Plusieurs appels ont été déposés, notamment par le barreau israélien, auprès de la Cour suprême pour l’invalidation de cette loi, votée par les 64 élus de la coalition du Premier ministre, qui comprend des partis juifs ultra-orthodoxes et d’extrême droite. Le gouvernement Netanyahu estime que cette mesure, qui vise à accroître le pouvoir des élus sur celui des magistrats, est nécessaire pour assurer un meilleur équilibre des pouvoirs.
Ses détracteurs y voient pour leur part une menace contre la démocratie et craignent qu’elle ouvre la voie à une dérive autoritaire.
Pour protester contre cette loi, limitant la possibilité pour la Cour suprême d’invalider une décision du gouvernement, le syndicat des médecins a lancé mardi une générale du service public, à l’exception de quelques services.
Il dénonce l’absence de dialogue entre les parties concernées et « des célébrations fêtant une victoire dans une guerre où il n’y a que des perdants ». Le tribunal du travail de Tel Aviv a ordonné la fin de la grève estimant que « les craintes du syndicat sont pour le moment théoriques alors que les dommages aux patients sont réels ». « Une grève de deux heures est légitime pour exprimer le droit de protester mais pas plus », ajoute le tribunal.
Lundi, Arnon Bar David, chef de la centrale syndicale Histadrout, avait prévenu que « toute avancée unilatérale dans la réforme aurait des conséquences graves », brandissant la menace d’une « grève générale si besoin est ».
Dans ce contexte d’instabilité, la Bourse de Tel-Aviv, Tel Aviv Stock Exchange (TASE), a poursuivi mardi son mouvement de repli après une baisse de 2,21% la veille.
Nombre de quotidiens israéliens affichaient mardi une première page entièrement noire avec les mots « Jour noir pour la démocratie israélienne ».
Lors des manifestations qui se sont poursuivies dans la soirée de lundi, 58 personnes ont été interpellées pour troubles à l’ordre public, selon un porte-parole de la police. Des canons à eau ont été utilisés pour disperser des manifestants qui tentaient de bloquer les artères stratégiques de Jérusalem et Tel-Aviv. La police a dit avoir placé en garde à vue un homme soupçonné d’avoir blessé des manifestants lundi en conduisant sa voiture au milieu de protestataires qui bloquaient une autoroute.
Des manifestations sont prévues dans la soirée de mardi à Tel Aviv, Jérusalem et dans d’autres villes du pays. La mesure votée lundi, la première de la réforme à devenir une loi, empêche la Cour suprême d’invalider une décision gouvernementale en jugeant de son « caractère raisonnable ». Cette clause avait contraint en janvier B. Netanyahu à démettre de ses fonctions le numéro deux du gouvernement, Aryeh Deri, condamné pour fraude fiscale, à la suite de l’intervention de la Cour suprême.
Les détracteurs du Premier ministre, en procès pour corruption, l’accusent de vouloir utiliser cette réforme pour atténuer un éventuel jugement à son encontre.
B. Netanyahu a assuré lundi vouloir négocier avec l’opposition sur la suite du projet de réforme et « mener un dialogue entre nous ». Yaïr Lapid, chef de l’opposition, a rétorqué que « l’objectif de Netanyahu était de faire taire les protestataires », prévenant que la lutte ne faisait que commencer. A rappeler que les manifestations ont attiré des Israéliens de tous les horizons politiques et sociaux, laïques ou religieux, militants pacifistes, cols bleus ou travailleurs du secteur de la technologie mais aussi des réservistes de l’armée.