Le ministère russe de la Défense a affirmé dans un communiqué que ses soldats avaient conquis Krasnogorivka, ainsi que les villages de Galytsynivka, Vodyane et Grygorivka. Krasnogorivka, devenue plus vulnérable depuis le début de l’année, est située à une quinzaine de kilomètres à l’ouest de la ville de Donetsk, sous le contrôle des troupes russes.
Une femme de 46 ans a été tuée et trois autres personnes ont été blessées lors d’une attaque de drones ukrainiens, survenue tôt mardi à Ramenskoïe, dans le sud-est de la région de Moscou. L’armée russe a annoncé avoir abattu 144 aéronefs sans pilote au cours de la nuit. À l’aube, la Défense russe avait annoncé sur Telegram avoir « détruit et intercepté » 144 drones ukrainiens, dont 72 dans la seule région de Briansk, ainsi que 20 dans celle de Moscou. Un chiffre qui avoisine celui de 158, annoncé le 1er septembre. « Plus la position « sur le terrain » du régime de Kiev sera faible, malgré le soutien massif en argent et en armes, plus grand sera leur désir de ce qu’ils croient être une vengeance bestiale, mais qui est en réalité du terrorisme criminel », a déclaré Maria Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe, sur Soloviev Live. Suite à cette « attaque massive » de drones ukrainiens, Svetlana Petrenko, porte-parole du Comité d’enquête, a annoncé l’ouverture d’une enquête pour terrorisme.
Le 26 août, à Saratov, une femme avait été grièvement blessée dans une attaque de drone contre un gratte-ciel d’une quarantaine d’étages. Un autre immeuble d’habitation avait, dans cette ville située à plus de 800 kilomètres au sud-est de Moscou, également été attaqué au même moment. Les forces ukrainiennes bombardent quotidiennement cette région russe, où l’état d’urgence a été instauré à la mi-août. Entre janvier et juin 2024, au moins 465 civils sont morts et 2 000 ont été blessés sur le territoire russe à la suite d’attaques, avait rapporté le 5 juillet dernier Rodion Mirochnik, ambassadeur itinérant du ministère russe des Affaires étrangères.
Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a réagi lui en annonçant qu’en l’absence de pourparlers de paix, l’ « opération militaire spéciale » en Ukraine reste la seule option viable permettant à la Russie d’atteindre ses objectifs. Lors d’un point de presse tenu à Moscou, D. Peskov a indiqué mardi qu’il était actuellement improbable de parvenir à un accord, compte tenu de la situation actuelle dans la région de Koursk, où les troupes ukrainiennes ont lancé une incursion le 6 août.
Si l’armée russe a déclaré son intention de chasser les troupes ukrainiennes de la région de Koursk, les détails de cette tactique militaire ne sont pas rendus publics. L’attaque massive des forces armées ukrainiennes sur Koursk a débuté le 6 août, entraînant la déclaration d’une situation d’urgence fédérale dans la région. Les habitants vivant le long de la frontière sont évacués vers des lieux plus sûrs.
En ce qui concerne l’accord, qui aurait été conclu entre la Russie et l’Ukraine pour s’abstenir de frapper les infrastructures énergétiques et qui a été révélé mardi par Sergueï Choïgou, secrétaire du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, V. Peskov a déclaré qu’« il n’y a pas eu d’accord clair. Compte tenu de la situation actuelle dans la région de Koursk, il est difficile d’imaginer qu’un accord puisse être conclu ».
Commentant l’attaque de grande envergure menée par l’Ukraine contre neuf régions russes la nuit dernière, avec au moins 144 drones, le porte-parole du Kremlin a déclaré : « Nous devons poursuivre l’opération militaire pour nous protéger contre de telles actions ».
Interrogé sur le débat à venir entre les candidats à la présidence américaine Donald Trump et Kamala Harris, Peskov a fait remarquer : « Nous n’avons pas l’intention de le regarder. Anticiper de tels événements ne nous concerne pas, c’est la responsabilité des électeurs américains. » V. Peskov a également rejeté les accusations des représentants américains selon lesquelles la Russie utilise des blogueurs américains à des fins de propagande, les qualifiant de « sans fondement ». « Je souhaiterais connaître le nom précis d’un blogueur américain prétendument utilisé par la Russie. En l’absence de telles précisions, ces accusations ne sont que des affirmations sans fondement », a-t-il déclaré.
En ce qui concerne la conduite simultanée des exercices militaires de l’OTAN et des exercices russes Ocean-2024, V. Peskov a déclaré qu’il s’agissait d’un phénomène courant : « Cela arrive souvent ».
Téhéran partout
L’Occident ne veut pas négocier de manière honnête le règlement du conflit ukrainien, a notamment souligné Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe en visite en Arabie saoudite. Il a rappelé que « les initiatives occidentales sur l’Ukraine ne prennent pas en compte la protection des droits de la population russophone, ce qui est la racine du conflit » tout en relevant que le « plan de paix » d’Olaf Scholz, chancelier allemand, et d’autres propositions avancées par l’Occident, ne mentionnent pas les problèmes des droits des russophones en Ukraine et dans « les terres que Volodymyr Zelensky considère comme les siennes ».
L’Ukraine avait convoqué la veille lundi, le représentant diplomatique iranien à Kiev en raison de la « préoccupation » du pays concernant le transfert éventuel de missiles balistiques iraniens à la Russie. Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a déclaré, dans un communiqué, que la note du ministère avait été remise à Shahriar Amuzegar, chargé d’affaires iranien, « avec un avertissement strict que la confirmation de la fourniture d’armes balistiques par l’Iran à l’État agresseur aurait des conséquences dévastatrices et irréparables pour les relations bilatérales entre l’Ukraine et l’Iran ».
