« Le cabinet israélien ne se réunira pas tant que les médiateurs (Qatar, Egypte et Etats-Unis) n’auront pas notifié à Israël que le Hamas a accepté tous les éléments de l’accord », ajoute le communiqué de la partie israélienne. La radio militaire israélienne avait précédemment rapporté que le cabinet se réunirait à 11h00 heure israélienne (9h00 GMT), mais la réunion a été reportée à une date ultérieure, selon le communiqué du bureau du premier ministre israélien.
En réponse aux allégations de Benyamin Netanyahu, le Hamas a affirmé son engagement à respecter l’accord de cessez-le-feu annoncé la veille (mercredi) par les médiateurs, qui doit entrer en vigueur dimanche 19 janvier. « Le Hamas s’est engagé à respecter l’accord de cessez-le-feu annoncé par les médiateurs », a déclaré Izzat al-Rishq, membre du bureau politique du Hamas dans un communiqué succinct publié sur Telegram.
Pour sa part, l’Égypte a appelé jeudi à la mise en œuvre « sans délai » de l’accord de cessez-le-feu annoncé la veille, ainsi qu’à l’échange d’otages retenus dans le territoire palestinien et de prisonniers incarcérés par Israël. La trêve annoncée la veille par les médiateurs du Qatar, des États-Unis et d’Égypte doit entrer en vigueur dimanche et prévoir l’échange d’otages israéliens contre des prisonniers palestiniens, après quoi les termes d’une fin définitive de la guerre seront finalisés. La diplomatie égyptienne a également fait part de sa disposition à accueillir une conférence internationale sur la reconstruction de la bande de Gaza, dévastée par plus de 15 mois de guerre.
Depuis New-York, António Guterres, Secrétaire général de l’ONU, a salué face aux journalistes l’accord de cessez-le-feu récemment annoncé pour la bande de Gaza, en appelant toutes les parties à « respecter leurs engagements ». Il a félicit »l’Égypte, le Qatar et les États-Unis pour leurs efforts diplomatiques en vue de cet accord. A. Guterres a exhorté « toutes les parties concernées à respecter leurs engagements et à veiller à ce que cet accord soit pleinement mis en œuvre », soulignant que « notre priorité doit désormais être d’atténuer les souffrances immenses causées par ce conflit ». Il a ajouté qu’il est «impératif que ce cessez-le-feu élimine les obstacles importants à la sécurité et à la politique pour la livraison de l’aide à travers Gaza, afin que nous puissions soutenir une augmentation majeure de l’aide humanitaire urgente et vitale ». Évoquant les « niveaux catastrophiques » de la situation humanitaire à Gaza, A. Guterres a exhorté toutes les parties à fournir « une aide humanitaire rapide, pour les blessés et en toute sécurité pour tous les civils dans le besoin. » Et souligné que cet accord constitue « une première étape cruciale » vers la réalisation d’objectifs plus larges dans le conflit. « Nous devons mobiliser tous les efforts pour avancer également sur des objectifs plus larges, y compris la préservation de l’unité, de la continuité et de l’intégrité du territoire palestinien occupé », a-t-il précisé. Il a insisté sur l’importance d’« un gouvernement palestinien unifié » pour une paix et une stabilité durables, en appelant tous les acteurs à saisir cet accord comme une opportunité pour un processus politique.
« J’exhorte les parties et tous les partenaires concernés à saisir cette occasion pour établir un processus politique crédible vers un avenir meilleur pour les Palestiniens, les Israéliens et la région dans son ensemble, mettant fin à l’occupation et atteignant une solution négociée à deux États, avec Israël et la Palestine vivant côte à côte en paix et en sécurité, conformément au droit international », a-t-il conclu.
