Le cabinet de sécurité a voté jeudi soir à une écrasante majorité en faveur de la position de Benjamin Netanyahu qui prévoit le maintien des troupes israéliennes dans le corridor de Philadelphie dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages toujours en cours de négociation, selon un haut responsable du bureau du Premier ministre. Les ministres ont été invités à approuver une série de cartes établies par l’armée sioniste montrant comment Israël entend maintenir la présence de ses troupes dans le corridor de Philadelphie qui s’étend sur 15 km le long de la frontière entre l’Égypte et la bande de Gaza. Ces cartes ont déjà été adoptées par les États-Unis, a ajouté le responsable, faisant apparemment référence à la proposition de compromis présentée plus tôt ce mois-ci par l’administration Biden.
Seul Yoav Gallant, ministre de la Défense, a voté contre, reflétant la propension de l’establishment de la Sécurité à faire preuve de plus de souplesse sur cette question, craignant que la position de B. Netanyahu ne fasse traîner les négociations et ne mette en péril la vie des otages. Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale d’extrême droite, s’est abstenu au motif que la position de B. Netanyahu n’était pas assez ferme.
Lors de la réunion du cabinet de sécurité, B. Netanyahu a vivement critiqué l’establishment de la défense, affirmant qu’ils avaient soutenu à tort le retrait d’Israël de Gaza en 2005, le retrait du Liban en 2000, ainsi que les Accords d’Oslo des années 1990.
En face, le Forum des familles d’otages a vivement critiqué le Premier ministre. « Après près d’un an de négligence, Netanyahu ne manque pas une seule occasion de s’assurer qu’il n’y aura pas d’accord », a déclaré le Forum. « Pas un jour ne passe sans que Netanyahu prenne des mesures concrètes pour compromettre le retour de tous les otages. »
Du côté de la résistance palestinienne, on parle déjà de l’effondrement des négociations parrainées par les USA qui agit comme juge et partie à la fois. Le Hamas rappelle qu’il s’en tient à l’offre présentée par l’Oncle Sam devant l’ONU, offre qui éloigne le spectre de la réoccupation israélienne de l’enclave palestinienne.
Sur ces entre-faits, l’ONG américaine Anera a annoncé vendredi à l’AFP que quatre Gazaouis qui accompagnaient l’un de ses convois dans le sud de la bande de Gaza avaient été tués dans une frappe aérienne israélienne la veille. L’armée israélienne a de son côté assuré avoir mené une « frappe précise » après que « des assaillants armés ont pris le contrôle du véhicule de tête du convoi ». Mercredi 28 août, le Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM) avait annoncé suspendre ses mouvements dans Gaza après qu’un de ses véhicules avait été touché la veille par des tirs israéliens.
Comme d’habitude, la réaction américaine se démarque par sa mollesse. Les Etats-Unis ont demandé jeudi à Israël de « rectifier immédiatement » sa conduite, affirmant qu’Israël avait admis être à l’origine des tirs de mardi soir contre un convoi d’aide humanitaire du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies (ONU) à l’intérieur de Gaza, que les Israéliens auraient attribué à une erreur de communication entre des unités de l’armée. « Les travailleurs humanitaires sont là pour aider les civils innocents, et Israël doit veiller à leur protection », a écrit Matthew Miller, porte-parole du Département d’État américain, sur X. Alors que Robert Wood, représentant adjoint des États-Unis auprès des Nations unies, a déclaré que Tel-Aviv avait informé Washington qu’un premier examen avait révélé que les coups de feu avaient été tirés à la suite d’une erreur de communication.
A signaler qu’en parallèle, la Cisjordanie occupée cristallise aussi la résistance palestinienne face à l’occupant sioniste. Le ministère palestinien de la Santé a assuré que le nombre de martyrs de l’offensive israélienne contre la Cisjordanie s’est élevé à 19 martyrs. Les Brigades des Martyrs d’al-Aqsa du Fatah ont annoncé le martyre de l’un de ses chefs de terrain dans un attentat dans la localité al-Zababda à Jénine. Pour sa part, l’armée sioniste a déclaré avoir tué vingt hommes armés et arrêté dix-sept Palestiniens activement recherchés lors d’une opération majeure – toujours en cours – dans le nord de la Cisjordanie. L’opération se déroule à Tulkarem, Jénine et dans le camp de Fara, près de Tubas. Les soldats d’occupation ont par ailleurs détruit des dizaines d’engins explosifs et saisi de nombreuses armes, précise la même source.