Ces déclarations ont été faites mercredi, lors de son interaction avec les conclusions et recommandations des membres de la mission exploratoire sur les autoroutes, présentées à l’occasion d’une réunion de la Commission des infrastructures, de l’énergie, des mines et de l’environnement à la chambre des représentants. Cette mission a relevé un ensemble de dysfonctionnements dans le fonctionnement de l’ADM.
N. Baraka a salué le travail sérieux accompli par la mission exploratoire et les recommandations formulées. Il a souligné l’importance des points soulevés, qui nécessitent des actions concrètes pour améliorer ce secteur stratégique pour le pays.
Le ministre a affirmé que le rapport a mis en lumière plusieurs problématiques, notamment liées à la situation financière et administrative de la société, ainsi qu’à l’état du réseau autoroutier, en particulier pour ce qui concerne l’entretien de certains tronçons dégradés. Il a également évoqué les défis liés au rythme de construction des nouvelles autoroutes, à la sécurité routière et à l’exploitation des infrastructures existantes.
Après avoir rappelé les orientations royales, notamment l’objectif fixé par le Roi Mohammed VI d’atteindre un réseau autoroutier de 3.000 kilomètres au Maroc, en parallèle des préparatifs pour être à la hauteur des enjeux liés à l’organisation de la Coupe du Monde 2030, le ministre a, en outre, souligné que le rapport de la mission exploratoire contient 40 recommandations, axées sur divers points identifiés lors des investigations. Ces propositions opportunes, a-t-il dit, encourageant leur adoption.
De même, le ministre a relevé que des efforts sont en cours pour régulariser les biens de la société. Il a précisé qu’une partie importante des autoroutes et des terrains adjacents n’est pas encore immatriculée. Des démarches sont actuellement entreprises pour enregistrer et immatriculer ces hectares, afin de les intégrer dans le capital de la société, d’améliorer sa situation financière et de permettre l’exploitation de ces terrains pour des investissements futurs. Et insisté sur l’importance de concrétiser les directives royales, en particulier la réalisation de 1.200 kilomètres supplémentaires d’autoroutes. Cela nécessitera l’élaboration d’une feuille de route claire, la définition des priorités et la mobilisation des ressources financières nécessaires.
Le ministre a également affirmé l’engagement du gouvernement à redynamiser l’ADM. Il a cité l’élaboration d’un nouveau programme contractuel, destiné à résoudre les problèmes identifiés dans le rapport de la mission parlementaire, et à répondre aux attentes des citoyens.
Dans le même sens, N.Baraka a mis en avant une volonté forte de prendre de nouvelles mesures pour améliorer la situation financière de l’entreprise et renforcer ses capacités, notamment par le développement des ressources humaines, considérées comme la base de son fonctionnement. Il a aussi évoqué la filiale d’ADM, ADM Projet, spécialisée dans la construction d’infrastructures de pointe. Il a exprimé son souhait d’élargir ses activités à l’international, en particulier en Afrique, afin de renforcer les capacités financières de la société. Des contrats importants avec des pays africains sont en cours de négociation.
Enfin, le responsable a fait part de la disposition de son ministère à travailler en collaboration avec les députés et à partager divers points de vue, afin d’élaborer des recommandations communes et des propositions pratiques. Il a souligné que le Parlement et la Commission des infrastructures sont de véritables partenaires pour définir la feuille de route nécessaire au développement du secteur.
Le rapport parlementaire a révélé de grandes anomalies dans la société gestionnaire des « Autoroutes du Maroc ». Le rapport montre que la situation financière et administrative de l’entreprise est en crise.
L’entreprise souffre d’un « problème majeur » signale le rapport. Il s’agit de l’endettement élevé et accumulé en raison de facteurs multiples, allant des investissements importants nécessaires pour les infrastructures, aux défis opérationnels et financiers, ainsi qu’aux conditions économiques générales, et à l’endettement accumulé en raison du financement externe et des emprunts pour la réalisation de divers projets, indique le document. Les dettes accumulées sont estimées à 40 milliards de dirhams, indique le rapport en précisant que plusieurs employés et cadres quittent l’entreprise, en plus de l’augmentation du mécontentement social et des protestations internes.
« Parmi les principales raisons ayant contribué à cette situation, on trouve la baisse du trafic, qui a été fortement affecté par la pandémie de Covid-19, entraînant une chute importante des revenus de l’entreprise, ainsi que le non-respect par l’État de ses promesses de soutien au budget de l’entreprise et l’augmentation des péages, sans oublier la hausse des coûts d’exploitation et d’entretien du réseau autoroutier en raison de la hausse des prix du carburant et des matériaux de construction », peut-on lire dans les pages de ce document relatant les lacunes de l’entreprise. Il est également précisé que cet endettement élevé « représente un lourd fardeau pour le budget de l’entreprise, limitant sa capacité à investir dans de nouveaux projets et à améliorer l’efficacité de ses opérations, ce qui affecte également sa capacité à réaliser les travaux de maintenance des infrastructures existantes pour préserver leur qualité et garantir la sécurité des usagers ».
Ledit a aussi fait état d’une augmentation significative des revenus des péages de la société des autoroutes du Maroc, atteignant « des chiffres importants de 3,7 milliards de dirhams en 2023 » en notant que cela n’a rien changé en ce qui concerne le remboursement des prêts.
Le rapport a relevé que l’entreprise a connu de moins en moins d’employés sur la dernière décennie. Il est indiqué qu’ « il y a eu une diminution du nombre de fonctionnaires au cours des dix dernières années, passant de 550 à 440, et une augmentation des protestations des travailleurs de sous-traitance dans les stations de péage, représentant environ 900 travailleurs, soit près de 50 % des employés des sociétés de sous-traitance ». Plus, pointe-il, le taux d’encadrement dans l’entreprise est « faible par rapport à son travail technique, ce qui nécessite une augmentation du nombre de cadres en raison de besoins urgents ». Et de rappeler, enfin, que « près de 122 employés ont quitté l’entreprise, dont 77 cadres, ce qui a entraîné un affaiblissement de l’encadrement au sein de l’institution et la perte de compétences formées pendant longtemps dans le secteur, conduisant l’entreprise à faire appel à des bureaux d’études étrangers pour réorganiser l’entreprise et revoir sa structure, sans résultats satisfaisants concernant la stabilité des ressources humaines et des cadres ».