« Les Nations unies ont entamé une opération pour désamorcer ce qui pourrait être la plus grande bombe à retardement au monde », a déclaré Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, dans un communiqué. « Une opération complexe est actuellement en cours en mer Rouge, au large des côtes du Yémen déchiré par la guerre, pour transférer un million de barils de pétrole du FSO Safer vers un navire de remplacement », a-t-il ajouté. L’opération a débuté à 10h45 (07h45 TU), précise le communiqué.
C’est le début d’une opération complexe qui aura mis près de deux ans à se concrétiser. Tout autour du FSO Safer, 362 mètres de long, 70 mètres de large, les stations de pompage. C’est à bord du Nautica, un navire acheté par l’ONU, que va être évacué le pétrole. « L’opération consiste à transférer le pétrole à bord d’un autre navire, lui aussi conçu pour stocker le pétrole en mer, explique David Gressly, coordinateur des Nations unies au Yémen. « On travaille avec une société néerlandaise spécialisée dans ces opérations. Les conditions sont assez difficiles : il fait 45 ou 47 degrés, presque 100 % d’humidité, mais cette entreprise a l’expertise nécessaire pour ce travail », assure-t-il.
Les opérations de pompage vont durer 19 jours. Il faudra ensuite deux semaines de plus pour nettoyer le navire, avant de le mettre en sécurité. Pour D. Gressly, l’aboutissement de près de deux ans de travail est proche. Il aura fallu réunir 141 millions de dollars, le tout dans un pays en guerre.
L’ONU étudie désormais la possibilité de revendre le pétrole évacué. Des questions juridiques et politiques sont à régler, mais les Nations unies pensent reverser ainsi l’argent récolté à ceux qui en ont le plus besoin : les Yéménites. Comme elle espère aussi que cette opération, dont le coût est évalué à 143 millions de dollars, permettra d’éviter une catastrophe environnementale dont le nettoyage coûterait 20 milliards de dollars.
Une marée noire ferait des ravages sur la faune et la flore, les villages de pêcheurs et les ports essentiels du Yémen. Elle pourrait aussi perturber le trafic maritime international entre le détroit de Bab al-Mandeb et le canal de Suez, qui mène à la Méditerranée.
Vieux de 47 ans, le FSO Safer est amarré depuis les années 1980 au large du port stratégique de Hodeida. Sa maintenance a été interrompue en 2015 avec la guerre qui a plongé le pays dans l’une des pires crises humanitaires au monde.