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Répression de l’Intifada des campus européens : Paris, Berlin, Amsterdam, Utrecht même combat

Suivant en cela l’exemple US, là où les manifestants contre la guerre de Gaza ont été sauvagement réprimés dans plusieurs campus, les Européens ont vite réagi. Et le mouvement répressif a démarré depuis la France, pays de « la liberté, de l’égalité et de la justice ». La Sorbonne a été la première ciblée.
Répression de l’Intifada des campus européens : Paris, Berlin, Amsterdam, Utrecht même combat

Les forces de l’ordre sont de nouveau intervenues mardi dans l’université de la Sorbonne et devant Sciences Po Paris pour mettre fin à des rassemblements et des actions de blocage de militants propalestiniens, en écho aux messages répétés de fermeté du gouvernement.  L’évacuation de militants propalestinien de l’université de la Sorbonne à Paris mardi soir a donné lieu au placement en garde à vue de 86 personnes, a indiqué mercredi le parquet de Paris. Le ministère public doit faire mercredi un nouveau bilan sur ces mesures en cours qui concernent toutes des personnes majeures.

Ces gardes à vue peuvent durer 24 heures avant une première décision sur une prolongation de 24 heures supplémentaires. « Les infractions principalement visées sont les suivantes : dégradations volontaires, participation à un groupement en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction/dégradation de biens, rébellion, violence sur personne dépositaire de l’autorité publique ou intrusion dans l’enceinte d’un établissement d’enseignement scolaire en réunion dans le but de troubler la tranquillité ou le bon ordre de l’établissement », a ajouté le parquet.

Moins de 24 heures après que le Premier ministre Gabriel Attal a rappelé lundi soir qu’il n’y aurait « jamais de droit au blocage » dans les universités françaises, les forces de l’ordre ont pénétré mardi soir dans la Sorbonne pour évacuer des manifestants propalestiniens qui occupaient depuis environ deux heures un amphithéâtre, en solidarité avec Gaza, a constaté une journaliste de l’AFP. Les militants, qui étaient une centaine environ à l’intérieur, selon des sources concordantes, ont été sortis au compte-gouttes dans une rue latérale de l’université, parfois portés à bout de bras par des agents.

La préfecture de police avait fait état de 88 interpellations lors de cette intervention achevée peu avant minuit, selon le rectorat et une source policière.

Plusieurs organisations politiques et syndicales, dont la France insoumise, Urgence Palestine, Solidaires ou l’Union étudiante, ont appelé à un rassemblement mercredi devant l’Hôtel de ville de Paris pour demander la remise en liberté des militants interpellés. L’Unef, qui a appelé aussi à ce rassemblement, a réclamé dans un communiqué « l’arrêt immédiat de la répression des étudiant.e.s qui se mobilisent pour la paix ». « La répression sur les lieux d’études est sans précédent » et les étudiants mobilisés « sont désormais considérés comme des ‘fauteurs de trouble’ voire des criminels », fustige le syndicat étudiant

Mercredi, des affrontements ont éclaté entre la police et des manifestants à l’université d’Amsterdam (UvA), où des étudiants appellent depuis lundi à ce que l’institution rompe tout lien avec Israël en raison de sa riposte militaire déclenchée à Gaza depuis le 7 octobre. Des images diffusées par la chaîne locale AT5 ont montré des dizaines de policiers anti-émeutes arrêtant des manifestants alors que de telles mobilisations se multiplient un peu partout en Europe, suivant l’exemple des États-Unis.

« La police commence à dégager les barricades qui ont été dressées sur le terrain », a déclaré la police d’Amsterdam sur X. « L’opération a été autorisée par la maire », ont ajouté les forces de l’ordre, précisant que l’UvA a porté plainte pour trouble à l’ordre public et destruction de biens. La police a également déclaré que les manifestants ne sont pas uniquement des étudiants, et que des personnes « non-affiliées à l’université (…) cherchaient délibérément à entrer en conflit avec la police ».

Des organisateurs et la direction de l’UvA étaient en pourparlers mercredi. Ces discussions n’ont abouti à rien, ont déclaré les manifestants au média public NOS. Des images diffusées sur AT5 ont montré la police arrêtant certains manifestants, et poussant à l’aide d’une pelleteuse des barricades faites de pierres et palettes, entre autres, dans un canal. Plusieurs centaines de manifestants sur le site Binnengasthuis de l’UvA ont observé la police encercler et évacuer un petit groupe de l’autre côté d’un canal en scandant notamment « Shame on you », « Free Free Palestine », « Boycott Israel » ou encore « Stop genocide » au rythme de tambours.

Les manifestants ont occupé une autre partie du terrain lundi midi, d’où ils ont été évacués avec violence aux premières heures mardi. Quelque 140 personnes ont été arrêtées. Des manifestants sont revenus sur le site de l’université mardi.

Le conseil municipal d’Amsterdam doit tenir vendredi un débat d’urgence sur les manifestations en cours. Des centaines de manifestants se sont également rassemblés sur le campus de l’université d’Utrecht mercredi, selon les médias locaux.

A Berlin, la police allemande a dispersé mardi un camp dans une cour de la Freie Universität Berlin qui avait appelé à l’arrêt de l’opération militaire israélienne à Gaza.

Une centaine de personnes avaient installé une vingtaine de tentes sur le campus mardi, se joignant à l’appel de la « Coalition des étudiants de Berlin » à occuper les universités allemandes. Des étudiants de diverses universités berlinoises se sont joints à la manifestation anti-Israël, arborant des drapeaux palestiniens et criant des slogans soutenant les Palestiniens et dénonçant Israël et l’Allemagne.

Le groupe d’étudiants a demandé que les poursuites pénales soient abandonnées contre les étudiants et autres personnes ayant manifesté leur solidarité avec les Palestiniens sur les campus, et que les universités s’opposent publiquement aux réformes prévues du sénat de Berlin qui permettraient l’expulsion d’étudiants pour des raisons politiques. Ils ont également demandé l’interdiction de la police sur le campus et la réintégration des universitaires et des membres du personnel des universités et des instituts de recherche allemands qui ont été expulsés ou privés de financement en raison de leurs positions anti-Israël.

La Freie Universität Berlin a déclaré que les manifestants avaient tenté de pénétrer dans les salles d’université et les amphithéâtres dans le but de les occuper, et que l’université avait déposé des plaintes pénales et suspendu les cours dans plusieurs bâtiments. « Ce type de manifestation n’est pas axé sur le dialogue. L’occupation d’une propriété universitaire n’est pas acceptable. Nous sommes favorables au débat académique et au dialogue, mais pas sous cette forme », a déclaré Guenter Ziegler, président de la Freie Universität Berlin.

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