#Libération_Palestine

Logo Perspectives med
Previous slide
Next slide

Deux bases russes ciblées : Un tournant dans le conflit ukrainien ?

Previous slide
Next slide
Le ministère russe de la Défense a tardivement réagi aux frappes ciblant la profondeur de la Russie lundi matin. Kiev n'a rien revendiqué, mais c'est bien l'Ukraine qui est rendue responsable de frappes via de mystérieux drones sur deux bases aériennes importantes dans le centre du pays.
Deux bases russes ciblées

L’opération est singulière et intervient dans le sillage du tapis de bombes qui a secoué nombre de localités en Ukraine. En effet, les deux bases russes ciblées sont situées à des centaines de kilomètres de la frontière ukrainienne, soit bien plus profondément à l’intérieur du pays que les cibles jusqu’ici atteintes. L’attaque a ciblé l’aéroport d’Engels-2 dans la région de Saratov qui abrite aussi une partie de la dissuasion nucléaire russe. Un tel scénario était jusqu’ici inenvisageable et, ce mardi 6 décembre, la presse russe se demande comment il peut être possible que le système d’alerte russe n’ait pas pu empêcher un survol du territoire aussi long.

D’après des analystes, l’attaque n’aura pas été réalisée grâce aux drones, mais via de vieux bombardiers « soviétiques » requalifiés par l’armée ukrainienne. Pour rappel, l’Ukraine a subi lundi une nouvelle salve meurtrière de missiles russes, entraînant de nouvelles coupures de courant et d’eau dans un pays déjà en crise énergétique. Moscou a fait de ces infrastructures sa cible prioritaire en plein hiver.

Les frappes interviennent le même jour que l’entrée en vigueur du mécanisme de plafonnement du prix de vente du pétrole russe décidé par les Occidentaux, qui tentent ainsi d’assécher la manne de Moscou pour financer son effort militaire. Lundi matin, le Kremlin avait prévenu que cette nouvelle sanction n’aurait « pas d’impact » sur son offensive.

Vladimir Poutine s’est lui affiché à la télévision au volant d’une voiture pour traverser le pont de Crimée, infrastructure clé qui relie la Russie à cette péninsule ukrainienne annexée en 2014 par Moscou. Une explosion que le Kremlin a imputée à l’Ukraine l’avait gravement endommagée en octobre. Quelques instants auparavant, les sirènes antiaériennes ont retenti à travers l’Ukraine.

« L’Ukraine subit une huitième attaque massive de missiles par un Etat terroriste. Malheureusement, il y a déjà des dégâts sur l’infrastructure énergétique », a indiqué l’opérateur ukrainien Ukrenergo, appelant la population à rester « aux abris ».

Depuis l’automne, l’armée russe a multiplié les frappes contre les installations énergétiques ukrainiennes.

Lundi en début d’après-midi, le chef de l’administration militaire de Kryvyï Rig, dans le centre de l’Ukraine, a indiqué qu’« une partie de la ville est privée d’électricité » et que « plusieurs chaudières et stations de pompage sont déconnectées », ce qui devrait se ressentir sur l’approvisionnement en eau et en chauffage.

Les opérateurs à Odessa, grand port du sud du pays, et à Soumy, dans le nord-est, ont rapporté respectivement des coupures d’eau et de courant. L’électricité a été également stoppée à Mykolaïv, dans le sud, selon le maire Oleksandre Sienkevitch.

En visite à Kiev, Volker Türk, Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, a écrit sur Twitter, photo à l’appui, avoir dû rejoindre un abri anti-bombe et y poursuivre une réunion. « Incroyable que ça arrive presque quotidiennement à Kiev », a-t-il écrit. Avant même les nouvelles frappes, l’opérateur national Ukrenergo avait qualifié lundi de « difficile » la situation concernant les approvisionnements en électricité.

