D. Trump a écrit sur Truth Social qu’il ferait imposer des taxes douanières si les Européens n’augmentaient pas leurs achats d’hydrocarbures aux États-Unis. « J’ai dit à l’Union européenne qu’elle devait combler son énorme déficit avec les États-Unis par des achats à grande échelle de notre pétrole et de notre gaz », a-t-il écrit sur son réseau social. Dans le cas contraire, a-t-il averti, ce sont « les TARIFS DOUANIERS jusqu’au bout!!!». Ce n’est pas la première fois que D. Trump menace l’UE d’une telle mesure.
Dans une interview accordée à Bloomberg à la mi-novembre, le candidat républicain se plaignait déjà du déficit commercial de 300 milliards de dollars (environ 288,5 milliards d’euros) des États-Unis avec l’UE et menaçait d’imposer de nouveaux droits de douane sur l’ensemble des importations américaines. Par cette mesure, D. Trump envisage non seulement de réduire le déficit commercial US, mais également de pousser les industriels à installer aux États-Unis leur production destinée au marché américain. « Plus les droits de douane seront élevés, plus il est probable que l’entreprise viendra aux États-Unis et y construira une usine pour ne pas avoir à payer les droits de douane », avait-il déclaré à John Micklethwait, rédacteur en chef de Bloomberg News.
« La douloureuse vérité est que l’UE est confrontée à un bilan », avait écrit l’agence, au lendemain de la victoire électorale du milliardaire. « Les fonctionnaires de l’UE se préparent à des relations difficiles avec les États-Unis, notamment à un protectionnisme accru de la part de la Maison Blanche » rapportait Bloomberg, énumérant plusieurs dossiers susceptibles de virer au contentieux après l’investiture de D. Trump, prévue le 20 janvier.
La Commission européenne s’inquiète également de cette menace de Donald Trump d’imposer une «taxe universelle», sur l’ensemble des 3 000 milliards de dollars (environ 2 885 milliard d’euros) d’importations américaines, rapportait mi-novembre Politico. Les voitures européennes, les produits pharmaceutiques et d’autres produits, en provenance des Vingt-sept, d’une valeur de 575 milliards de dollars (environ 553 milliards d’euros) seraient ainsi menacés. Le 19 décembre, Kaja Kallas, nouvelle chef de la diplomatie du bloc européen, avait déclaré que si une guerre commerciale éclatait entre les deux rives de l’Atlantique la Chine « rirait aux éclats », affirmant que « personne ne sort vainqueur d’une guerre commerciale ».
Le 30 octobre, lors de sa campagne électorale D. Trump a déclaré : « Je vous dirais, l’Union européenne semble si belle, si merveilleuse, n’est-ce pas ? Tous ces gentils petits pays européens qui s’unissent. Ils ne prennent pas nos voitures. Ils ne prennent pas nos produits agricoles. Ils vendent des millions et des millions de voitures aux États-Unis. Non, non, non, ils devront payer le prix fort ».
Pour l’heure, les sanction de l’administration US visent, essentiellement, la Russie. Avec des exceptions, bien sûr… Ainsi, la Turquie a été « exemptée » par Washington des sanctions à l’encontre de Gazprombank, a rapporté Bloomberg, ce qui lui permet de poursuivre les paiements de ses importations de gaz russe via cette banque. Cette dérogation survient après une « série de discussions » avec des responsables US a confié, deux jours plus tôt, à l’agence américaine Alparslan Bayraktar, ministre turc de l’Énergie. Sans exemption, « nous ne serons pas en mesure de payer la Russie » avait-il déclaré le 26 novembre. Déclaration qui faisait suite à l’annonce par le département du Trésor américain, le 21 novembre, d’une série de sanctions contre une centaine d’entités et de responsables financiers russes, dont Gazprombank qui joue un rôle clé dans le paiements des hydrocarbures russes. Une inscription qui avait provoqué des remous à Ankara, 42% des importations turques de gaz provenant de Russie.
Cette décision des États-Unis fait également écho à une dérogation accordée à la Hongrie. Le 19 décembre, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, Peter Szijjarto, chef de la diplomatie hongroise, avait annoncé que Budapest avait obtenu le droit d’utiliser Gazprombank pour régler ses approvisionnement en hydrocarbures russes. « Aujourd’hui, ils ont accordé une exemption pour les paiements de gaz relatifs à Gazprombank, ce qui est une bonne nouvelle, mais entretemps, nous avons élaboré une solution avec nos alliés régionaux, un mode de paiement alternatif, qui ne viole pas les sanctions mais permet les paiements » avait-il déclaré, selon Reuters.
Cette vague de sanctions US, décrétée en novembre, vise à « réduir[e] et dégrade[r] encore davantage la machine de guerre de la Russie » avait déclaré Janet Yellen, secrétaire américaine au Trésor. Toutefois, ces mesures de rétorsion, unilatérales, se heurtent à la réalité des besoins énergétiques de certains pays européens et alliés de Washington. « Si ces mesures visent à affaiblir la Russie avant l’arrivée de Donald Trump, elles pourraient également avoir des conséquences imprévues, notamment provoquer une hausse des prix mondiaux de l’énergie et attiser les tensions, tant avec les adversaires qu’avec des partenaires » avait souligné le 10 décembre à ce sujet l’agence Bloomberg. La Turquie, en particulier, avait mis en garde contre les répercussions de ces sanctions sur sa sécurité énergétique. « L’absence d’une exception pourrait signifier que la Turquie elle-même devient une cible des sanctions », avait auparavant averti A. Bayraktar, selon des propos cités ce 20 décembre par la radio-télévision turque.