Dans la foulée de l’annonce de accord de trêve suscitant des scènes de liesse dans l’enclave palestinienne, l’armée d’occupation a lancé plusieurs attaques. Des avions ont bombardé une maison à proximité du syndicat des ingénieurs dans la rue al-Jala’ dans Gaza city, tuant 18 palestiniens au moins dont des enfants. Un autre raid sur un carré résidentiel dans le quartier Redwan également à Gaza a fait 15 martyrs, selon un premier bilan encore provisoire dont des enfants. La Défense civile de la bande de Gaza a annoncé, jeudi 16 janvier, la mort de 73 personnes dans ce que son porte-parole a présenté comme une «forte intensification» des bombardements de l’armée israélienne survenus après l’annonce la veille d’un accord sur une trêve devant commencer dimanche. « Depuis que l’accord de cessez-le-feu a été annoncé, les forces d’occupation israéliennes ont tué 73 personnes, parmi lesquelles 20 enfants et 25 femmes » dans des bombardements ayant visé principalement Gaza-ville mais aussi Khan Younès (sud de la bande de Gaza), a indiqué Mahmoud Bassal, porte-parole de cet organisme de premiers secours. Selon lui, «230 personnes ont été blessées» dans ces bombardements qui « continuent ». L’armée d’occupation a aussi pilonné la rue al-Rashid pendant que les Palestiniens célébraient la conclusion de la trêve. De raids ont été perpétrés sur les tentes des déplacés a Der al-Balah au centre tandis que les navires de guerre israéliens bombardaient le camp de Nusseirat. El a aussi frappé un lieu où se trouvait une prisonnière incluse dans la première phase de l’accord de cessez-le-feu à Gaza, a indiqué, jeudi, le Hamas. « Toute agression ou bombardement à ce stade de la part de l’ennemi (israélien) pourrait transformer la libération d’une prisonnière en une tragédie », a déclaré Abu Obaida, porte-parole des Brigades Al-Qassam, dans une brève déclaration.
Selon l’organisation Conflict Monitor, Israël est le principal responsable de la plupart des décès et des blessures parmi les civils dans le monde au cours de l’année 2024. Dans son rapport, publié par l’organisation britannique Action on Armed Violence (AOAV), il a été confirmé que l’année dernière a été la plus meurtrière pour les civils depuis le début de la collecte de données en 2010. Des dizaines de milliers de personnes ont été tuées et blessées, soit une augmentation de 67 % par rapport à l’année précédente. Le rapport publié par le Newsweek le 14 janvier indique qu’Israël est responsable de 55 % de toutes les victimes civiles causées par des armes explosives dans le monde, dans le cadre de sa guerre en cours contre Gaza et les factions de l’Axe de la Résistance alliées à l’Iran.
Soutien US
La nouvelle administration de Donald Trump qui prend ses fonctions le 20 janvier prochain a affirmé qu’elle soutiendrait Tel-Aviv en cas de reprise du conflit. Dans un entretien accordé à Bret Baier sur Fox News mercredi, Mike Waltz, futur conseiller à la sécurité nationale du président élu, a fermement soutenu le droit d’Israël de reprendre les opérations militaires si nécessaire. « Nous avons clairement fait comprendre aux Israéliens que s’ils doivent y retourner, nous sommes avec eux si le Hamas ne respecte pas les termes de cet accord », a-t-il déclaré. « Le Hamas ne continuera pas en tant qu’entité militaire et ne gouvernera certainement pas Gaza », a-t-il également ajouté. De surcroît, M. Waltz a attribué les avancées des négociations vers la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à « l’effet Trump ». « Nous verrons les otages sortir et embrasser leurs familles au moment où le président Trump prêtera serment », a-t-il indiqué. De son côté, D. Trump a célébré le 15 janvier l’accord sur son réseau social Truth Social : «NOUS AVONS UN ACCORD POUR LES OTAGES AU MOYEN-ORIENT. ILS SERONT BIENTÔT LIBÉRÉS. MERCI !» Il a ensuite précisé : « Cet accord de cessez-le-feu ÉPIQUE ne pouvait avoir lieu qu’à la suite de notre victoire historique en novembre, signalant au monde entier que mon administration rechercherait la paix et négocierait des accords pour garantir la sécurité de tous les Américains et de nos alliés ». D. Trump a également souligné le rôle de son équipe : «Mon équipe de sécurité nationale, par l’intermédiaire de l’envoyé spécial au Moyen-Orient, Steve Witkoff, continuera à travailler étroitement avec Israël et nos alliés pour s’assurer que Gaza ne redevienne JAMAIS un refuge pour les terroristes. Nous continuerons à promouvoir la PAIX PAR LA FORCE dans toute la région, en nous appuyant sur la dynamique de ce cessez-le-feu pour étendre davantage les historiques Accords d’Abraham ». Un message à peine voilé à l’Arabie saoudite qui était sur le point de normaliser ses relations avec l’Etat hébreu avant le 7 octobre 2023.
