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Les narcotrafiquants en action en Equateur : Le Président décrète l’état d’urgence

Daniel Noboa, président de l'Équateur, a déclaré mardi son pays en état de « conflit armé interne » et ordonné la « neutralisation » des groupes criminels impliqués dans le narcotrafic. Cette décision intervient au troisième jour d'une crise sécuritaire inédite, qui a déjà fait au moins dix morts dans le pays, selon un premier bilan.
Les narcotrafiquants en action en Equateur : Le Président décrète l’état d’urgence

Dans un décret signé le 9 janvier, le président équatorien a reconnu « l’existence d’un conflit armé interne » et ordonné « la mobilisation et l’intervention des forces armées et de la police nationale […] pour garantir la souveraineté et l’intégrité nationale contre le crime organisé, les organisations terroristes et les belligérants non étatiques ».

Après avoir décrété l’état d’urgence le 8 janvier, D. Noboa, 36 ans, plus jeune président de l’histoire du pays, a ordonné cette fois la « neutralisation » de tous ces groupes criminels, dont il a fourni une liste exhaustive, tout en soulignant la nécessité pour les forces armées d’agir « dans le respect des droits de l’homme ». Ces bandes criminelles, pour la plupart de simples gangs de rues il y a encore quelques années, sont devenus les acteurs sanglants d’un narcotrafic aux ramifications internationales, à mesure que l’Équateur s’est imposé comme le principal point d’exportation de la cocaïne produite au Pérou et en Colombie voisines.

Autrefois un havre de paix, le pays est aujourd’hui ravagé par la violence de ces gangs. Adolfo Macias, alias « Fito », ennemi public numéro 1 et chef des Choneros (l’un de ces gangs comptant environ 8 000 hommes, selon les experts), s’est volatilisé le 7 janvier de la prison de Guayaquil (sud-ouest). Le 9 janvier, un des chefs de Los Lobos, autre puissant gang de narcotrafiquants, s’est lui aussi évadé.

Le Pérou voisin a par ailleurs annoncé le 9 janvier au soir avoir déclenché l’état d’urgence dans l’ensemble des régions frontalières de l’Équateur, longue de plus de 1 400 kilomètres. Le pays va renforcer la surveillance en envoyant des effectifs policiers et militaires supplémentaires.

Le Brésil, le Chili, la Colombie et le Pérou ont exprimé leur soutien à l’Équateur, exprimant leur rejet de la violence. La Russie a condamné les méthodes terroristes utilisées par les groupes armés, et présenté ses condoléances aux familles des victimes. De son côté, la Chine a interrompu mercredi les activités consulaires de son ambassade en Équateur ainsi que celles de son consulat.

Dernier et spectaculaire épisode, des hommes armés ont fait irruption le 9 janvier dans l’après-midi sur le plateau d’une télévision publique à Guayaquil, prenant brièvement en otage des journalistes et des employés de la chaîne.
Au milieu des coups de feu, la diffusion de ces images surréalistes s’est poursuivie en direct pendant de longues minutes. Jusqu’à, apparemment, l’intervention des forces de l’ordre. Personne n’a semble-t-il été tué ou blessé dans le raid et 13 assaillants ont été interpellés, a indiqué la police.

« Ce sont des jours extrêmement difficiles », a reconnu Roberto Izurieta, secrétaire à la communication de la présidence, l’exécutif ayant pris « la décision importante de lutter de front contre ces menaces terroristes ». L’évasion de «Fito» a été suivie de plusieurs mutineries et prises en otage de gardiens dans diverses prisons, le tout relayé par d’effrayantes vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrant les captifs menacés par les couteaux de détenus masqués. Le 9 janvier, de nouvelles vidéos sont apparues, montrant cette fois l’exécution d’au moins deux gardiens, par arme à feu et pendaison. Dans un communiqué, l’administration pénitentiaire (SNAI) a fait état de 139 membres de son personnel actuellement toujours retenus en otage dans cinq prisons du pays. Le SNAI n’a pas commenté les vidéos d’exécution.

 L’état d’urgence décrété le 8 janvier par le président, élu en novembre sur la promesse de rétablir la sécurité, s’étend à tout le territoire et pendant 60 jours. L’armée est ainsi autorisée à assurer le maintien de l’ordre dans les rues (avec un couvre-feu nocturne) et les prisons. Il reste manifestement sans grand effet jusqu’à présent : de très nombreux incidents, dont l’enlèvement de sept policiers, ont également été signalés un peu partout dans le pays.

Dans la ville portuaire de Guayaquil, où les groupes criminels sont tout-puissants, le chef de la police a indiqué que les violences avaient fait huit morts et trois blessés. Deux policiers ont également été « vicieusement assassinés par des criminels armés » dans la ville de Nobol, près de Guayaquil.

Les images diffusées sur les réseaux sociaux, difficiles à vérifier, donnent une idée de ces violences et alimentent l’impression d’un chaos qui s’installe progressivement dans certaines localités du pays : attaques au cocktail Molotov, voitures incendiées, tirs au hasard sur des policiers, scènes de panique…

Dans le grand port de Guayaquil, plongé dans la psychose, de nombreux établissements hôteliers et restaurants ont fermé, tandis que des véhicules de l’armée patrouillent dans les rues, a-t-on constaté.

Dans la capitale Quito, gagnée par la peur, magasins et centres commerciaux fermaient également prématurément. Dans la soirée, le ministère de l’Éducation a ordonné la fermeture provisoire de toutes les écoles du pays. Les forces de sécurité ont de leur côté diffusé des images fortes de leurs interventions dans divers pénitenciers, montrant des centaines de détenus en sous-vêtements, mains sur la tête et allongés sans ménagement sur le sol.

Brian Nichols, chef de la diplomatie américaine pour l’Amérique latine, a déclaré que les États-Unis étaient « extrêmement préoccupés par la violence » et restaient « en contact étroit avec le président Noboa et le gouvernement équatorien », se disant « prêts à fournir de l’assistance ».

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