Une attaque israélienne contre un immeuble résidentiel de Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, a fait mardi au moins une cinquantaine de morts. La Défense civile dans la bande de Gaza a fait état de « plus de 55 » personnes tuées à Beit Lahia dans une frappe israélienne nocturne sur cette commune du nord du territoire palestinien. « Plus de 55 martyrs et des dizaines de blessés se trouvent sous les décombres d’un immeuble résidentiel de cinq étages appartenant à la famille Abounasr, qui a été bombardé par l’occupation israélienne cette nuit », a déclaré Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile. Il a précisé que l’immeuble se trouvait à Beit Lahia, où comme dans le reste du nord de la bande de Gaza, les secouristes disent ne plus pouvoir travailler. Une centaine de personnes, y compris des enfants, se trouvaient dans l’immeuble au moment des tirs. Certaines sont encore portées disparues, selon la chaîne Al-Jazeera. Au total, signalait-on, 121 martyrs ont marqué la journée dont 110 dans le nord de l’enclave dans les raids israéliens meurtriers…
A signaler que le Parlement israélien avait adopté la veille le texte de loi interdisant à l’agence humanitaire de l’ONU, l’Unrwa, d’opérer à l’intérieur du pays. Le texte voté à la majorité des 92 membres de la Knesset et 10 contre est définitif. De nombreux pays comme le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Irlande, la Norvège ou la Slovénie ont condamné le projet de loi. Antonio Guterres s’est dit « profondément préoccupé » par ces lois.
Rarement un texte a autant fait l’unanimité ces derniers mois à la Knesset en Israël, signale-t-on. Israël accuse l’UNRWA de « terrorisme » en lien avec le Hamas. La loi bannit l’agence de l’ONU dont le siège se trouve dans la ville d’Al-Qods.
L’Unrwa gère l’aide humanitaire, l’éducation et la santé à Gaza. Mais plus largement dans l’ensemble des territoires palestiniens de Cisjordanie occupée. Et même au-delà : Liban, Syrie et Jordanie. Si cette loi « est mise en œuvre, ce serait un désastre », affirme l’Unrwa en raison de l’impact sur les opérations humanitaires à Gaza principalement.
En présentant le texte lundi soir, Yuli Edelstein, député Likoud, parti politique du Premier ministre, a réitéré les accusations d’Israël à l’encontre de l’Unrwa. « Il existe un lien profond entre le Hamas et l’Unrwa. C’est inacceptable », a dénoncé l’élu. Une version répétée par l’ensemble des responsables israéliens. En début d’année, ces accusations ont même poussé les plus gros donateurs de l’agence à suspendre leurs contributions, l’État hébreu affirmant qu’une vingtaine des 13 000 employés de l’agence à Gaza avaient participé à l’attaque du 7 octobre 2023. Faute de preuves solides pour appuyer ces allégations, la plupart des donateurs ont depuis repris leur soutien. Mais l’ONU a tout de même annoncé le licenciement de neuf employés de l’Unrwa, qui « pourraient avoir été impliqués » dans les attaques du 7-Octobre. L’UNRWA a dénoncé lundi le vote « scandaleux » par le Parlement israélien d’une loi interdisant ses activités, malgré les objections des Etats-Unis et de l’ONU.
« Il est scandaleux qu’un pays membre des Nations unies cherche à démanteler une agence de l’ONU qui s’avère être le principal acteur des opérations humanitaires à Gaza » a déclaré à l’AFP Juliette Touma, porte-parole de l’agence. « Si elle est adoptée et mise en œuvre, c’est un désastre, notamment en raison de l’impact qu’elle aura probablement sur les opérations humanitaires à Gaza et dans plusieurs parties de la Cisjordanie », a-t-elle dit. « L’UNRWA est la plus grande organisation humanitaire à Gaza et la principale responsable de la réponse humanitaire, notamment en matière d’abris, de nourriture et de soins de santé de base », a ajouté la porte-parole.
L’Autorité palestinienne a rejeté le vote par le Parlement israélien d’une loi interdisant les activités de l’Agence de l’ONU. « Nous ne permettrons pas cela », a affirmé le porte-parole de la présidence de l’Autorité, Nabil Abou Roudeina, estimant que « le vote écrasant par la soi-disant Knesset est une indication de la transformation d’Israël en Etat fasciste ».
La Jordanie a condamné mardi la décision du Parlement israélien d’interdire les activités en Israël et à Jérusalem-Est de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dénonçant une tentative d’« assassinat politique » de cette agence. « L’adoption de ces lois fait partie d’une campagne systématique contre l’agence et constitue une poursuite des efforts acharnés d’Israël pour l’assassiner politiquement, tout en intensifiant sa guerre agressive contre le peuple palestinien », a dénoncé le porte-parole du ministère jordanien des Affaires étrangères. « Ces mesures et pratiques israéliennes sont illégales et invalides », a-t-il ajouté.
Les violations « flagrantes » des lois de la guerre par Iraël « créent un dangereux précédent », avertissent les travailleurs humanitaires de la région. « Les règles de la guerre sont violées de manière si flagrante » que cela « crée un précédent que nous n’avons vu dans aucun autre conflit », a déclaré Marwan Jilani, vice-président du Croissant-Rouge palestinien, à l’AFP. En marge de sa participation la semaine dernière à Genève à une réunion des 191 sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, il a dénoncé l’existence de ce « mépris total » par les Israéliens pour le droit humanitaire international.
Alors qu’Israël mène une opération de représailles dévastatrice dans la bande de Gaza, les travailleurs humanitaires locaux s’efforcent d’apporter de l’aide tout en étant exposés aux mêmes risques que le reste de la population, a-t-il déclaré.
Le Croissant-Rouge palestinien compte plus de 900 employés et plusieurs milliers de bénévoles à Gaza, où plus de 43.000 Palestiniens ont été tués selon le ministère de la Santé du gouvernement de la bande de Gaza, depuis le début de la guerre. « Ils font partie de la communauté. Ils ont été déplacés à de nombreuses reprises », a déclaré M. Jilani, ajoutant : « je pense que chacun des membres de notre personnel a perdu des membres de sa famille ». Il dénonce en particulier le « ciblage délibéré du secteur de la santé » par l’armée d’occupation israélienne. Selon lui, « de nombreux membres du personnel » du Croissant-Rouge palestinien, « y compris des médecins et des infirmières, ont été détenus, emmenés pendant des semaines et torturés » par l’armée israélienne. Depuis le début de la guerre à Gaza, 34 employés et volontaires du Croissant-Rouge palestinien ont été tués dans le petit territoire palestinien, et deux autres en Cisjordanie, « la plupart d’entre eux pendant leur service », a-t-il déclaré. Quatre autres membres du personnel sont toujours détenus, sans que leur sort soit connu. Pour M. Jilani, le mépris du droit international fondamental érode la croyance en l’existence même de ces lois. Une « grande victime de cette guerre », a-t-il déclaré, « est la croyance au Proche-Orient qu’il n’y a pas de droit international ».
Sur un autre plan, les médias israéliens ont rapporté que 3 soldats israéliens ont été tués à la suite d’un incident dans la bande de Gaza la nuit dernière. Le porte-parole de l’armée d’occupation a indiqué, lui, qu’un officier et trois soldats ont été tués et un autre grièvement blessé lors des combats dans le nord de la bande de Gaza. Les Brigades Al-Qassam ont annoncé avoir ciblé un char Merkava dans le nord de l’enclave. Alors que les bataillons du FPLP ont tiré une salve de roquettes sur les concentrations des troupes israéliennes dans la zone.