« Au cours des trois dernières semaines, le commandement de la résistance a enregistré les violations de l’ennemi et son refus de se conformer aux termes de l’accord, notamment en retardant le retour des personnes déplacées dans le nord de Gaza, en les prenant pour cible avec des bombardements et des tirs dans diverses zones de la Bande, et en empêchant l’entrée de l’aide humanitaire sous toutes ses formes conformément à l’accord, alors que la résistance a pleinement respecté ses engagements », a déclaré le porte-parole Abu Obaida, dans un communiqué publié sur Telegram. « En conséquence, la libération des prisonniers sionistes (israéliens), qui était prévue pour le samedi prochain, sera reportée jusqu’à nouvel ordre, en attendant que l’occupation respecte pleinement l’accord et qu’elle accorde des compensations rétroactives pour les semaines écoulées », a-t-il ajouté.
Le porte-parole a déclaré que le mouvement demeurait attaché à l’accord « tant qu’Israël » en respecterait les termes.
Quelques heures auparavant, le Hamas a qualifié le retrait israélien du corridor de Netzarim, au centre de Gaza, de « signe de l’échec des objectifs de guerre » d’Israël. « Le retour des déplacés, les échanges de prisonniers en cours, et le retrait de Netzarim révèlent tous les mensonges du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, qui prétend avoir remporté une victoire totale sur notre peuple », a déclaré Abdul Latif al-Qanou, porte-parole, dans un communiqué. « Chaque tentative des forces d’occupation de soumettre Gaza à un contrôle militaire et de la diviser a échoué face au courage de la résistance et à la détermination de notre peuple », a-t-il ajouté.
Le porte-parole du Hamas a également affirmé que le président américain échouerait dans sa tentative d’imposer ses objectifs à Gaza « par le biais de transactions immobilières et de médiation », après l’échec d’Israël « en 15 mois de famine, de génocide et de destruction systématique. »
Le 4 février, Donald Trump avait déclaré que Washington prendrait en charge Gaza et réinstallerait les Palestiniens ailleurs, dans le cadre d’un plan extraordinaire de réaménagement qu’il prétendait capable de transformer l’enclave en « la Riviera du Moyen-Orient. » Proposition qui a suscité de vives condamnations de la part des Palestiniens, des pays arabes et de nombreuses autres nations à travers le monde, y compris le Canada, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni. « Gaza restera une terre libre, défendue par son peuple et ses combattants de la résistance, et restera hors de portée des envahisseurs et des occupants étrangers », a déclaré A. Qanou.
L’armée israélienne a retiré ses forces du corridor de Netzarim, qui sépare le nord de Gaza du sud, dimanche, après plus d’un an et trois mois d’occupation. Un accord de cessez-le-feu est entré en vigueur le 19 janvier à Gaza, suspendant la guerre génocidaire d’Israël qui a tué près de 48 200 Palestiniens, pour la plupart des femmes et des enfants, et laissé l’enclave en ruines.
Benjamin Netanyahu, a qualifié dimanche de « révolutionnaire » la proposition de D. Trump d’une prise de contrôle de la bande de Gaza par les États-Unis, selon l’AFP. « Le président Trump est venu avec une vision complètement différente et bien meilleure pour Israël – une approche révolutionnaire et créative », a-t-il déclaré, s’exprimant devant son cabinet après son retour de Washington. Selon le Premier ministre israélien, D. Trump était « très déterminé à la mettre en œuvre » et que leurs entretiens avaient débouché sur « des résultats ».
D. Trump a déclaré, dans un entretien diffusé lundi, que les Palestiniens qui quitteront la Bande de Gaza assiégée, ne seront pas autorisés à y revenir dans le cadre de son plan très largement contesté d’appropriation de l’enclave côtière. « Nous construirons des communautés sûres un peu à l’écart de l’endroit où ils se trouvent, là où se trouve tout ce danger. En attendant, j’en serais le propriétaire. Pensez-y comme à un projet immobilier pour l’avenir, ce serait un beau terrain », a déclaré D. Trump lors d’une interview accordée à Fox News.
Interrogé directement par l’intervieweur si les Palestiniens auraient « le droit de revenir », Trump a répondu catégoriquement : « Non, ils ne l’auront pas, parce qu’ils auront de bien meilleurs logements ». « En d’autres termes, je parle de construire un lieu permanent pour eux, parce que s’ils doivent rentrer maintenant, il faudra des années avant qu’ils ne puissent […] ce n’est pas habitable. Il faudra des années avant que cela ne se produise. Je parle de commencer à construire et je crois que je pourrais passer un accord avec la Jordanie, je crois que je pourrais passer un accord avec l’Égypte, vous savez, nous leur donnons des milliards et des milliards de dollars par an », a-t-il ajouté.
