L’administration US qui assure la couverture totale de Tel-Aviv n’a pas dénoncé la violation par l’armée israélienne des accords de Camp David conclu avec la partie égyptienne. A la Maison Blanche, on se contente de dire qu’il s’agit-là d’une « manœuvre tactique ». Ce qui rappelle, à bien des égards, les assurances formulées par John Kerby quant aux opérations militaires sanglantes menées à Rafah. Israël n’a pas encore « franchi les lignes rouges » a assuré ce responsable US alors que le monde a été effaré par les images du bombardement meurtrier à coups de bombes GBU qui a pulvérisé des familles entières réfugiés dans un camp vers lequel l’armée israélienne a conduit les Gazaouis.
Dans la matinée de jeudi, le nouveau bilan établi par le ministère de la Santé de Gaza n’a pas dérogé à la règle depuis les 8 mois que dure cette guerre sanglante : 36 224 martyrs. Au moins 53 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, précise le ministère dans un communiqué, ajoutant que 81.777 personnes ont été blessées depuis le 7 octobre. Les bombardements israéliens sont incessants sur Rafah. Cette ville du sud de la bande de Gaza est devenue l’épicentre de la guerre, un million de personnes l’ont fuie depuis début mai et le lancement de l’offensive terrestre israélienne.
C’est un désastre humanitaire dans cette région qualifiée d’ « enfer sur terre » par l’ONU. Tous les hôpitaux de Rafah ont fermé, assurent les Gazaouis. Le conseiller à la sécurité nationale israélien affirme que la guerre pourrait se poursuivre « encore sept mois », afin d’atteindre l’objectif de détruire le Hamas Mercredi, l’armée israélienne a affirmé avoir pris le contrôle d’une zone tampon stratégique entre la bande de Gaza et l’Égypte située à proximité de Rafah. Dans la matinée, la Knesset a approuvé, en lecture préliminaire, la levée de l’immunité et des privilèges de l’UNRWA qui devrait bénéficier de 3 millions de dollars de la part de Pékin. C’est ce qu’a assuré le Président chinois lors du sommet sino-arabe tout en assurant son appui à la relance des négociations pour l’établissement d’un Etat palestinien sur les territoires occupés en 1967, avec Al-Qods-Est pour capitale. Le chef de la diplomatie européenne a dénoncé, de son côté, la décision de Tel-Aviv. « Nous rejetons toute tentative de classer l’UNRWA comme organisation terroriste », a déclaré Josep Borrell.
Le Croissant Rouge palestinien annonce de son côté, ce 30 mai, la mort de deux de ses secouristes. Nibal Farsakh, porte-parole du Croissant Rouge palestinien, dénonce « une frappe israélienne directe » contre une ambulance dans la région de Rafah. Le personnel sanitaire a payé un lourd tribut au cours de cette guerre. En effet, le bilan établi il y a quelques jours faisait état d’au moins 30 morts parmi le personnel sanitaire. Cela sans compter les médecins, exécutés froidement par l’armée sioniste.
Parmi les conséquences de cette escalade à Rafah, le report de nouvelles négociations prévues cette semaine pour discuter d’un cessez-le-feu et de la libération des prisonniers israéliens contre les détenus palestiniens. En fin de semaine dernière, c’est à Paris que se sont retrouvés le chef des renseignements israéliens, son homologue américain de la CIA et le Premier ministre du Qatar. Cette rencontre dans la capitale française devait permettre d’entamer de nouvelles négociations cette semaine au Qatar pour un cessez-le-feu et pour la libération des otages israéliens et de détenus palestiniens. Mais le lourd bilan des bombardements israéliens à Rafah est venu tout interrompre : pour le Hamas, il n’est pas question de mener des pourparlers en pleine escalade. Ce n’est pas la première fois qu’un pic de violence dans la guerre à Gaza paralyse le processus de négociation, déjà extrêmement fragile et incertain. Par ailleurs, il reste un obstacle de taille sur le chemin d’un accord : pour le Hamas, ces discussions doivent déboucher sur la fin de la guerre à Gaza, ce sur quoi Israël refuse pour l’heure de s’engager.
La radio militaire israélienne a rapporté que deux soldats ont été tués lors d’une attaque à la voiture-bélier près du poste de contrôle d’Awarta, près de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie. De son côté, le site Internet israélien Wallah a indiqué que « l’armée a dépêché des forces aériennes et spéciales pour traquer l’auteur de l’opération à la voiture-bélier » près de Naplouse. Les opérations contre l’armée d’occupation se poursuivent en Cisjordanie, puisque les médias israéliens ont affirmé, il y a quelques jours, que 5 soldats israéliens ont été blessés après avoir été renversés par une voiture qui s’est retirée près d’une base militaire à Haïfa, au nord de la Palestine occupée. Dans la zone d’Al-Bira où l’armée sioniste s’est déployée, on déplore un martyr parmi les jeunes palestiniens et 4 blessés. Les forces israéliennes ont aussi réinvesti Jénine où elles ont encerclé l’hôpital de la ville.
Dans l’enclave palestinienne, les Brigades Al-Qods ont signalé avoir bombardé avec un barrage d’obus de mortier les soldats et les véhicules de l’occupation à proximité du site Al-Qaws, dans le camp de Yabna, au sud de la ville de Rafah . Comme elles ont pilonné avec des obus de mortier les soldats et véhicules de l’occupation dans les environs de Tal Zorob, à l’ouest de la même ville. Les Brigades Al-Qassam assurent, de leur côté, avoir ciblé dans la journée pas moins de 4 chars Merkava, 3 à Yabna et le dernier au sud de Rafah. Et indiquent avoir pilonné au mortier le couloir Netzarim où se concentrent des troupes sionistes. L’armée israélienne a reconnu que 14 soldats ont été touchés, dont un tué, lors des opérations menées dans l’enclave palestinienne au cours des dernières 24 heures.