travailler avec nous pour ramener les relations bilatérales sur la voie d’un développement sain et stable », a déclaré devant la presse Mao Ning, porte-parole de la diplomatie chinoise. « Les Etats-Unis devraient percevoir la Chine de manière objective et rationnelle, mener envers elle une politique positive et pragmatique et travailler avec elle pour ramener les relations bilatérales sur la voie d’un développement sain et stable », a-t-elle ajouté.
Les relations bilatérales se sont encore détériorées en 2022 à propos de Taïwan, des droits de l’Homme dans la région chinoise du Xinjiang ou encore des restrictions américaines sur les exportations de semi-conducteurs qui visent à freiner le développement chinois dans ce domaine. « La Chine ne cherche pas à éviter la compétition avec les Etats-Unis et elle ne la craint pas, mais nous sommes opposés à ce que l’ensemble de la relation sino-américaine soit définie par cette seule notion de compétition », a souligné M. Ning. « Calomnier un pays au nom de la compétition, restreindre les légitimes droits de développement des autres pays, ou encore nuire aux chaînes industrielles et aux chaînes d’approvisionnement mondiales, tout cela, ce ne sont pas des comportements dignes d’un grand pays responsable », a-t-elle plaidé.
L’armée américaine a abattu le 4 février, au large des côtes de Caroline du Sud, un ballon chinois considéré par le Pentagone comme un engin espion, destiné à récolter des informations sensibles. Pékin a soutenu de son côté qu’il s’agissait d’un aérostat civil, principalement destiné à recueillir des données météorologiques.