« Personne, personne ne devrait être abattu et tué pour avoir participé à une manifestation », a ajouté A. Blinken lors d’une conférence de presse conjointe avec David Lammy, ministre britannique des affaires étrangères,. Le secrétaire d’État américain a par ailleurs précisé qu’Eygi est le deuxième citoyen américain tué par les forces de sécurité israéliennes: « C’est inacceptable ».
« Je pense que ce que nous avons vu au cours de cette enquête, semble montrer ce que les témoins oculaires ont dit, et indique clairement que son assassinat était injustifié et qu’il est injustifiable », a-t-il expliqué.
Il a ajouté que personne ne devrait avoir à mettre sa vie en danger simplement pour avoir exprimé librement son point de vue. « À notre avis, les forces de sécurité israéliennes doivent apporter des changements fondamentaux à la manière dont elles opèrent en Cisjordanie, notamment en modifiant leurs règles d’engagement », a-t-il poursuivi.
Eygi, 26 ans, qui possède la double nationalité américaine et turque, a été mortellement touchée par les forces israéliennes vendredi dernier lors d’une manifestation contre les colonies israéliennes illégales à Beita, une ville située juste à l’extérieur de la ville de Naplouse. Des témoins ont rapporté que des soldats israéliens avaient ouvert le feu sur les manifestants. Bien qu’elle se soit tenue à l’écart de la principale zone de protestation, elle a reçu une balle mortelle dans la tête. Transportée d’urgence à l’hôpital, le personnel médical n’a pas pu la sauver.
Eygi, née à Antalya, en Turquie, en 1998, a été diplômée en juin de l’université de Washington, où elle a étudié la psychologie et les langues et cultures du Moyen-Orient. Elle est arrivée en Cisjordanie mardi dernier pour faire du bénévolat avec le Mouvement de solidarité internationale dans le cadre d’un effort visant à soutenir et à protéger les agriculteurs palestiniens.
Les factions palestiniennes ont déclaré, lundi, que l’activiste turco- américaine « restera une icône » pour la lutte palestinienne aux niveaux local et international. Dans un communiqué, les forces nationales et islamiques, qui regroupent la plupart des factions palestiniennes, ont déclaré que « la martyre Aysenur restera une icône de la lutte et du combat aux niveaux palestinien et international ».
« De nombreux activistes solidaires rejoignent notre peuple palestinien dans les activités de la résistance populaire dans les villes et les villages qui sont exposés à la colonisation et à l’expropriation (israéliennes) », peut-on lire dans le communiqué.
Les factions palestiniennes considèrent sa mort comme une confirmation des politiques d’assassinat, d’expulsion et d’interdiction d’entrée pour les militants de la solidarité internationale mises en œuvre par Israël. Le communiqué souligne l’importance de sanctionner Israël pour son indifférence à l’égard de la vie des activistes internationaux qui s’opposent à l’occupation israélienne et à la construction de colonies dans les territoires palestiniens occupés.
Des centaines de Palestiniens de la ville de Naplouse, en Cisjordanie, ont fait leurs adieux à l’activiste aux premières heures de la journée de lundi. Le cortège funèbre a quitté l’hôpital gouvernemental Rafidia de Naplouse et a traversé plusieurs rues de la ville, où les personnes éplorées ont scandé des slogans condamnant les actions israéliennes et rendant hommage aux sympathisants étrangers, selon un correspondant de l’agence Anadolu. Sa dépouille devrait être transportée en Türkiye.
L’armée israélienne n’a pas encore commenté les détails de l’incident ni les résultats de l’autopsie. L’assassinat d’Eygi rappelle celui de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh, tuée de la même manière en 2022.