Le directeur de l’Hôpital indonésien a déploré « une situation catastrophique », indiquant que l’hôpital a accueilli dans la nuit de mercredi à jeudi 43 martyrs et 82 blessés.
Depuis l’aube du mardi, 506 martyrs dont 200 enfants et 909 blessés ont été recensés dans les bombardements israéliens continus sur la bande de Gaza, a indiqué le porte-parole du ministère de la Santé de Gaza. « 70% des blessés sont des femmes et des enfants et les blessures de la plupart d’entre eux sont graves », a-t-il assuré.
Des correspondants sur place ont constaté que l’armée israélienne a réoccupé le couloir de Netzarim qui sépare le nord de l’enclave de son sud, interdisant les déplacements des Palestiniens. L’armée d’occupation a par ailleurs affirmé jeudi avoir tué le chef de la sécurité intérieure du Hamas, lors d’une frappe aérienne dans la bande de Gaza. « Ces derniers jours, l’armée israélienne et le Shin Bet (sécurité intérieure) ont mené une frappe et éliminé le terroriste Rachid Jahjouh, le chef du Service de la sécurité générale du Hamas », a indiqué sur X Avichay Ardaee, porte-parole arabophone de l’armée, ajoutant que R. Jahjouh avait succédé à Sami Odeh, tué en juillet 2024.
Le calvaire de l’exode est de retour : hommes, femmes et enfants ont fui plus au sud au milieu des décombres, à pied ou entassés dans des charrettes tirées par des ânes, emportant matelas de mousse, bassines en plastique ou tentes, selon l’AFP. « Une nouvelle offensive terrestre est lancée dans le nord sur l’axe côtier de la région de Beit Lahia », a aussi déclaré l’armée sioniste.
Dans l’après-midi, les sirènes d’alerte ont retenti dans la ville israélienne de Tel Aviv, « après des tirs de roquettes depuis la bande de Gaza », selon l’armée d’occupation. Les tirs ont été revendiqués par la branche armée du Hamas. « Les Brigades al-Qassam ont bombardé la ville de Tel-Aviv […] avec une salve de roquettes M90 en riposte aux massacres de civils commis par les sionistes », indiquent-elles dans un communiqué. L’armée israélienne a fait état de son côté de trois roquettes tirées de la bande Gaza, affirmant en avoir intercepté une et ajoutant que les deux autres étaient tombées en zone inhabitée.
Mardi, Israël a lancé sur Gaza ses frappes les plus meurtrières depuis l’entrée en vigueur de l’accord de trêve le 19 janvier, et Netanyahu a averti qu’elles n’étaient « que le début ». Cette décision a accentué sur lui la pression des familles de captifs. Elles ont manifesté en plusieurs milliers ce jeudi dans la ville sainte d’al-Qods, en l’accusant de poursuivre la guerre au mépris du sort des otages. « Nous avons tous été pris en otage par un gouvernement sanguinaire », ont scandé certains manifestants, d’autres appelant à la démission du Premier ministre. Moshé Yaalon, ex-ministre de la Défense, a invité les Israéliens à descendre dans les rues pour protester contre la reprise de la guerre. « Il faut remplacer le gouvernement de Netanyahu. Seule la protestation peut provoquer un changement. Tous devraient descendre dans les rues pour mettre fin à la plus grande crise de notre histoire », a-t-il dit.
Par ailleurs, les négociations menées par l’intermédiaire du Qatar, des Etats-Unis et de l’Egypte, n’ont pas progressé. Le Hamas qui a affirmé ne pas « refermer la porte des négociations », a réitéré ses exigences de commencer la seconde phase des négociations prévues par l’accord de trêve. Elle prévoit un cessez-le-feu permanent, le retrait israélien de Gaza, la réouverture des points de passage pour l’aide humanitaire et la libération des derniers otages.
La première phase de la trêve, qui a expiré le 1er mars, a permis le retour de 33 captifs, dont huit morts, et la libération d’environ 1.800 détenus palestiniens. Israël souhaite une extension de la première phase jusqu’à mi-avril et réclame, pour passer à la deuxième, la « démilitarisation » de Gaza et le départ du Hamas. Des dirigeants israéliens n’ont pas caché qu’ils projettent de transférer les Palestiniens en dehors de l’enclave palestinienne.Comme moyens de pression, Israël a déjà bloqué l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza et coupé l’électricité dans ce territoire pauvre où s’entassent quelque 2,4 millions de Palestiniens.
Philippe Lazzarini, chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), a déploré jeudi « un déchaînement sans fin des épreuves les plus inhumaines » pour la population de Gaza après la reprise des opérations militaires israéliennes dans ce territoire. « Les bombardements des forces israéliennes à partir des airs et de la mer se poursuivent pour le troisième jour », écrit P. Lazzarini sur son compte X. « Chaque jour, sous nos yeux, les habitants de Gaza revivent encore et encore leur pire cauchemar », ajoute-t-il, déplorant « un déchaînement sans fin des épreuves les plus inhumaines ».
« Nous craignons que le pire soit encore à venir compte tenu de l’invasion au sol séparant le nord du sud » de la bande de Gaza, écrit P. Lazzarini. Il a assuré que 5 employés de l’agence ont été tués durant ces deniers jours à Gaza.
Le Hamas a tenu l’occupation israélienne et ses dirigeants terroristes entièrement « responsables des répercussions de l’incursion terrestre dans le centre de la bande de Gaza mercredi ». Il a déclaré dans un communiqué que « les menaces sionistes répétées de déplacer le peuple palestinien de ses terres révèlent la profondeur de la crise traversée par le gouvernement du criminel de guerre Netanyahu ». Le Hamas a souligné que « le peuple palestinien contrecarrera toute tentative de déplacement forcé ou volontaire, et nous le disons clairement : il n’y a pas de migration sauf vers alQods ». Le communiqué a affirmé son engagement envers l’accord de cessez-le-feu, appelant les médiateurs à « assumer leurs responsabilités en mettant fin à ces violations et en obligeant Netanyahu à les retirer ».
B. Netanyahu a affirmé que « les négociations avec le Hamas seront désormais sous le feu des critiques », ajoutant que « la reprise des combats intervient après que le Hamas a rejeté toutes les offres israéliennes de libération de prisonniers israéliens ». Cependant, le Hamas a affirmé à plusieurs reprises que « l’occupation a violé l’accord de cessez-le-feu et a manqué à ses engagements concernant la deuxième phase ».