Le Premier ministre qatari a annoncé le succès des efforts en vue d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, après 15 mois de guerre sans merci contre le peuple palestinien. Mohamad ben Abdel Rahman Al Thani a déclaré en conférence de presse que le Hamas et Israël ont accepté la dernière version de l’accord livrée mardi. Il entrera en vigueur dimanche 19 janvier a-t-il précisé, assurant que son pays qui parrainait les négociations ainsi que l’Egypte et les Etats-Unis œuvreront pour garantir son exécution.
Selon les termes de l’accord obtenus par la chaine de télévision d’information libanaise Al-Mayadeen, l’accord de cessez-le-feu prévoit un retrait israélien complet vers la frontière de toutes les zones de la bande de Gaza, en plus du retrait du passage de Rafah et de son ouverture, et du retrait progressif du couloir de Netzarim au centre et de l’axe de Philadelphie au sud de l’enclave palestinienne.
Dans la première phase de l’accord, Israël va libérer environ 2 000 prisonniers palestiniens, dont 250 condamnés à la réclusion à perpétuité ainsi que tous les prisonniers du « deal Shalit » qui avaient été réarrêtés. Tous les détenus femmes et enfants ayant moins de 19 ans devraient aussi être libérés. Selon les termes de l’accord, Israël libérera 30 prisonniers palestiniens pour chaque captif civil israélien et 50 pour chaque femme soldat israélienne.
Concernant la situation interne dans la bande de Gaza, le texte garantit le retour de toutes les personnes déplacées dans leurs zones de résidence et l’arrêt de survol des avions israéliens de combat ou de reconnaissance dans son espace aérien pendant 8 à 10 heures par jour. Les personnes déplacées du sud de Gaza retourneront au nord sans inspection, après le retrait des forces de l’occupation de la rue Rashid jusqu’à la profondeur du couloir de Netzarim, et la population de Gaza aura liberté de mouvement au nord et au sud de Gaza via la rue Rashid.
Le 22e jour, l’armée d’occupation se retirera de tout l’axe « Netzarim », à l’est de la rue Salah al-Din, et les gens retrouveront la liberté de mouvement.
Catastrophe humanitaire
Sur le plan humanitaire, l’accord stipule la réhabilitation de tous les hôpitaux, l’introduction d’hôpitaux de campagne, d’équipes médicales et chirurgicales dans la bande de Gaza, et le voyage des blessés pour être soignés à l’étranger.
L’accord prévoit l’entrée de 600 camions d’aide par jour, dans le cadre d’un « protocole humanitaire » parrainé par l’État du Qatar, ainsi que l’entrée de 200.000 tentes et 60.000 caravanes pour un abri d’urgence.
Les médias d’Etat égyptiens, citant une source de sécurité égyptienne, ont rapporté qu’une coordination était en cours pour « ouvrir le passage palestinien de Rafah afin de permettre l’entrée de l’aide internationale ». Ce poste-frontière est fermé depuis mai, lorsque l’armée d’occupation israélienne s’est emparée de la zone et a fermé son côté palestinien.
