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Essais nucléaires au grand Sahara: Mensonges et aberrations autour d’un crime

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Suite à la parution récente aux Éditions Alfabarre, Paris, d’un ouvrage intitulé À qui profite le crime des essais nucléaires au Sahara de l’auteur Chekib Abdessalam en 2021 qui a eu des effets retentissants dans l’opinion maghrébine et européenne notamment dans la société civile et particulièrement auprès des écologistes, la revue Eldjeich (« L’armée »), porte-parole du système politico-militaire d’Alger, tente, soixante-deux ans après, une opération de récupération de cette thématique très sensible en proposant un ensemble de faits infondés et contraires à la réalité des essais nucléaires dont l’explosion de 17 bombes atomiques à Reggane et In Ekker. 13 de ces bombes atomiques ont lieu de 1962 à 1967, c’est à dire après l’indépendance.

Mekkaoui Abderrahmane, politologue

La revue Eldjeich (« L’armée »), n°703 de février 2022, qui ne cache pas son rôle politique dans la gestion des affaires de l’État algérien, n’a jamais abordé ce thème ni ses conséquences néfastes humaines, écologiques et politiques. Les militaires algériens des Taggarins occultent les accords secrets conclus avec Charles de Gaulle au détriment du sultan du Maroc Mohamed V qui a refusé catégoriquement tout marchandage sur cette question qui menace alors l’écosystème maghrébin, africain et d’Europe occidentale.
Avec duperie et opacité, La revue Eldjeich (« L’armée ») dissimule le fait que les essais nucléaires ont bel et bien été acceptés et négociés en détail à l’insu de leurs partenaires marocain et africains par les responsables du GPRA, de l’ALN et du MALG. Suite à ces accords secrets imposés et asymétriques, la France a continué les essais nucléaires bactériologiques, chimiques et biologiques jusqu’en 1967 et bien au-delà. Au même moment, le populisme anti-français du colonel Boumedienne et de Bouteflika, alors ministre des affaires étrangères, était destiné à la consommation intérieure et tiers-mondiste.
Bien que connaissant l’irradiation de la zone du Grand Sahara, le président Boumedienne a déployé des milliers de militaires et de civils, notamment à l’occasion de la guerre des sables en 1963 contre un ennemi imaginaire. Un grand nombre de militaires stationnés pendant plus d’un demi siècle dans les régions militaires sahariennes algériennes (2 , 3 , 3 , 4 et 6 régions militaires) seront pour la plupart atteints de cancers en tous genres. L’hôpital militaire central d’In naaja (à Alger) refusera de les admettre en soins spécialisés jusqu’à nos jours après leur réforme dans le déni de tout droit et réparation.
Jusqu’à maintenant, la junte militaire d’Alger n’a jamais demandé ni dommages ni intérêts des crimes commis par la France en raisons de ses essais d’armements de destruction massive sauf les dernières demandes d’aide exprimées par le président Abdelmajid Tebboune en vue de la mise en valeur des terres et de l’eau de la région de Reggane. Le tissu associatif courageusement constitué par la population dans le but de sensibiliser l’opinion locale au danger de la radiation en revendiquant des réparations aux victimes, ont été dissoutes par l’armée et ses acteurs ont été réprimés et incarcérés. Pour l’armée algérienne, la question des essais nucléaires est considérée comme un sujet tabou et faisant partie du secret défense.
Notons qu’en 1967, la France a déjà « indemnisé » en catimini le conseil de la révolution algérien dirigé par le colonel Boukharouba (alias Boumedienne). Il est à souligner que la junte militaire algérienne était complice et collaborait en silence avec la France jusque dans les années 90 dans l’accomplissement des crimes dus aux essais d’armes spéciales. Pourtant, la population du grand Sahara demeure la victime principale de ces expériences (cancers, morts-nés, déformations congénitales, contamination des ressources hydriques et de l’écosystème, etc). La population du Touat, du Gourara, du Tidikelt, Reggane, In Salah, de la Tajakant, Tindouf, la Saoura, Béchar-Béni- Ounif, les séquestrés sahraouis de la Hamada, les habitants de l’Ahaggar, In Ekker, Tamanrasset, et des Ajjers, Janet, Illizi, continuent à subir les séquelles des essais nucléaires.
L’ONU, l’AIEA (Agence Internationale de l’Énergie Atomique), les activistes concernés et intéressés par la non- prolifération des armes nucléaires, sont appelés à intervenir auprès des décideurs afin de sauver ces populations condamnées à une mort lente. Selon Chekib ben Abdessalam, la biosphère et l’Homme dans ces régions, sont directement impactées par le nucléaire et le chimique pour 24 000 ans.
À travers sa propagande, l’objectif de la revue Eldjeich («L’armée») sont multiples et démagogiques. Ils se caractérisent par le mensonge érigé en instrument fondateur dans la communication du système politico-militaire algérien. C’est aussi une tentative de chantage dirigé vers la France au moment où cette dernière se heurte à l’instabilité et l’insécurité au Sahel.
Ce dossier vise aussi le détournement de l’opinion algérienne des véritables inquiétudes et préoccupations socio-économiques et politiques, alors que les algériens se préparent à commémorer le troisième anniversaire du hirak.
En mobilisant les médias locaux d’une manière tronquée et réductrice sur cette problématique complexe et difficile, le système militaire algérien essaie de se faire passer pour le défenseur de la veuve et de l’orphelin à posteriori en s’approchant des milieux écologiques et de gauche afin de brouiller les cartes pour des raisons électoralistes.
Espérons que les archives françaises prochainement ouvertes au public vont nous dévoiler les tenants et les aboutissants de la responsabilité directe de l’État algérien : une vérité amère qui lui sera difficile voire impossible à assumer. L’étude À qui profite le crime des essais nucléaires au Sahara de Chekib Abdessalam est considérée par les stratèges militaires comme un document historique et scientifique relatif aux dimensions de ce crime dont les auteurs ne reconnaissent pas les conséquences désastreuses.

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