Le président américain a déclaré, lundi 10 février, que si tous les otages israéliens détenus dans la bande de Gaza ne sont pas restitués d’ici samedi midi, il proposerait d’annuler le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas et d’ouvrir un véritable « enfer » à Gaza. Pour le président américain, Israël devrait « annuler » l’accord de cessez-le-feu avec la résistance palestinienne si l’ultimatum est dépassé.« En ce qui me concerne, si tous les otages ne sont pas ramenés d’ici samedi midi — je pense que c’est une date convenable — je dirais: +annulez-le et rien ne va plus, qu’un véritable enfer se déchaîne+ », a-t-il déclaré à la presse depuis la Maison Blanche.
Le président américain a en outre affirmé qu’il envisageait d’arrêter les aides à l’Egypte et à la Jordanie si elles n’accueillaient pas les Palestiniens de Gaza, comme le prévoit son plan. Une éventualité d’accueil que les deux pays refusent fermement à ce stade.
L’Egypte avait rejeté plus tôt lundi « tout compromis » portant atteinte aux droits des Palestiniens vivant à Gaza, selon un communiqué publié après la rencontre du ministre des Affaires étrangères égyptien avec son homologue américain à Washington.
Le roi de Jordanie qui doit rencontrer D. Trump mardi à Washington, avait la semaine passée rejeté « toute tentative » visant à prendre le contrôle des Territoires palestiniens et déplacer ses habitants.
Le président américain a en outre déclaré, dans un entretien diffusé lundi, que les Palestiniens qui quitteront la Bande de Gaza assiégée, ne seront pas autorisés à y revenir dans le cadre de son plan d’appropriation de l’enclave côtière. « Nous construirons des communautés sûres un peu à l’écart de l’endroit où ils se trouvent, là où se trouve tout ce danger. En attendant, j’en serais le propriétaire. Pensez-y comme à un projet immobilier pour l’avenir, ce serait un beau terrain », a-t-il signalé à Fox News. Interrogé directement par l’intervieweur si les Palestiniens auraient « le droit de revenir », il a répondu catégoriquement : « Non, ils ne l’auront pas, parce qu’ils auront de bien meilleurs logements ». « Il faudra des années avant que cela ne se produise. Je parle de commencer à construire et je crois que je pourrais passer un accord avec la Jordanie, je crois que je pourrais passer un accord avec l’Égypte, vous savez, nous leur donnons des milliards et des milliards de dollars par an », a-t-il ajouté.
Cette proposition de D. Trump intervient alors qu’un cessez-le-feu est en cours et que la guerre génocidaire israélienne contre Gaza a été suspendue au bout de 15 mois.
Son plan visant à s’approprier la Bande de Gaza a été largement rejeté sur la scène internationale, mais le locataire de la Maison Blanche a insisté sur le fait qu’il le mènerait à bien. Sur le dos des Palestiniens et des pays arabes limitrophes menacés, eux, de sanctions.
Un dirigeant de la résistance palestinienne a déclaré lundi à la chaine libanaise Al-Mayadeen que « le Hamas a de nombreuses réserves quant à l’occupation israélienne qui n’adhère pas à l’accord de cessez-le-feu ». Le dirigeant palestinien a ajouté que « l’une des preuves les plus importantes du non-respect par l’occupation israélienne réside dans les violations quotidiennes, telles que les survols continus des drones ». Il a affirmé que « les tirs sur les Palestiniens se sont poursuivis pendant l’exécution de l’accord et les chars ont dépassé la distance autorisée », soulignant que « les violations comprennent l’interdiction de l’entrée d’équipements lourds et de certains équipements médicaux, en plus d’empêcher l’entrée de caravanes ».
Le dirigeant palestinien a expliqué qu’il est clair « qu’Israël ne s’engagera pas à mettre en œuvre la deuxième phase à la lumière de la confirmation par le Premier ministre Benjamin Netanyahu du plan de déplacement et de nettoyage ethnique ».
Le Hamas a affirmé qu’il a rempli toutes ses « obligations avec précision et dans les délais spécifiés », notant que « l’occupation n’a pas respecté les termes de l’accord et a enregistré de nombreuses violations ». Les violations susmentionnées dans la déclaration comprennent le « retard du retour des personnes déplacées dans le nord de la bande de Gaza, le fait de bombarder et de tirer sur les Palestiniens et de tuer un grand nombre d’entre eux dans diverses zones de la bande, en plus d’empêcher l’entrée des abris nécessaires, notamment des tentes et des maisons préfabriquées, du carburant et des machines d’enlèvement des décombres pour récupérer les corps des martyrs ».