Le chef adjoint de l’administration présidentielle ukrainienne Kyrylo Tymochenko a indiqué sur Telegram que les frappes avaient fait au moins deux morts et trois blessés, dont un enfant.

Dans la région de Kiev, les autorités n’ont dans l’immédiat fait état d’aucun dégât. « La défense anti-aérienne travaille avec succès », a dit le gouverneur régional, Oleksiï Kouleba.

L’armée ukrainienne a annoncé avoir repoussé, au cours des 24 heures précédentes, plusieurs attaques, notamment dans le secteur de Bakhmout, dans l’est, où les forces de Moscou sont à l’offensive.

Forte intensité ?

Le président russe Vladimir Poutine a menacé que les forces armées russes « bombarderaient des cibles en Ukraine qu’elles n’avaient pas ciblées auparavant, si Washington fournissait à Kiev des missiles à longue portée », faisant allusion au bombardement des centres de décision à Kiev au cas d’où les missiles HIMARS ont été utilisés pour frapper le territoire russe.

Dans un contexte annexe, Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, a averti que « si l’Occident fournit à Kiev des armes à longue portée, les objectifs géographiques de l’opération spéciale en Ukraine iront au-delà de ses objectifs actuels ».

La Russie a déjà envoyé un mémorandum aux pays de l’OTAN sur la fourniture d’armes à l’Ukraine. S. Lavrov a indiqué que toute cargaison « contenant des armes à destination de l’Ukraine deviendra une cible légitime pour la Russie », considérant que « l’armement de l’Ukraine par l’Otan met de l’huile sur le feu ».

Plus tôt, l’administration américaine a déclaré que la portée des missiles HIMARS, transférés à Kiev, « ne dépassera pas 80 km », notant que l’Ukraine « a assuré aux États-Unis qu’ils ne seraient pas utilisés contre des cibles en Russie ». Les chefs militaires ukrainiens ont déclaré que les systèmes de missiles HIMARS étaient inutiles dans ses batailles dans la ville d’Artyomovsk, en particulier après avoir échoué d’affecter de manière significative les lignes d’approvisionnement des forces russes.

Les États-Unis ont épuisé leurs stocks de systèmes portatifs de défense aérienne Stinger et Javelin, l’équivalent de plusieurs années de production, en raison des livraisons d’armes à l’Ukraine. Cette information a été rapportée par le National Review, se référant au PDG de Raytheon, corporation US dans le secteur de la défense. « Nous avons vidé 13 ans de production de Stinger et cinq ans de production de Javelin », a détaillé Greg Hayes. Bien que l’entreprise produise 400 Javelin par mois avec son partenaire Lockheed Martin, la question du réapprovisionnement est très aiguë, indique G. Hayes, notant que le Pentagone n’a pas acheté de systèmes portatifs de défense aérienne depuis 2004.

Selon le média, au mois de mai, Washington avait envoyé 5.500 Javelin et 1.400 Stinger en Ukraine. Ce même mois, Raytheon a remporté un contrat de 624 millions de dollars avec l’armée US pour reconstituer les stocks de Stinger.

Répondant à cette tendance, le Pentagone a accordé de nouveaux contrats d’une valeur de six milliards de dollars à l’industrie de défense pour reconstituer les stocks d’armes, comme l’a expliqué de son côté Christine Wormuth, secrétaire d’État à l’Armée, citée par la source.

D’après le National Review, les tentatives US de rectifier la situation restent lettre morte car la victoire des républicains à la Chambre des représentants pourrait resserrer la vis quant à l’aide allouée à Kiev.

Dans le contexte de l’opération spéciale russe en Ukraine, les États-Unis et leurs alliés de l’Otan soutiennent Kiev en lui fournissant des armes pour un montant de plusieurs dizaines de milliards de dollars. Au total, les dépenses militaires conjointes de l’Alliance ont augmenté de 350 milliards de dollars par rapport à 2014, a noté son secrétaire général.

Recommandé pour vous