Cette proposition intervient alors qu’un cessez-le-feu est en cours et que la guerre d’Israël contre Gaza a été suspendue au bout de 15 mois. Le plan visant à s’approprier la Bande de Gaza a été largement rejeté sur la scène internationale, mais D. Trump a insisté sur le fait qu’il le mènerait à bien, affirmant à plusieurs reprises qu’il pouvait forcer l’Égypte et la Jordanie à accueillir les réfugiés palestiniens – des affirmations que les deux pays ont publiquement rejetées, comme l’ont fait les Palestiniens. Le roi Abdallah de Jordanie est attendu dans la semaine à la Maison Blanche cette semaine.
Le plan de D. Trump présente de fortes similitudes avec celui présenté publiquement par son gendre Jared Kushner en mars 2024, lorsque l’ancien conseiller du président a fait l’éloge du « très précieux » territoire palestinien en bordure de la Méditerranée. « Le terrain en bord de mer de Gaza pourrait être très précieux si les gens se concentraient sur la construction de moyens de subsistance », a déclaré Kushner lors d’une interview à l’université de Harvard. Et d’ajouter : « La situation est un peu malheureuse, mais je pense que, du point de vue d’Israël, je ferais de mon mieux pour déplacer les gens et ensuite nettoyer les lieux ».
Pour sa part, Isaac Herzog, président israélien a déclaré dimanche que le président américain allait rencontrer le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et peut-être le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salman.
La poudre parle en Cisjordanie
L’armée israélienne a annoncé l’extension de ses opérations en Cisjordanie. Après les raids contre la ville de Jénine, des raids ont été menés contre le camp de réfugiés de Nur Shams, dans la région de Tulkarem. Deux Palestiniennes, dont l’une était enceinte, ont été tuées. Au terme de trois semaines d’opération « Mur de fer », l’armée israélienne a élargi son champ d’action au camp de réfugiés de Nur Shams, non loin de Tulkarem.
Des forces importantes de Tsahal, du Shin Bet et de la police des frontières sont déployées dans le secteur, où plusieurs Palestiniens ont été tués et des suspects arrêtés. Des familles palestiniennes ont commencé à évacuer le camp de réfugiés d’Al-Faraa, près de Tubas.
À Jénine, en partie vidée de ses habitants, la situation est particulièrement complexe. Des violences contre le personnel médical Le ministère palestinien de la Santé a annoncé que des forces israéliennes avaient tué le 9 février deux Palestiniennes, dont l’une enceinte de huit mois, en Cisjordanie occupée. L’armée israélienne affirme avoir « ciblé des terroristes » dans le secteur. Soundus Jamal Mohammad Chalabi, 23 ans, a été tuée avant l’aube dans le camp de réfugiés de Nur Chams, selon le ministère, qui précise que son mari, Yazan Abou Chola, a été grièvement blessé. La jeune femme est décédée à son arrivée à l’hôpital local. « Les équipes médicales n’ont pas pu sauver la vie du bébé en raison de l’occupation (l’armée israélienne) qui a empêché le transfert des blessés à l’hôpital », a ajouté le ministère dans un communiqué. D’après des témoins, les forces israéliennes ont ouvert le feu sur la famille alors qu’elle était déplacée du camp. L’armée israélienne a envahi le camp tôt dimanche matin, forçant plusieurs familles à quitter leurs maisons et les transformant en camps militaires. L’armée israélienne a affirmé que l’attaque visait ce qu’elle a qualifié d’« activités perturbatrices » dans le camp.
Dans un nouveau rapport(Nouvelle fenêtre), publié le 6 février, Médecins sans frontières (MSF) a énuméré les actes de violences commis contre les structures médicales en Cisjordanie depuis octobre 2023. L’ONG constate une multiplication d’incidents imputés à l’armée israélienne et aux colons juifs qui ont sérieusement entravé l’accès aux soins des Palestiniens. MSF constate aussi une recrudescence des violences contre les ambulances, le personnel hospitalier et les centres médicaux qui peuvent être encerclés ou perquisitionnés, voire saccagés par l’armée israélienne ou par des colons juifs de Cisjordanie.
Cette escalade israélienne fait suite à une offensive militaire plus large lancée le 21 janvier à Jénine et dans son camp de réfugiés, ainsi que dans les villes voisines, qui a fait au moins 25 morts, selon le ministère palestinien de la Santé.
L’armée israélienne a étendu son assaut à Tulkarem le 27 janvier, tuant cinq personnes supplémentaires. Le 2 février, une autre offensive a été lancée dans la ville de Tammun et le camp de réfugiés de Far’a dans la ville de Tubas.
Cette escalade intervient après un cessez-le-feu et un accord d’échange de prisonniers à Gaza le 19 janvier, après plus de 15 mois de bombardements israéliens ayant fait près de 48 200 victimes palestiniennes et dévasté l’enclave. Depuis le début de la guerre le 7 octobre 2023, les forces israéliennes et les colons ont tué au moins 906 Palestiniens à travers la Cisjordanie occupée, selon le ministère de la Santé.