Le ministre des Chemins de fer réitère qu’il y a eu un problème dans le système de signalisation et d’aiguillage, mais ajoute que cela aurait été causé par une intervention humaine, voire un sabotage. « Nous avons identifié la cause de l’accident et les personnes qui en sont responsables », a-t-il ajouté.
Déjà, le Premier ministre avait annoncé samedi que tous les « responsables seront punis ». En tout cas, une enquête criminelle est déjà ouverte. Cela a en tout cas deux avantages pour le gouvernement : cela lui permet de se dédouaner, et de faire porter la responsabilité du drame sur un possible criminel. Et aussi, cette police fédérale est directement sous les ordres du gouvernement, alors que l’enquête ferroviaire, elle, est menée par un groupe d’experts plus indépendant.
L’opposition, elle, est montée au créneau, dénonçant un gouvernement plus inquiet de lancer des nouveaux trains pour riches, que d’assurer la sécurité des pauvres. Deux principaux partis de l’opposition demandent la démission du ministre des Chemins de fer.
Le Times of India, citant le rapport d’enquête préliminaire, indiquait dimanche qu’une « erreur humaine » pourrait avoir causé la collision. Le Coromandel Express, reliant Calcutta à Madras, avait reçu le feu vert pour circuler sur la voie principale, mais a été dérouté en raison d’une erreur humaine sur une voie où se trouvait déjà un train de marchandises. Le train de passagers a alors percuté à une allure d’environ 130 km/h le convoi de marchandises. Trois wagons sont alors tombés sur la voie adjacente, heurtant l’arrière d’un train express qui assurait une liaison entre Bangalore et Calcutta. C’est cette collision qui a provoqué le plus de dégâts, ajoute le Times, citant le rapport préliminaire.
La tragédie s’est déroulée près de Balasore, à environ 200 km de Bhubaneswar, la capitale de l’État d’Odisha, dans l’est de l’Inde. Quelque 24 heures après l’accident, les opérations de sauvetage se sont achevées samedi soir, quand les carcasses éventrées avaient été fouillées à la recherche de survivants.
Le train est le transport du pauvre en Inde : 22 millions de personnes l’empruntent chaque jour et c’est pour cela que sa sécurité est une affaire politique, car c’est une classe d’électeurs qui vote en masse bien plus que les riches. Narendra Modi, Premier ministre, le sait, lui qui est venu immédiatement sur place et a promis des sanctions exemplaires contre les responsables de ce drame.
Des documents montrent que des alertes avaient été lancées quant au manque d’entretien des voies et aux problèmes de signalisation. Cela est arrivé le 8 février dernier, dans le sud de l’Inde. Une erreur de signalisation a mené un train vers une mauvaise voie, et une terrible collision a été évitée de justesse, grâce à la présence d’esprit du chauffeur qui a stoppé le train.
Une lettre d’un cadre de la compagnie ferroviaire publique décrit cet incident comme un défaut majeur dans le système de signalisation. Et prévient que cela peut arriver ailleurs et créer un accident grave. Et c’est ce qui semble être arrivé vendredi soir, sauf que cette fois, le conducteur n’a pas pu freiner à temps. À cette lettre, s’ajoute un rapport de la Cour des comptes, qui alertait en décembre que le manque de moyens dépensés dans l’entretien des voies était la cause principale des centaines de déraillements arrivés ces cinq dernières années.
Le ministre des Chemins de fer envisage ainsi une intervention humaine et évoque deux pistes possibles. La première, c’est que des travaux avaient lieu sur place quelques heures avant l’accident. Il avance donc que les ouvriers auraient pu endommager un câble par inadvertance, par exemple. La deuxième piste est plus inquiétante, car le ministre met en avant une possibilité de sabotage pur et simple du système électronique. Une opération qui requiert toutefois des compétences poussées en informatique et une intention criminelle, qui est inconnue à ce stade.
La police fédérale doit donc enquêter sur ces pistes en parallèle de la commission de sécurité ferroviaire qui doit bientôt rendre son rapport technique.
Selon les analystes, la collision montre que le système ferroviaire a encore beaucoup de progrès à faire. Certains tempèrent donc l’hypothèse criminelle. « Les défaillances purement opérationnelles ne sont pas rares dans les chemins de fer indiens », a déclaré à l’AFP Subodh Jain, ancien haut responsable des chemins de fer. Dans ce pays, le train est le mode de transport favori et aussi le moins cher sur les trajets de longues distances, tant pour les personnes que pour les marchandises.