Selon les médias israéliens, la première phase de l’accord durera 6 semaines, au cours de laquelle seront livrés 33 captifs israéliens, les vivants et les morts. Les 66 autres devraient être libérés pendant les deuxième et troisième phases.
Des centaines de manifestants israéliens se sont rassemblés devant le siège de B. Netanyahu dans la ville sainte d’al-Qods, réclamant la conclusion de l’accord.
Après l’annonce de l’accord sur la trêve, des scènes de liesse ont eu lieu dans plusieurs régions de la bande de Gaza et de la Cisjordanie occupée. Cette fièvre s’est propagée aussi aux camps de réfugiés palestiniens au Liban.
Selon les estimations de l’ONU, la reconstruction de la bande de Gaza après la fin de la guerre israélienne nécessitera des milliards de dollars. La guerre israélienne a tué plus de 46 000 Palestiniens, dont une majorité de femmes et d’enfants, selon le ministère de la Santé dans la bande de Gaza. Les Nations Unies ont indiqué en octobre 2024 que l’élimination des 42 millions de tonnes de décombres issus des bombardements israéliens pourrait prendre des années et coûter 1,2 milliard de dollars. Selon une estimation de l’ONU datant d’avril 2024, il faudrait 14 ans pour retirer les décombres.
On pense que les décombres sont contaminés par de l’amiante. On sait que certains camps de réfugiés détruits pendant la guerre ont été construits avec ce matériau. Les débris contiennent probablement des restes humains. Le ministère palestinien de la Santé a estimé en mai 2024 qu’il y avait environ 10 000 corps sous les décombres.
Un rapport de l’ONU publié l’année dernière a montré que la reconstruction des maisons détruites dans la bande de Gaza pourrait prendre au moins jusqu’en 2040, voire des décennies. Selon les données satellite de l’ONU de décembre, les deux tiers des bâtiments d’avant-guerre de Gaza, soit plus de 170 000, ont été détruits ou rasés. Cela équivaut à environ 69% du total des bâtiments de la bande de Gaza. Ce recensement comprend un total de 245 123 unités d’habitation. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies a déclaré que plus de 1,8 million de personnes ont actuellement besoin d’un abri à Gaza.
Un rapport des Nations Unies et de la Banque mondiale publié en janvier 2024 indique que les dommages aux infrastructures sont estimés à environ 18,5 milliards de dollars.
Les dommages ont affecté les bâtiments résidentiels, les locaux commerciaux et industriels et les services de base tels que l’éducation, la santé et l’énergie. Une mise à jour du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies publiée en janvier 2025 a montré que l’approvisionnement en eau représente désormais moins d’un quart des niveaux d’avant-guerre, tandis qu’au moins 68 % du réseau routier a été gravement endommagé.
Des images satellite analysées par les Nations Unies montrent que plus de la moitié des terres agricoles de Gaza, vitales pour nourrir la population du territoire, ont été détériorées par la guerre. Les données révèlent une augmentation de la destruction des vergers, des cultures de plein champ et des légumes dans l’enclave palestinienne, où la faim se propage après 15 mois de bombardements israéliens.
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture a déclaré l’année dernière que 15 000 têtes de bétail, soit plus de 95% du cheptel total, et environ la moitié des moutons, avaient été abattus ou étaient morts depuis le début de la guerre.
Les données palestiniennes précisent que la guerre génocidaire israélienne a détruit plus de 200 installations gouvernementales, 136 écoles et universités, 823 mosquées et trois églises. Le rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU a indiqué que de nombreux hôpitaux ont été détruits pendant la guerre, et seulement 17 des 36 unités fonctionnaient encore partiellement en janvier 2025.
Le laboratoire d’analyse des données de crise d’Amnesty International a mis en évidence l’ampleur des dégâts le long de la frontière orientale de la bande de Gaza. En mai 2024, plus de 90 % des bâtiments de cette zone, à savoir plus de 3 500 bâtiments, ont été détruits ou gravement endommagés.