Selon l’ex-chef du Mossad Dany Yatom, « Israël échouera dans la réalisation de ses objectifs de la guerre à Gaza » estimant que « la situation restera telle quelle dans la bande de Gaza ». Il avait averti que « le temps presse » pour les captifs israéliens auprès de la résistance à Gaza
D. Yatom assure que « même si Israël reste encore plusieurs mois dans la bande de Gaza, même s’il travaille sur le sol et dans les sous-sols il ne réussira pas à tuer tous les combattants du Hamas ni même la plupart d’entre eux ». Avant de conclure sur un ton pessimiste qu’« Israël ne pourra pas détruire toute l’infrastructure de la résistance dans la bande ni même la plupart de cette infrastructure ».
Gadi Eisenkot, ministre au sein du cabinet de guerre, a dit s’attendre à ce que « les combats dans la bande de Gaza se poursuivent encore des années » assurant que « le Hamas renouvelle sa puissance. » Lors d’une séance de débat lundi au sein de la commission parlementaire des Affaires étrangères et de la Défense, il a déclaré que « même si les batailles s’arrêtent comme cela s’est passé le mois de novembre dernier, pour une trêve, même si elles se poursuivent pour une durée plus longue, ceci ne veut pas dire que le combat va s’arrêter », a rapporté le quotidien israélien Yediot Ahronoth. Selon lui, « il est nécessaire d’aller de l’avant à Rafah en suivant un plan préconçu, pour parvenir à ligne de la fin et faire la promotion d’un accord pour les otages en position de force ». « Il n’y a pas d’équation en vue de libérer les détenus en échange de mettre fin à la guerre », a-t-il affirmé soulignant que « le fait de résoudre l’affaire des otages est une nécessité stratégique pour organiser les scènes ».
« Le moral baisse en Israël avec l’effondrement des pourparlers sur la libération des détenus », remarque pour sa part le quotidien britannique The Guardian. Evoquant dans son édition de lundi « la polarisation aigue au sein de la société israélienne, déjà scindée sur des bases ethnique, religieuse et politique », le journal suppose que « l’armée se doit d’être le creuset apolitique qui soude les Israéliens ». Sauf qu’avec « l’entrée de la guerre dans son 9eme mois, l’unité qui s’est manifestée le 7 octobre se désintègre », constate-t-il.« Plus la durée de la guerre s’allonge, sans l’existence d’un plan tangible pour ‘le jour suivant’, plus le moral tombe », a-t-il estimé, ajoutant que « les pourparlers pour libérer les otages se sont effondrés plusieurs fois pendant que le Hamas et le Hezbollah empoisonnent le vécu quotidien avec leurs attaques de roquettes ».
A cet égard, les chiffres qui illustrent ce pessimisme au sein de la population israélienne sont alarmants. Alors qu’un sondage réalisé en octobre 2023 avait rendu compte que 70% des Israéliens croient que le pays devrait combattre jusqu’à l’éradication du Hamas, un récent sondage réalisé par l’Institut Medgam rapporte que 62% d’entre eux croient désormais qu’une victoire totale contre le Hamas est impossible.
Face à cette situation où la menace pèse davantage sur la sécurité en Israël, de plus en plus d’Israéliens œuvrent pour obtenir la nationalité allemande. Selon l’Organisme de Radiodiffusion Publique israélienne, il y a une hausse sans précédent de demande de « naturalisation compensatoire » de la part de ceux qui sont d’origine germanique. Le réseau allemand Deushtland, citant le Bureau fédéral des affaires administratives, a révélé que 6.869 Israéliens ont fait une requête pour la nationalité allemande entre janvier et avril 2024. En 2023, elles étaient du nombre de 9.129, un peu moins du double de celles de 2022 où elles ont atteint les 5.670.
Selon les médias israéliens, quelques 230.000 Israéliens ont déjà quitté Israël depuis le début du Déluge d’al-Aqsa. Avant le 7 octobre, c’est le Portugal qui semble avoir été la destination de certains Israéliens, au moment où l’entité sioniste était traversée depuis plusieurs mois par un mouvement de contestation sans précédent, sur fond de divergences sur les réformes judiciaires que le gouvernement de Netanyahu voulait imposer. Les médias israéliens avaient rapporté que les autorités portugaises ont assuré que les Israéliens, plus que tout autre groupe, étaient les tout premiers demandeurs de la nationalité portugaise. En 2022, 20.975 l’avaient demandée, au titre de la loi de 2015 concernant les descendants de Juifs expulsés pendant l’Inquisition. Selon le site israélien The Times of Israel, sur les 60 000 Israéliens disposant de la nationalité portugaise en 2022, seuls 569 y vivaient. Certaines semblent avoir opté pour ce choix car « tentés par une sorte de plan B ».
Autre signe de cette désintégration, les colonies du nord s’insurgent contre le gouvernement israélien et l’armée. Eitan Davidi, président de la colonie Margaliot, a annoncé que les autorités de la colonie ont décidé de rompre leurs liens avec le gouvernement et d’en sortir les soldats israéliens. « La salle d’opérations militaires dans la colonie va être fermée et personne y compris pour les soldats et les officiers de l’armée qui ne pourront plus y entrer », a-t-il affirmé, selon les médias israéliens. Selon lui, « Margaliot n’a pas besoin de protection du Hezbollah mais du gouvernement israélien qui détruit la ville avec ses décisions ». « Elle a été endommagée en raison des décisions du gouvernement et du ministère de l’Agriculture d’une manière directe ce qui a causé des dommages plus graves que ceux des obus anti blindés du Hezbollah », a-t-il assuré.
La décision d’évacuer les colons des colonies frontalières avec le sud du Liban d’où des centaines d’opérations de la Résistance islamique sont réalisées contre les positions israéliennes depuis le 8 octobre « atteste de l’impuissance d’Israël pour des générations », a déploré le Yediot Ahronoth selon lequel cette situation est « honteuse ». Ce journal israélien parle déjà « du démantèlement de la société israélienne et de son sentiment général de perdition parmi ses individus ». Et de conclure que la réhabilitation des dommages infligés à l’économie israélienne et de ceux causés par l’écrasement de la dissuasion et l’effondrement de la confiance entre le gouvernement et les colons « prendra des années ».