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Algérie 1962-2022 : Le défilé de la dépendance

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Première impression

Un défilé, un spectacle, une tarte à la crème ou un canular ? À y regarder d’un peu plus près : au bruit de bottes, ils ne sont même pas capables de défiler vraiment au pas, en rang serrés … 60 ans de retard, « je ne veux voir qu’une tête » criait l’adjudant-chef.

Souvenir, souvenir

1922 : Mussolini accède au pouvoir, 700 000 fascistes prennent le pouvoir. Que c’était-il passé un demi-siècle plus tard en Afrique du Nord : les coups d’État s’enchaînent et mettent définitivement au pouvoir les DAF (« Déserteurs » de l’Armée Française) et les militaires les plus véreux, abjects et assoiffés de sang et de pétrole saharien.

Qui Alger veut-elle impressionner ? A qui Alger veut faire peur ?

France, USA, Espagne, Russie, Israël, Tunisie, Libye, Maroc, Mali, Niger, Europe, Otan, ? … les Émirats où les apprentis-dictateurs du régime possèdent des comptes en banque où s’amoncelle le produit de la rapine, des commissions, des rétro-commissions, des lingots d’or.

Qui est là ? Qui est venu assister à la grand-messe ? un prête-nom qui ne représente que lui-même, le mensonge et la duplicité de l’Autorité palestinienne qui collabore avec ses maîtres même pas capable d’assurer la sécurité d’une journaliste émérite. Même pas peur ? Un Tunisien assoiffé de pouvoir et quasiment personne d’autre si ce n’est les protocolaires, des figurants et des seconds couteaux : le flop ! Mao Tsé Toung et Che Guevara ne sont pas venus ni même Miriam Makeba. Merchandising oblige, Coca-cola non plus n’est pas là. Quelque peu esseulé, le Prince de Monaco est venu assister aux Jeux méditerranéens à Oran. 60 ans de retard.

À qui Alger montre ses muscles ?

À qui d’autres, si ce n’est aux pauvres, aux sans défenses, aux chômeurs, opprimés, sans droits, jeunes, des campagnes ou des djebels enclavés, aux immigrés clandestins, etc … un défilé à usage interne, avec 60 ans de retard, sur la route moutonnière, le front de mer ou sur les hauteurs : là où se jettent les nouveau-nés dans leurs langes sur le bord du macadam, où s’agglutinent les bidons-villes en parpaings ou en Hlm antédiluvien d’avant « l’indépendance » au « clos Salembier », au « climat de France » à El-Harrach, ou au ravin de la femme sauvage transformé non loin en « boulevard FLN » reconnaissable aux constructions de béton ou ciment apparent et aux villas de 20/30 pièces entourées de murs de 5 à 6 mètres de hauteurs et de statues de lions en plâtre ou ciment blanc de mauvais goût. Les banlieues bunker privilégiées dans lesquelles on consomme du Doliprane apporté par les enfants parfois turbulents qui habitent les capitales d’Europe à 1000 ou 2000 kilomètres.

Intelligence artificielle, marketing d’influenceur et gloriole

Un siècle de retard : à l’ère de l’IA, du Big Data, des métalangages et des métadonnées, alors que certains même se prennent pour des cyborg (transhumanisme), à l’heure des cryptomonnaies et de la géo-ingénierie… Soyons indulgent, bon prince, que tout cela semble suranné, poussiéreux, ringard, d’un autre âge à l’ombre de Houbel (le monument en forme de spoutnik qui surplombe la baie).

Cela rappelle, à l’heure des colonels, l’inauguration d’un navire « algérien », en fait réalisé ou monté en collaboration avec l’Égypte de Nasser (l’Égypte des officiers libres !) – encore une immense mystification, une propagande totalitaire – qui, face au port de Annaba, sous l’œil médusé des caméras et de la foule amassée, offre le spectacle d’un navire qui coule (et ce n’est pas une métaphore, cela a réellement existé dans les années soixante-dix).

Puis, ce sera le tour de la Mina 4 une « voiture algérienne », annonce la presse aux ordres grandiloquente, un véhicule qui n’est pas capable de rivaliser avec la quatre chevaux (Renault des années quarante) et qui lors d’une cérémonie pompeuse en plein centre d’Alger va tomber en panne sous l’œil des masses populaires amenées en car, en grand renfort, par le FLN, les services de sécurité et les « organisations de masse » : le grand flop, le grand jour, sous l’œil médusé de la foule conditionnée pourtant prête à applaudir sur ordre : la Mina 4 tombe en panne et refuse mordicus d’avancer le moindre centimètre de plus.

La fable

On n’est pas là pour se faire engueuler, on est là pour voir le défilé, Boris Vian. Qui veut-on encore tromper ? Ou peut-être tout ce ramdam a-t-il aussi pour objectif de rassurer le système politico-militaire qui ne se complaît guère que dans l’autosatisfaction et le délire démodé de la junte corrompue et criminelle en pleine guerre des clans de généraux octogénaires, des dinosaures de papiers hors-sol mais déjà un pied dans la tombe à l’image de leur ancien mentor sur fond de hirak persistant et de guerre larvée. Les murs des grandes villes de l’Algérie du littoral résonnent encore du slogan des millions de hirakistes hebdomadaires : « INDÉPENDANCE », comme si 60 ans après, ils prenaient conscience qu’ils n’ont jamais été indépendants.

Mussolini, inventeur du fascisme et parangon du populisme à l’ancienne, lui-même n’y comprend que couic. Le temps s’est définitivement arrêté à Alger, capitale des révolutions et contre-révolutions de pacotille hors du temps. Même les faux danseurs touaregs étaient des postiches qui exécutaient des chorégraphies de très mauvais goût qui ont soulevé l’indignation et la révolte des Touaregs et des habitants du Sahara Central, visité par des touristes russes et chinois.

La morale, le moral des troupes

Franchement, les spectateurs s’attendaient à plus. On s’attendait à de grandes déclarations d’intention, même pas, à des gestes susceptibles d’alimenter la rente mémorielle, de ressasser le passé, rien, pas un geste. Pas une miette (ou des restes que le charognard repus aurait abandonné), pas une miette, une libération de détenus illégalement détenus et/ou torturés au mépris des Droits de l’Humain, une grâce, un pardon, à petite dose de résilience, une invention extraordinaire, un plan quadriennal, la une des journaux, une classe moyenne flattée (il n’y en a pas). Quoi ? Pourquoi ? Ce ne fut même pas un grand flop. Niet ! Rien, l’être et le néant. Ils ne bénéficieront même pas du doute. Déçus, les manants et les figurants s’en retournèrent à leurs flops quotidiens.

Abderrahmane Mekkaoui, politologue

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