« Israël doit immédiatement cesser ses hostilités », indique le Hamas qui semble disposé au dialogue. Selon Hamed Qusay, docteur en sciences politiques à l’Université Al Quds de Ramallah, le mouvement ne souhaite pas se laisser instrumentaliser par le Premier ministre israélien, dont les motivations guerrières « découlent de considérations politiques intérieures ». Autrement dit, il reprend la guerre pour donner des gages à ses ministres d’extrême droite.
La stratégie du Hamas serait également due à la destruction en grande partie de ses capacités militaires, ajoute ce spécialiste. « On ignore si le système de roquettes du Hamas est toujours fonctionnel. Les derniers tirs de roquettes du Hamas contre des villes israéliennes remontent à janvier 2024. Ce qui nous indique qu’ils ont des difficultés à faire fonctionner leur système de roquettes. » Face à cela, Israël pourrait en profiter pour intensifier la pression militaire contre le Hamas dans la bande de Gaza et ses deux millions d’habitants.
La reprise des attaques israéliennes est une « étape extrêmement dangereuse », selon Abdallah II de Jordanie dont le pays, pourtant frontalier, nourrit plus le commerce avec l’occupant qu’avec la victime de la guerre génocidaire menée par l’entité sioniste. En France, Emmanuel Macron a affirmé mercredi que la reprise des frappes israéliennes à Gaza constituait « un retour en arrière dramatique », et a prévenu qu’il n’y aurait « pas de solution militaire » possible dans le territoire palestinien. « Il faut que les hostilités cessent immédiatement et que les négociations reprennent de bonne foi sous les auspices américains », a dit le président français aux côtés du roi de Jordanie Abdallah II, reçu à l’Elysée. « Nous appelons de nos vœux une cessation permanente des hostilités et une libération de tous les otages » retenus par le Hamas dans la Bande de Gaza, a-t-il ajouté. En parallèle, des étudiants propalestiniens ont été évacués de Sciences Po Paris manu militari par les forces de l’ordre. Non loin de là, à Berlin, les frappes israéliennes « brisent les espoirs » de paix, signale le gouvernement allemand. Nul besoin de rappeler que ces deux pays européens continuent d’alimenter Israël d’armes utilisées dans son équipée meurtrière dans la région.
Médecins sans frontières (MSF) a condamné, mercredi, les attaques « impitoyables » d’Israël contre Gaza, appelant à rétablir le cessez-le-feu et à empêcher l’État hébreu de « reprendre sa campagne de destruction et le cauchemar de ses bombardements massifs. »
‘’Nous sommes horrifiés par les attaques lancées par Israël [dans la nuit de lundi à mardi] contre la population de Gaza, brisant le cessez-le-feu en place depuis près de deux mois’’, a souligné Claire Magone, directrice générale de l’ONG basée à Paris. « Notre personnel a été surpris par l’offensive en pleine nuit et s’est retrouvé une fois de plus à devoir faire face à un afflux massif de victimes, dont de nombreux enfants », a-t-elle ajouté. « Les équipes MSF ont dénombré 75 personnes déjà mortes à leur arrivée à l’hôpital, et des dizaines de blessés dans quatre des structures médicales que nous soutenons », a-t-elle déploré.
Israël a repris dans la nuit de lundi à mardi sa guerre génocidaire dans la bande de Gaza en y lançant des frappes d’une ampleur et d’une violence sans précédent depuis l’entrée en vigueur, le 19 janvier, du cessez-le-feu arraché par la médiation du Qatar avec l’aide des États-Unis et de l’Égypte. Ces bombardements ont fait plus de 400 morts et près de 600 blessés, selon le ministère de la santé de Gaza, ce qui a fait de mardi l’une des journées les plus meurtrières de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023.
C. Magone estime que « les autorités israéliennes ont une nouvelle fois choisi de punir collectivement la population de Gaza – avec l’approbation explicite de leur plus proche allié, les États-Unis – en frappant avec une intensité inégalée depuis les premières phases de la guerre ».
« Pendant plus de 15 mois, les habitants de Gaza ont été tués, mutilés, affamés et déplacés sans distinction », a dénoncé la directrice générale de MSF.
Elle a également exprimé ses craintes quant à une nouvelle phase d’opérations militaires à Gaza ne soit sur le point de commencer après les dernières attaques « impitoyables » menées par l’armée israélienne et les ordres d’évacuation. « Les Palestiniens de Gaza ne pourront tout simplement pas résister, ni physiquement ni mentalement. Leurs espoirs de retrouver au moins une partie de leur vie antérieure sont en train de s’effondrer », a-t-elle insisté.
MSF qui appelle à rétablir immédiatement le cessez-le-feu demande également « la levée du blocus et le rétablissement d’un accès illimité aux fournitures de base et à l’aide humanitaire. Les blessés et les patients nécessitant des soins médicaux urgents doivent être autorisés à se faire soigner en dehors de Gaza, à condition que leur droit à un retour en toute sécurité et dans la dignité soit garanti ».
Une responsable de l’ONU a assuré pour sa part que l’armée israélienne a tué le plus grand nombre d’enfants de Gaza en une seule journée depuis un an…