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Dossier saharien : Quand l’Italie joue sur deux tableaux…

Après Madrid et Berlin, c’est au tour de Rome de souffler sur les braises de la tension avec Rabat. La déclaration de Sergio Mattarella, président italien, sur le dossier du Sahara occidental, lors de sa visite d’Etat de deux jours en Algérie, a mis la diplomatie marocaine en état d’alerte. Le chef d’Etat italien a avancé que la solution au conflit au Sahara occidental doit tenir «dûment compte des droits du peuple sahraoui». L’entretien accordé samedi au quotidien algérien El Moudjahid, relayé par l’APS, en fait foi.

«Nous suivons de très près la question du Sahara occidental. Nous avons toujours soutenu avec conviction le rôle joué par les Nations unies et, à cet égard, nous avons appris avec satisfaction la nomination du diplomate italo-suédois Staffan De Mistura comme envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU», a indiqué S. Mattarella. Tout en formulant l’espoir que «l’engagement» du nouvel envoyé onusien «pourra contribuer, malgré la situation actuelle de tension, à une reprise de négociations directes entre les parties en vue d’une solution équitable et durable de la question».
Le président italien a souligné, dans ce contexte, que l’Italie soutient « le rôle de l’Algérie et son attachement au cadre onusien sur le Sahara occidental »», conclut-on.
Les propos du chef d’Etat italien ont fait réagir le Maroc. Un appel téléphonique a eu lieu mardi entre le chef de la diplomatie italienne Luigi Di Maio et son homologue marocain Nasser Bourita, scellé par un communiqué conjoint. Dans ledit communiqué, la partie italienne «salue» les efforts «sérieux et crédibles» menés par le Maroc dans le cadre des Nations unies en vue du règlement du dossier du Sahara. Rome encourage également «toutes les parties à poursuivre leur engagement dans un esprit de réalisme et de compromis», poursuit le communiqué.
«Lors de cet entretien, M. Di Maio a évoqué la position de l’Italie sur la question du Sahara, telle qu’exprimée dans la Déclaration sur le Partenariat Stratégique Multidimensionnel, signée le 1er novembre 2019 à Rabat, en réaffirmant le plein soutien italien aux efforts du Secrétaire Général de l’ONU pour poursuivre le processus politique, en conformité avec les résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies, notamment la Résolution 2602 du 29 octobre 2021», ajoute la même source.
De plus, les deux pays ont «convenu d’accélérer la mise en œuvre de leur partenariat stratégique multidimensionnel». «Les deux ministres ont aussi réaffirmé leur grand intérêt au maintien et au renforcement du cadre juridique qui lie le Maroc à l’Union Européenne, qui est essentiel pour garantir la poursuite et la stabilité de leur partenariat stratégique», précise le communiqué. Ces assurances italiennes sont-elles suffisantes pour laver l’affront présidentiel ? La question mérite d’être posée. D’autant plus que l’instrument de coopération entre Rabat et Rome, signé en novembre 2019, vise à «entretenir un dialogue permanent et approfondi sur tous les secteurs d’intérêt commun, assurer la coordination sur les questions internationales et régionales liées à l’Afrique et à la Méditerranée élargie et renforcer la relation privilégiée entre le Maroc et l’UE et lui donner un contenu de plus en plus ambitieux». S. Mattarella a-t-il l’oubli facile ?
Quoi qu’il en soit, face à l’offensive diplomatique algérienne qui s’opère au détriment du Maroc, nul besoin de rappeler aux diplomates marocains les bienfaits de la proactivité. Sur le dossier saharien, « la constance du jardinier » doit être la règle et non l’exception.

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