« En vertu d’un accord de coopération, nous autorisons BAC à utiliser notre marque pour la vente de produits dans certaines régions, mais la conception et la fabrication des produits sont de l’unique responsabilité de BAC », a indiqué dans un communiqué Gold Apollo.
Le groupe taïwanais a démenti des informations du New York Times, selon lesquelles il avait lui-même fabriqué et vendu au Hezbollah les bipeurs, du modèle AR924. « Notre entreprise n’apporte que l’autorisation d’utiliser la marque et n’est pas impliquée dans la conception et la fabrication » de ce bipeur, a-t-il insisté. « Ce ne sont pas nos produits (…) Ce ne sont pas nos produits du début à la fin », avait affirmé plus tôt mercredi le directeur de l’entreprise, Hsu Ching-kuang, à des journalistes à Taipei.
Citant des responsables américains et d’autres nationalités, le New York Times a affirmé que les services secrets israéliens seraient parvenus à intercepter les bipeurs avant leur arrivée au Liban et de cacher de petites quantités d’explosifs et un détonateur à côté de la batterie. Toujours selon le New York Times, un message apparaissant comme venant de la direction du Hezbollah a fait biper l’appareil mardi pendant plusieurs secondes avant de déclencher l’explosif.
Le Hezbollah a promis un châtiment dur à Israël qui ne tardera pas à venir.
Dans ce contexte, le journal israélien Yediot Aharonot a écrit: « Que pouvons-nous attendre du Hezbollah maintenant ? Peut-on imaginer qu’après l’explosion de milliers d’appareils, l’organisation décidera de déposer les armes ? Ceux qui ont été légèrement blessés se rétabliront et reprendront leur travail, et nous reviendrons à la case départ ».
Beaucoup d’informations circulent dans les médias internationaux sur les bipeurs Pagers dont l’explosion simultanée mardi 17 septembre a tué 11 personnes et blessé entre 2.750 et 2.800 personnes au Liban, selon un nouveau bilan encore récent du ministère de la Santé. Jusqu’à présent, aucune partie officielle n’a encore livré la version officielle sur l’attaque. Ni les parties libanaises, ni israéliennes, ni le Hezbollah. Mais l’hypothèse des appareils piégés s’impose.
L’article le plus déroutant est sans doute celui du Monitor, site américain. Alors que la majeure partie des médias cherchaient à savoir ce qui s’était passé, il a été le seul à s’arrêter sur le timing de l’attaque, avançant qu’elle est prématurée. Citant « des sources régionales des renseignements haut-placées », sans préciser leur nationalité, il est surtout le premier à avoir laissé supposer que l’attaque israélienne n’était pas initialement prévue pour ce jour-là. Il rapporte que les renseignements israéliens envisageaient d’actionner les appareils piégés en tant que « frappe surprise pendant une guerre globale pour réaliser une supériorité stratégique » a-t-il avancé.
Le Monitor rapporte aussi qu’Israël a découvert que deux membres du Hezbollah ont commencé à douter que ces appareils présentaient des signes suspects et l’un d’entre eux aurait informé ses chefs de ses doutes.
A ce stade selon « les sources régionales des renseignements » du Monitor, Israël avait trois choix : lancer une guerre contre le Hezbollah et faire exploser en même temps ces appareils conformément au plan initial, ignorer l’affaire et prendre le risque que l’infiltration a été découverte, ou les faire exploser sur le champ en causant le plus de dommages possibles. Ce dernier aurait été sélectionné.
Le portail israélien Walla a vite relayé cette version des faits, sachant que les informations de ce dernier devraient provenir de sources israéliennes. De quoi se poser la question de savoir pourquoi c’est un média américain qui a été choisi pour véhiculer leur version des faits, sans vouloir passer pour la source originelle. Cette version confirme des thèses en termes de postulats : celui selon lequel les appareils ont été piégés et que l’attaque israélienne est intervenue en dehors de son timing prévu.
Euro News a demandé l’avis d’Edouard Snowden, ex-agent d’intelligence américain et lanceur d’alerte, qui a écarté la thèse que l’origine est une cyberattaque et privilégié celle de la charge explosive plantée dans les bipeurs. Et ce en raison « des blessures stables et dangereuses ». Dans le premier cas, « il y aurait eu des incendies et non des explosions ».
Le Washington post a quant à lui mis de l’avant l’avis d’un centre de recherche de sécurité selon lequel ce qui s’est passé a été « la plus importante opération de substitution des appareils de communication importés avec une charge explosive». CNN a pour sa part bâti son récit des faits en citant une source sécuritaire libanaise qui lui a confié que les appareils Pager étaient nouveaux et le Hezbollah se les avaient procurés ces derniers mois.
Le New York Times avance qu’Israël a manipulé les appareils avant qu’ils ne soient envoyés au Liban en plantant une petite quantité d’explosifs à l’intérieur de chacun d’entre eux. Des experts ont argué que son poids ne dépasse pas les 20 grammes qui auraient été plantés à côté de sa batterie et qu’il y avait un code à travers lequel il pouvait être actionné à distance. Les appareils auraient aussi été programmés pour émettre des sons de plusieurs secondes avant l’explosion. Des experts en sécurité cybernétique qui ont visionné les images des attaques ont estimé pour le quotidien américain que « la puissance et la vitesse des explosions sont dues à certains produits explosifs ».
Sur la question des charges explosives présumées, la chaine qatarie al-Jazeera citant une source sécuritaire libanaise, indique que leur poids ne devrait pas dépasser les 20 grammes. Une autre source lui a révélé que le produit explosif ajouté au Pager pourrait être le Royal Destruction Explosives (RDX), également appelé Hexogen. Ils sont connus pour leur bonne stabilité et leur puissance de sortie élevée, ce qui les rend adaptés à une variété d’applications militaires et industrielles. Sky News Arabia, citant des sources exclusives, indique que l’agence d’espionnage « a placé une quantité de tétranitrate de pentaérythritol (PETN), un matériau hautement explosif, dans les batteries des appareils, qui ont explosé en augmentant la température des batteries ».
A noter que les parties concernées ne sont pas toutes persuadées de l’hypothèse que ces appareils aient été piégés. La société Lopek international security a avancé que « la cause de l’explosion pourrait être des logiciels malveillants » et le déclencheur de l’explosion aurait été « la surchauffe rapide des batteries ». Elle a aussi évoqué l’autre éventualité d’une « charge explosive actionnable à distance ».