#Libération_Palestine

Logo Perspectives med
Previous slide
Next slide

L’Espagne éclaboussée par le scandale Pegasus : La piste marocaine évoquée par des médias

Previous slide
Next slide
Le gouvernement espagnol a indiqué, le 2 mai, que les téléphones de service de Pedro Sanchez, patron de l’Exécutif, et de Margarita Robles, ministre de la Défense, ont été cannibalisés par le logiciel espion Pegasus, développé par la société israélienne NSO Group. Les médias locaux n’ont pas hésité à jeter la responsabilité de cette affaire d’espionnage sur le Maroc.

Les téléphones portables du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et de sa ministre de la Défense Margarita Robles ont fait l’objet d’écoutes «illégales» et «externes», au moyen du logiciel israélien Pegasus, a affirmé le 2 mai le gouvernement espagnol.

«Il ne s’agit pas de suppositions», a déclaré lors d’une conférence de presse convoquée d’urgence par Félix Bolanos, ministre de la Présidence, qui a parlé de faits d’une «énorme gravité» qui s’étaient produits en 2021. «Nous avons la certitude absolue qu’il s’agit d’une attaque externe […] parce qu’en Espagne, dans une démocratie comme la nôtre, toutes les interventions sont effectuées par des organismes officiels et avec une autorisation judiciaire», a-t-il affirmé. «Dans le cas présent, aucune de ces deux circonstances ne s’est produite», a poursuivi F. Bolanos. «C’est pourquoi […] nous n’avons pas le moindre doute qu’il s’agit d’une intervention externe». «Quand nous parlons d’intrusion externe, ce que nous voulons dire est qu’elle n’est pas le fait d’organismes d’Etat et qu’elle n’a pas été autorisée par la justice», a expliqué le ministre. Il n’a pas précisé si les autorités espagnoles avaient une piste sur l’origine de cette intervention, et notamment si elle émanait d’un pays étranger. F. Bolanos a indiqué qu’il y avait eu «deux intrusions» dans le portable de P. Sanchez en mai 2021 et une dans celui de M. Robles en juin 2021. Dans les deux cas, les interventions ont permis d’extraire «un volume déterminé de données des deux téléphones mobiles», a-t-ajouté. «Il n’y a pas de preuves qu’il y ait eu d’autre intrusions après ces dates», a-t-il poursuivi.

Les médias espagnols n’ont pas hésité à mettre à l’index les services marocains. Accusations qu’Isabel Rodríguez, porte-parole de l’exécutif, a rejetées mardi, lors d’un point de presse. Des journalistes ont poussé le bouchon plus loin en incitant le gouvernement à réviser son appui au plan d’autonomie au Sahara occidental, si les investigations prouvent l’implication de Rabat dans cette opération d’espionnage.

«N’anticipons pas les conséquences possibles de ce qui pourrait arriver si nous découvrons qui est derrière cela, si jamais nous le découvrons», a-t-elle expliqué. Le gouvernement privilégie, pour l’heure, la piste d’une «faille dans la sécurité» qui aurait permis à des hackers d’espionner les téléphones de P. Sanchez et de M. Robles. Une défaillance imputable aux services de renseignements, chargés de protéger les communications des ministres de toute cyberattaque.

Mais tel ne semble pas être l’avis de la communauté de renseignements ibériques. Ainsi, le Centre national d’intelligence (CNI) ne valide pas la thèse de la dafaillance. «Tous les protocoles ont été respectés», répliquent sous couvert d’anonymat des sources au Centre espagnol. Pour appuyer leurs dires, les mêmes sources rappellent qu’un rapport «très sérieux», publié l’été dernier, a fait état de «l’usage massif» par le Maroc du logiciel espion Pagasus. Une allusion aux conclusions  de l’enquête d’Amnesty International et Forbidden Stories.

 OK Diario rappelle que le CNI avait découvert en mai 2021 «un réseau d’espions marocains déployés dans la région de La Rioja», où le chef du Polisario était hospitalisé.  Félix Bolaños García, ministre de la Présidence, a précisé, lundi, que le téléphone de Sanchez a été victime d’attaque, en mai 2021. Une période marquée par la grave crise avec le Maroc, suite à l’accueil de Brahim Ghali.

Pour l’heure, la piste marocaine ne semble pas assez chaude pour que la levée de boucliers soit unanime au sein de la classe politique espagnole. Santiago Abascal, leader de Vox a évité d’en faire grand cas.  Ablerto Feijóo, à la tête du

Parti Populaire, reste aussi assez prudent. «Nous avons été négativement surpris d’apprendre aujourd’hui qu’en 2021, le téléphone du président et de la ministre de la Défense avaient été espionné», a-t-il souligné tout en relevant que les annonces de l’exécutif interviennent en plein débat avec les indépendantistes catalans, qui accusent le CNI d’avoir espionné une cinquantaine de personnalités politiques catalans par le même logiciel Pegasus.

Conçu par l’entreprise israélienne NSO, Pegasus permet, une fois installé sur un portable, d’accéder aux messageries, aux données ou d’activer l’appareil à distance à des fins de captation de son ou d’image. NSO a toujours affirmé que Pegasus ne pouvait être vendu qu’à des Etats et que ces ventes devaient obtenir le feu vert préalable des autorités israéliennes. Selon Amnesty International, ce logiciel pourrait avoir été utilisé pour pirater jusqu’à 50 000 portables dans le monde. Ces révélations surviennent alors que l’Espagne est en proie à une crise entre le gouvernement central de Pedro Sánchez, un socialiste, et les milieux indépendantistes de Catalogne (nord-est de l’Espagne), qui accusent le Centre national du Renseignement (CNI, les service espagnols de renseignement) d’espionnage. L’affaire a éclaté le 18 avril, lorsque Citizen Lab, un projet sur la cybersécurité de l’Université canadienne de Toronto, a rendu public un rapport identifiant 65 personnes de la mouvance indépendantiste (pour la plupart des Catalans) dont les portables auraient été piratés entre 2017 et 2020 par le logiciel israélien.

Recommandé pour vous