Selon les médias, un lot de 200 missiles balistiques iraniens est déjà arrivé dans un port non spécifié de la mer Caspienne le 4 septembre alors que les autorités iraniennes ont toujours réfuté les allégations de l’Ukraine concernant la fourniture d’armes à la Russie.
Lundi, le Kremlin a démenti les informations diffusées par les médias selon lesquelles l’Iran aurait envoyé des missiles balistiques de courte portée à la Russie. L’Iran et la Russie sont de proches alliés qui ont renforcé leurs liens bilatéraux ces dernières années, dans un contexte de tensions croissantes avec les États-Unis.
Les gouvernements français, allemand et britannique ont condamné mardi 10 septembre « l’exportation par l’Iran et l’acquisition par la Russie de missiles balistiques iraniens » et annoncé qu’ils allaient prendre de nouvelles sanctions contre Téhéran. « Nous avons maintenant confirmation que l’Iran a effectué ces transferts » de missiles, ont indiqué dans un communiqué commun les diplomaties des trois pays, qui veulent prendre « des mesures immédiates pour dénoncer nos accords bilatéraux de services aériens avec l’Iran ». « [Nous] travaillerons également à la mise sous sanctions de la compagnie aérienne Iran Air », ont-ils ajouté.
Côté américain, le président Joe Biden « n’exclut pas » d’autoriser l’Ukraine à tirer des missiles en profondeur sur le territoire russe, a déclaré mardi le secrétaire d’État américain de passage à Londres, le veille de sa visite prévue à Kiev. « Rien n’est exclu à ce stade », a indiqué Antony Blinken, avant de poursuivre : « Nous ne l’excluons pas. Nous n’excluons jamais. Mais quand nous décidons d’agir, nous voulons nous assurer que cela se fait de manière à faire progresser ce que les Ukrainiens essaient d’accomplir ».
Le chef de la diplomatie US a déclaré que les États-Unis s’étaient assurés que l’Ukraine avait « ce dont elle avait besoin, quand elle en avait besoin, pour être efficace dans la répression de l’agression russe » depuis le lancement l’opération militaire spéciale en février 2022 par Moscou.
A.Blinken a fait ce commentaire après avoir déclaré lors d’une conférence de presse commune à Londres, avec son homologue britannique David Lammy, que l’Iran aurait fourni à Moscou des missiles à courte portée et que les forces russes « les utiliseront probablement dans les semaines à venir en Ukraine ». Volodymyr Zelensky a demandé aux États-Unis, principal soutien militaire de Kiev, ainsi qu’à d’autres alliés occidentaux d’autoriser Kiev à utiliser des missiles à longue portée pour frapper des cibles en Russie, dans le but d’intensifier la pression sur Moscou pour mettre fin à la guerre. Les États-Unis ont livré un petit nombre de missiles ATACMS (Army Tactical Missile Systems) à l’Ukraine en septembre 2023. Ces missiles ont une portée d’environ 290 kilomètres.
Lors d’une interview accordée ce 10 septembre à la chaîne Rossiya 24, Sergueï Choïgou, secrétaire du Conseil de sécurité a déclaré que l’Ukraine perdait « chaque jour 28 kilomètres carrés en moyenne ». « Mais le plus important, ce ne sont même pas les kilomètres, le plus important est qu’ils perdent jusqu’à 2 000 tués et blessés chaque jour », a ajouté l’ancien ministre de la Défense. Avant de poursuivre : « Au total, si l’on parle des huit jours de septembre et du mois d’août, près d’un millier de kilomètres carrés ont été libérés. Et le rythme s’accélère. » Sur Telegram, également dans la matinée, le ministère russe de la Défense a annoncé la libération de plusieurs localités du Donbass. «Grâce aux actions décisives des unités du groupe de troupes Sud, les colonies de Krasnogorovka et Grigorovka en République populaire de Donetsk ont été libérées», a indiqué ce 10 septembre le ministère dans un rapport d’activité quotidien. Dans une seconde partie, publiée dans la foulée, l’armée russe a également annoncé la libération du village de Galitsynovka par les unités du groupe Centre, ainsi que celui de Vodïanoe par les troupes du groupe Est, deux localités également situées en République populaire de Donetsk (RPD). La veille au soir, le ministère avait annoncé la libération de Memrik, toujours en RPD. La libération de Krasnogorovka avait déjà été rapportée la veille, tard dans la soirée, par le média russe Rybar. Dans un point de situation ce 10 septembre, celui-ci fait état dans la région de Koursk de contre-attaques russes, « après avoir stabilisé le front ». Dans un autre de ses rapports, publié en début d’après-midi, et dédié à la région de Koursk, la Défense russe a déclaré que les unités du groupe Nord avaient repoussé « six attaques ennemies en direction des colonies d’Apanassovka, Kamychevka, Maryevka et Tcherkasskaïa Konopelka », revendiquant l’élimination de 40 membres des forces ukrainiennes et de plusieurs véhicules blindés ainsi que la capture de « quatre militaires ». « Cela fait longtemps que nous n’avons pas connu un tel rythme d’offensive dans le Donbass », avait déclaré Vladimir Poutine le 2 septembre, lors d’un échange avec des écoliers à Kyzyl. « Nous ne parlons plus d’avancer de 200 à 300 mètres », avait-il assuré. Le président russe avait par ailleurs confié que l’offensive lancée par les forces de Kiev dans la région de Koursk, qui visait à ses yeux à détourner l’attention des forces russes engagées dans le Donbass, avait échoué.