A l’issue de ce conseil, le ministre est intervenu lors du point de presse hebdomadaire du porte-parole du gouvernement, en indiquant que ce projet de loi émanait d’« une démarche novatrice et inédite pour structurer le métier, afin qu’il soit outillé pour organiser lui-même ses élections professionnelles ».
Dans son argumentaire, il a en effet évoqué l’article 54 de la loi 90.13 portant création du Conseil national de la presse (CNP), soulignant qu’il comportait « des manquements » ne permettant pas la tenue d’élections, qui doivent être supervisées notamment par l’instance la plus représentative du secteur. Par ailleurs, il a appelé à « un débat serein sur cette question, où la critique est possible mais en étant dans l’efficacité pour structurer le champ professionnel, au-delà de la personnification d’une question qui doit être liée à une dynamique institutionnelle et pas aux individus ».
« Ce projet de loi intervient après l’échec de la tenue d’élections du Conseil national de la presse, malgré la prorogation de son mandat de manière exceptionnelle » conformément au décret-loi 2.22.770 du 6 octobre 2022, portant dispositions particulières au CNP, a souligné le ministre. Ainsi, « ce projet de loi prévoit la création d’une commission provisoire en remplacement des organes du Conseil national de la presse et son mandat est fixé à deux ans, à compter de la date de nomination de ses membres, à moins que de nouveaux membres ne soient élus pendant cette période ».
L’approbation du projet de loi en conseil de gouvernement intervient au lendemain de vives réactions de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ) et de la Fédération nationale de la presse, des médias et de la communication, affiliée à l’Union marocaine du travail (UMT). Dans un communiqué conjoint, les deux instances ont fustigé une « tentative de saper une institution d’autorégulation », tout en appelant le Chef du gouvernement à « geler ce projet de loi, revenir aux organisations professionnelles, se référer à la Constitution et à la loi ».
Le Club de la presse au Maroc a lui aussi exprimé ses vives critiques au sujet de l’approbation du projet de loi en conseil de gouvernement. Dans un communiqué, Raouf Sebbahi, son président, a appelé « l’ensemble des professionnels du secteur à défendre leurs acquis » relatifs à la structuration du secteur. Dans ce registre, il a appelé à l’« adhésion aux différentes démarches de mobilisation qui seront menées dans les jours à venir ».
M. M. Bensaid a signalé jeudi que la convention récemment actée à l’issue d’une réunion avec le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) et une association professionnelle « pourrait ouvrir la voie », selon ses mots, à une éventuelle révision des conditions d’éligibilité à l’aide de l’Etat à la presse, de manière à ce que la signature de cette nouvelle convention soit exigée aux entreprises demandeuses du soutien.