« Nous travaillons actuellement sur cette question et notre plan est d’avoir notre décision finale au Forum du Néguev », a déclaré E. Cohen aux journalistes, ajoutant qu’il s’attendait à ce que l’évènement organisé par le royaume ait lieu en septembre prochain.
Le chef de la diplomatie israélienne répond, ainsi, aux précédentes déclarations faites par Nasser Bourita, son homologue marocain. « Nous espérons que le contexte sera favorable à la tenue de cet évènement important d’une part, mais aussi à ce qu’il produise des résultats, d’autre part », avait souligné N. Bourita le 23 juin lors d’un point de presse. « Le Forum du Néguev est porteur d’une idée de coopération et de dialogue, contraire à tout ce qui est action provocatrice, unilatérale, ou décision portée par des radicaux des deux côtés, mais surtout du côté israélien, par rapport aux territoires arabes occupés », a précisé le ministre marocain.
Le Maroc et les Etats-Unis ont maintes fois demandé le report du Forum du Néguev, en riposte aux actions du gouvernement d’extrême droite, au pouvoir en Israël depuis fin décembre 2022, particulièrement l’extension des colonies dans les territoires palestiniens occupés. Cela sans oublier, bien sûr, le libre exercice par l’occupant sioniste de la loi du plus fort vis-à-vis non seulement du peuple palestinien, désarmé, mais aussi du Liban et de la Syrie. L’offensive sanglante de Jénine focalise déjà la colère du monde arabe au point de pousser Abou Dhabi, parrain arabe de la normalisation en cours, à dénoncer Tel-Aviv.
Poids économique
Force est de souligner que c’est dans cette atmosphère particulièrement tendue qu’Isaac Herzog, président israélien, a décoré, dimanche, André Azoulay, conseiller du roi Mohammed VI, de la médaille d’honneur présidentielle pour son engagement pour la paix entre Israël et la Palestine. Parmi les anciens récipiendaires de la médaille d’honneur présidentielle israélienne figurent notamment les présidents américains Joe Biden, Bill Clinton et Barack Obama, ainsi que d’autres personnalités telles que Henry Kissinger et Elie Wiesel, Prix Nobel de la paix. En 1973 avec des intellectuels juifs marocains et séfarades, A. Azoulay a créé, à Paris, le Mouvement identité et dialogue, dont la charte de création a mentionné la nécessité de donner ses chances à la solution à deux Etats. Une perspective qui semble condamnée…
A. Azoulay et son groupe sont parmi les premiers à entrer en contact à l’époque avec l’OLP. Il a rencontré, pour la première fois en 1974, à Tolède (Espagne), Abou Mazen, alors plus proche collaborateur de Yasser Arafat qu’Azoulay a rencontré au milieu des années 1970. Abou Amar a, à cette époque, désigné Issam Sartawi, grand leader palestinien assassiné à Lisbonne au cours d’une réunion de l’Internationale socialiste, comme interlocuteur permanent d’A. Azoulay. L’autre combat qui incarne l’engagement d’A. Azoulay a été celui de donner aux Marocains de confession juive, en Israël, au Maroc, en France, au Canada et un peu partout dans le monde, la possibilité de se réconcilier avec leur propre histoire.
Houssain Agha, conseiller à la présidence palestinienne, a déclaré à la MAP qu’André Azoulay comptait à son actif un parcours long et honorable au service de l’établissement d’une paix juste entre Palestiniens et Israéliens et entre arabes et juifs en général, dans le cadre des positions du Maroc dans ce domaine. Agha a rappelé, à cet égard, le rôle joué par feu le roi Hassan II dans la recherche de canaux de contact et de communication entre les Arabes et les Israéliens, soulignant que le défunt était à l’avant-garde des dirigeants qui appelaient au dialogue politique pour construire une paix juste et globale dans la région.
Il a ajouté que le roi Mohammed VI continuait avec la même sagesse à jouer ce rôle pour relancer le processus de paix sur la base de la solution à deux Etats, vivant côte-à-côte en paix et sécurité.
Au-delà du champ politico-diplomatique, il y a lieu de noter que les relations économiques tissées entre Rabat et Tel-Aviv ont pris du poids. Au cours des cinq premiers mois de 2023, les échanges commerciaux ont bondi de 110% par rapport à janvier-mai 2022. La tendance à la hausse a été également enregistrée, mais dans une moindre mesure, avec les Emirats arabes unis et Bahreïn, avec respectivement 42% et 24%, se félicitent les médias israéliens. Pour rappel, Abou Dhabi et Tel-Aviv avaient signé, le 31 mai 2022, un accord de libre-échange alors que les négociations avec Manama ont commencé en septembre de la même année.
Ces indicateurs ne font pas l’unanimité en Israël. Les chiffres du commerce avec les pays arabes signataires des Accords d’Abraham « sont bien en deçà de ce qu’ils pourraient ou devraient être », a estimé David Aaronson, directeur de l’Abraham Accords Peace Institute. « Les opportunités commerciales des accords d’Abraham n’ont pas atteint leur plein potentiel. En fait, ils n’ont fait qu’effleurer la surface », a-t-il expliqué.
Le ministère israélien de la Défense a annoncé, en juin, que les exportations de défense avaient totalisé 12,5 milliards de dollars en 2022, contre 11,4 milliards en 2021. Avant la signature des Accords d’Abraham, ce montant oscillait entre 5,6 et 7,5 milliards. Fait notable, les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc ont absorbé l’année dernière, à eux trois, 24% de l’ensemble des armes vendues par Israël, contre 7 % en 2021.