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Ingouvernable Israël : B. Netanyahu entre Baraka et bruits de casseroles

Le scrutin anticipé qui se déroule en Israël traduit la profonde crise politique qui y sévit. Le bloc de droite emmené par Benyamin Netanyahu pourrait arriver en tête, sans être en mesure néanmoins de former un gouvernement.

A 73 ans, même en trainant nombre de casseroles, B. Netanyahu, Premier ministre israélien à la plus grande longévité, essaye de rallier une majorité de 61 députés sur les 120 du Parlement, avec ses alliés des partis ultra-orthodoxes et de l’extrême droite.

Face à lui, il y a Yaïr Lapid, 58 ans, Premier ministre depuis juillet, dirigeant du parti Yesh Atid (« Il y a un futur »). Il a été le chef d’une coalition unique dans l’histoire d’Israël, amalgamant des formations de gauche, du centre, de droite et un parti arabe. La coalition de Y. Lapid a perdu sa majorité au Parlement avec le départ d’élus de droite, poussant le gouvernement à convoquer de nouvelles élections. Le gouvernement était trop hétéroclite pour résister longtemps et n’a tenu qu’un an.

Tous les éléments confirment que le scrutin anticipé ajoutera plus de confusion puisqu’il n’y aura pas de véritable vainqueur. Le Likoud, parti dirigé par B. Netanyahu, arrivera probablement en tête, sans pour autant disposer de la majorité qui le prédispose à gouverner. Depuis des années, faute de majorité, on assiste à un jeu d’alliances politiques bigarrées et fragiles.

Si la dernière campagne électorale a été marquée par la montée de l’extrême droite, Bezalel Smotrich et d’Itamar Ben-Gvir, pourraient se joindre à l’alliance de fanatiques qui apporterait l’eau au moulin de B. Netanyahu. Ce dernier qui pensait en 2019 pouvoir se maintenir encore quelques années allait vite déchanter même si son parti était arrivé en tête des législatives, et avec ses alliés traditionnels, il avait une majorité au Parlement. Les conditions présentées par Avigdor Liberman, chef d’une formation ultranationaliste, mais laïque, étant incompatibles avec les conditions posées par les formations religieuses.

Après plusieurs semaines de tractations, B. Netanyahu a essuyé un échec qui l’a poussé à voter la dissolution de la Knesset. Le scrutin de septembre 2019 allait aboutir au même résultat.  B. Gantz, n’arrive pas, lui non plus, à former un gouvernement. Le Parlement est alors à nouveau dissout, pour la deuxième fois en six mois. Mais les scrutins se suivent et les rapports de force restent à peu près les mêmes. Et au troisième scrutin organisé en moins d’un an, les deux rivaux se sont résignés à mettre en place une coalition improbable… Laquelle a trébuché sur le vote du budget, entraînant un quatrième scrutin.

Cela fait alors deux ans que la crise politique dure. Et toujours aucun camp n’est en mesure de former un gouvernement stable. Y. Lapid, centriste, tente et réussit une alliance de quasiment toutes les oppositions : des partis les plus à gauche à des formations pro-colons en passant par des islamistes. Cette fois-ci, B. Netanyahu est évincé, mais le gouvernement chute à nouveau, entraînant ces élections. Face à cette situation, si certains électeurs restent fidèles à leur famille politique, d’autres ont le sentiment d’avoir tout essayé et de ne plus savoir que faire. Dans la rue, bien des Israéliens ne veulent même plus mettre le pied dans un bureau de vote.

 

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