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Crise entre Paris et Canberra : E. Macron « sait » que S. Morrison lui a menti

En marge du G20 de Rome, sondé sur ce qu’il pensait du mensonge du Premier ministre australien à propos des négociations secrètes entre l'Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni sur l'accord de défense AUKUS, le Président français a rétorqué qu’il ne le pensait pas, mais qu’il le savait.

« Je sais » que le Premier ministre Scott Morrison m’a menti, a déclaré dimanche 31 octobre Emmanuel Macron à propos des négociations secrètes entre Australie, États-Unis et Royaume-Uni sur l’accord de défense Aukus, qui a engendré le torpillage du contrat des sous-marins français destinés à la marine australienne.
« Pensez-vous que Scott Morrison vous a menti ? », lui a demandé un journaliste australien, en marge du G20 de Rome. « Je ne [le] pense pas, je [le] sais », a rétorqué dans une réponse filmée le Président français, qui avait déjà exprimé sa colère après la rupture de l’accord passé entre la France et l’Australie concernant la vente de douze sous-marins pour 55 milliards d’euros.
« Nous discutons, nous verrons ce qu’il fera », a-t-il temporisé à propos de la possibilité de lui redonner sa confiance. « J’ai beaucoup de respect pour votre pays et beaucoup de respect et d’amitié pour votre peuple », a-t-il poursuivi, mais « quand on a du respect, on doit être deux et se conduire conformément à ces valeurs ».
E. Macron s’était entretenu jeudi avec le Premier ministre australien pour la première fois depuis la crise provoquée par l’annonce mi-septembre d’une nouvelle alliance entre les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni, baptisée AUKUS, qui a torpillé le méga-contrat de sous-marins français. Le Président français lui avait alors répété que cette rupture de contrat « avait rompu la relation de confiance entre [leurs] deux pays ».
Cette brouille a également provoqué une crise avec les États-Unis, allant jusqu’au rappel de l’ambassadeur français pendant quelques jours. Lors d’une rencontre vendredi avec le Président américain Joe Biden, ce dernier, visiblement désireux de surmonter cette brouille, n’a pas présenté d’excuses mais a reconnu que ce qui avait été « fait était maladroit et n’a[vait] pas été fait avec beaucoup d’élégance ». Il a assuré qu’il croyait que « la France avait été informée très en amont que le contrat ne se ferait pas ».
La décision de Canberra en septembre a déclenché une crise diplomatique sans précédent entre la France, les États-Unis et l’Australie, laquelle a rompu un contrat de plus de 50 milliards d’euros pour l’acquisition de 12 sous-marins français au profit d’engins américains.
Toute la « manœuvre « s’est déroulée à l’insu de la France et s’est terminée par un nouveau partenariat stratégique baptisé AUKUS (Australie-UK-USa). Les tensions sont remontées au niveau diplomatique, Paris ayant décidé dans la foulée le « rappel immédiat » pour consultations de ses ambassadeurs en poste dans ces deux pays alliés.
Depuis le déclenchement de la crise, E.Macron n’avait pas eu de contact direct avec S. Morrisson, bien qu’il ait échangé avec J. Biden et Boris Johnson, tous deux également critiqués par Paris après l’annonce de la nouvelle alliance entre les trois pays.
À quelques jours du G20 de Rome et de la COP26 de Glasgow, le Président français a néanmoins « encouragé » le Premier ministre australien à adopter des mesures ambitieuses à la hauteur de l’enjeu climatique, notamment le rehaussement de la contribution déterminée au niveau national, l’engagement de cesser la production et la consommation de charbon au niveau national et à l’étranger et le renforcement du soutien australien à l’alliance solaire internationale, souligne en outre le communiqué.

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