Les transgressions comprennent également le retard de l’entrée des médicaments nécessaires aux hôpitaux et les exigences de restauration des hôpitaux et du secteur de la santé.
Le mouvement a souligné qu’il a compté « les transgressions de l’occupation et les a fournies aux médiateurs de première main, mais l’occupation a continué ses transgressions », appelant au « strict respect de l’accord, et à ne pas le soumettre à la sélectivité, en proposant les moins importants et en retardant et en faisant obstruction aux plus urgents et importants ». Et noté que « reporter la libération des prisonniers est un message d’avertissement à l’adresse de l’occupation et un moyen de faire pression pour que les termes de l’accord soient strictement respectés ».
Le mouvement a expliqué que « le Hamas a délibérément fait cette annonce cinq jours avant la date de remise des prisonniers, pour donner aux médiateurs suffisamment de possibilités de faire pression sur l’occupation pour qu’elle mette en œuvre ses obligations, et pour garder la porte ouverte pour que l’échange soit effectué à temps si l’occupation respecte ses obligations ».
Abou Ubaida, porte-parole des Brigades al-Qassam, a annoncé lundi soir que la remise des prisonniers israéliens, qui devaient être libérés samedi prochain, a été reportée « jusqu’à nouvel ordre », en raison des transgressions israéliennes de l’accord ».
Immédiatement, des manifestations ont eu lieu à Tel-Aviv pour exiger l’achèvement de toutes les étapes de l’accord d’échange de prisonniers, alors que les familles des prisonniers israéliens ont appelé les médiateurs de l’accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza à intervenir rapidement pour trouver une solution immédiate et efficace qui remettrait la mise en œuvre de l’accord à sa juste place. Par ailleurs, les médias israéliens ont indiqué que B. Netanyahu a tenu une réunion ce soir pour évaluer la situation concernant l’accord de cessez-le-feu et d’échange de prisonniers.
Khalil al-Hayya, chef adjoint du bureau politique du Hamas, a laissé entendre depuis Téhéran que le plan du président américain sera un fiasco. Lors d’un discours prononcé à la cérémonie marquant le 46e anniversaire de la Révolution islamique organisée lundi dans la capitale iranienne, il a déclaré que les projets de l’Occident, des États-Unis et du président américain pour la bande de Gaza étaient « voués à l’échec ». « Nous ferons échouer leurs plans tout comme nous avons fait échouer les précédents », a déclaré K. al-Hayya. En parlant du plan de D. Trump, le responsable du Hamas faisait allusion à une annonce faite dimanche par le locataire de la Maison-Blanche disant qu’il était déterminé à acheter et à posséder Gaza. Il avait également dit qu’il pourrait autoriser certaines parties du territoire palestinien à être reconstruites par d’autres États d’Asie de l’Ouest.
Encore une fois à bord de l’Air Force One, D. Trump a dit aux journalistes : « Je m’engage à acheter et à posséder Gaza. Pour ce qui est de sa reconstruction, nous pourrons la confier à d’autres États du Moyen-Orient qui en construiront des parties, d’autres personnes pourront le faire, sous nos auspices. Mais nous sommes déterminés à la posséder, à la prendre et à faire en sorte que le Hamas n’y revienne pas ».
« La question palestinienne avec la mentalité d’un agent immobilier est une recette vouée à l’échec », a indiqué le Hamas dans un communiqué en réaction à l’aventurisme de D. Trump. Izzat al-Rishq, haut responsable du Hamas, a qualifié d’« absurdes » les propos du président US qui reflétaient également « une profonde ignorance sur la Palestine et la région ». « Gaza n’est pas une propriété à vendre ni à acheter. Elle fait partie intégrante de notre territoire palestinien occupé », a-t-il martelé.
Le 4 février, D. Trump qui a accueilli B. Netanyahu, à Washington a lancé, lors d’une conférence de presse conjointe, qu’il prendrait le contrôle de Gaza – éventuellement avec l’aide de troupes américaines – pour créer une « Côte d’Azur du Moyen-Orient ». Il avait auparavant proposé que les Palestiniens déplacés soient réinstallés dans les pays arabes voisins.