« Nous voyons l’Union européenne abuser ouvertement de ses relations avec l’Arménie, avec l’Azerbaïdjan, notamment en imposant ce qu’elle appelle sa mission sur le territoire arménien », a déclaré Sergueï Lavrov lors d’une conférence de presse animée mercredi, à Bakou, avec Djeyhoun Baïramov, son homologue azerbaïdjanais. « Cette mission est discutable du point de vue de sa légitimité et suscite beaucoup de questions en ce qui concerne ses fonctions, son mandat, sa durée, et au sujet de la valeur ajoutée que cette mission peut apporter aux efforts pour normaliser les relations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie », a-t-il ajouté.
L’Union européenne a annoncé, la semaine dernière, avoir déployé pour deux ans une mission d’observation civile, forte d’une centaine de membres, du côté arménien de la frontière avec l’Azerbaïdjan, à la demande d’Erevan. Pour sa part, D. Baïramov a affirmé que « la position de l’Arménie aux pourparlers de normalisation avec Bakou » était devenue « plus destructrice après la mise en place de la mission de l’UE ».
Les autorités arméniennes ont récemment accusé Bakou de vouloir procéder à un « nettoyage ethnique » dans la région du Haut-Karabagh, enclave à majorité arménienne ayant fait sécession de l’Azerbaïdjan, en forçant les Arméniens qui y vivent à quitter ce territoire. En tout état de cause, le Haut-Karabagh est confronté depuis la mi-décembre au blocage – par des militants azerbaïdjanais se présentant comme des défenseurs de l’environnement opposés à des mines illégales – d’un axe vital pour son approvisionnement.
Ce 28 février, à ce sujet précisément, Paris a pressé l’Azerbaïdjan de « respecter le droit international » et de permettre le rétablissement de la « libre circulation » sur cet axe routier reliant l’Arménie au Haut-Karabagh. « Le blocage du corridor est inacceptable, en raison des conséquences humanitaires graves pour la population du Karabagh mais aussi parce qu’il contribue à alimenter les tensions et amenuiser les chances d’un accord de paix » entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, a ainsi déclaré Catherine Colonna, ministre française des Affaires étrangères.
L’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont affrontés au début des années 1990 au moment de la dislocation de l’URSS pour le contrôle du Haut-Karabagh. Ce premier conflit, qui a fait 30 000 morts selon l’AFP, s’est soldé par une victoire arménienne. Cependant l’Azerbaïdjan a pris sa revanche à l’automne 2020 à l’occasion d’une deuxième guerre qui a fait 6 500 morts, d’après l’agence de presse française, et lui a permis de reprendre de nombreux territoires.