« Le Maroc n’a, à aucun moment, été consulté, ni même informé. Bien au contraire, dès que nous avons pris connaissance de ce projet de visite, il y a plusieurs semaines, nous avons directement exprimé à M. de Mistura, ainsi qu’au secrétariat de l’ONU, l’opposition catégorique du Maroc à un tel déplacement, ainsi que notre rejet de toute interaction avec Pretoria au sujet de la question du Sahara marocain, en excipant des raisons légitimes et objectives », a affirmé le diplomate marocain dans une interview accordée à la MAP. « J’ose espérer qu’il ne s’agit pas d’une défiance au Maroc de la part de M. de Mistura, mais d’une simple erreur d’appréciation sur la véritable posture de l’Afrique du Sud. Quoi qu’il en soit, le Maroc l’a clairement averti sur les conséquences de son voyage sur le processus politique », a-t-il précisé.
O. Hilale a révélé que le royaume a rappelé à l’émissaire onusien « les fondamentaux de son mandat, qui sont sa lettre de nomination par le Secrétaire général de l’ONU, qui spécifie qu’il devra travailler exclusivement avec les quatre parties prenantes au processus politique, ainsi que les résolutions du Conseil de sécurité depuis 2007, dont la 2703, du 30 octobre dernier ». Des résolutions qui « ne font nullement référence à l’Afrique du Sud, et encore moins à un prétendu rôle ou contribution de ce pays au processus politique. Enumérant à l’Envoyé personnel les multiples éléments disqualifiant l’Afrique du Sud de toute interférence dans le dossier du Sahara marocain, je me limiterais à rappeler que ce pays reconnait l’entité chimérique et appuie le “Polisario” politiquement, diplomatiquement, médiatiquement et militairement. Pour toutes ces raisons, le Maroc ne permettra jamais à l’Afrique du Sud, d’avoir un quelconque rôle dans le dossier du Sahara marocain. Pretoria a été et demeure toxique pour la question du Sahara marocain ».
L’ONU se justifie
L’ambassadeur s’est dit « surpris » par les propos de la ministre sud-africaine des Affaires étrangères sur les « approches » qu’elle a abordées avec S. De Mistura. « Le Maroc n’est pas au courant d’une quelconque approche. Et si approches il y a, c’est avec le Maroc et les autres parties qu’elles doivent être discutées et nullement avec l’Afrique du Sud ». Et de rappeler que « pour le Royaume, il n’y a qu’une seule et unique approche. C’est celle des tables rondes, avec la participation exclusive du Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le “polisario”, tel que préconisé par les résolutions successives du Conseil de sécurité. C’est pourquoi la Maroc formule le vœu que M. de Mistura consacre ses efforts davantage à convaincre l’Algérie à reprendre sa place à la Table ronde, comme en 2018 et 2019 ».
Interpellé par la MAP, Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, a signalé lors d’un point de presse depuis New York que la visite de S. de Mistura en Afrique du sud s’inscrit dans le cadre de l’exercice de son « mandat ». Afin de relancer le processus politique, l’émissaire onusien est libre de consulter les parties concernées par la question du Sahara occidental et d’autres, a souligné le diplomate onusien.
Dans une lettre adressée à Antonio Guterres en mars 2023, le Maroc avait déjà condamné l’« aveugle soutien idéologique » de Pretoria au Polisario depuis la reconnaissance de la fantomatique RASD en 2004. « Le Royaume du Maroc regrette profondément que l’Afrique du Sud se prête, une fois encore, au rôle de facteur d’un groupe séparatiste armé, dont les connexions avec le terrorisme au Sahel sont avérées », avait alors dénoncé Rabat.
Les séparatistes saluent
Le Polisario a réagi au rejet marocain de la visite effectuée, mercredi 31 janvier, par S. de Mistura en Afrique du sud. Ce déplacement s’inscrit dans « l’exercice de son mandat », a souligné le Front dans un communiqué signé, depuis New York, par son coordinateur avec la MINURSO. Le Polisario a salué le choix de l’envoyé personnel du SG de l’ONU de se rendre à Pretoria.
« La défense inébranlable de l’Afrique du Sud en faveur de la décolonisation au Sahara occidental et sa forte solidarité avec le peuple sahraoui sont une preuve supplémentaire de son ferme attachement au droit inaliénable des peuples à l’autodétermination et à la liberté conformément aux principes pertinents du droit international », a indiqué le mouvement séparatiste.