La planification de l’attaque aurait impliqué des sociétés-écrans, avec plusieurs niveaux d’agents des renseignements israéliens et leurs collaborateurs infiltrés dans une entreprise légitime qui produisait les bipeurs, certains employés ignorant même pour qui ils travaillaient réellement. Le rôle d’Israël dans la fabrication avait été initialement rapporté le 18 septembre par le New York Times.
À en croire les rapports, quelques dizaines de grammes d’explosifs et un détonateur à distance pour déclencher l’explosion auraient été intégrés dans les bipeurs. La même source d’ABC News a également ajouté que la CIA aurait elle-même longtemps hésité à utiliser ce genre de tactique en raison du risque élevé pour les civils. Les deux séries d’explosions au Liban, déclenchées à distance avec des explosifs dissimulés dans des bipeurs ou des talkies-walkies, ont tué au moins 37 personnes et en ont blessé 2 931 autres, selon Firass Al-Abyad, ministre libanais de la Santé. Le conflit entre le Hezbollah et Israël s’est intensifié le 19 septembre, Israël lançant des frappes sur le Liban et le Hezbollah ripostant. Dans un discours le même jour, Sayyed Hassan Nasrallah, leader du Hezbollah, a déclaré que la direction du groupe possédait de vieux bipeurs, et non les nouveaux utilisés lors de l’attaque, qui auraient été expédiés au cours des six derniers mois. Le Hezbollah a lancé une enquête complète sur les explosions.
A Taïwan, le siège de l’entreprise Gold Apollo et le bureau de l’entreprise basée en Hongrie BAC Consulting ont été fouillés jeudi 19 septembre. Livres de comptes, contrats, détails commerciaux… Tout ce qui pourrait aider à comprendre comment les bipeurs ont pu être conçus et piégés ont été saisis par les enquêteurs taïwanais. En plus des perquisitions dans quatre sites, dont le siège de Gold Apollo, deux témoins, dont le fondateur et président de l’entreprise, ont été interrogés jusque tard dans la nuit de jeudi 18 à vendredi 19 septembre dans le cadre de l’enquête sur la fabrication et le sabotage des bipeurs du Hezbollah qui ont explosé et fait plusieurs morts et des milliers de blessés.
« Nous avons demandé au service de la sécurité nationale du Bureau d’enquête d’interroger deux témoins et de perquisitionner quatre lieux », a confirmé jeudi le bureau du procureur de Taipei, sans nommer les lieux perquisitionnés et les personnes interrogées. « Ils ont coopéré en fournissant les documents et les informations pertinentes », a-t-il ajouté dans des propos rapportés par l’AFP.
Le dirigeant de l’entreprise taïwanaise Gold Apollo continue de l’affirmer : il a bien autorisé BAC Consulting à utiliser sa marque pour distribuer ses produits mais il dément toujours toute responsabilité dans la conception et la fabrication des bipeurs piégés. « Ce ne sont pas nos produits (…) du début à la fin », a affirmé mercredi son directeur, Hsu Ching-kuang, à des journalistes à Taipei.
Selon lui, les bipeurs retrouvés au Liban sont complètement différents de ses propres modèles et il accuse son partenaire commercial de les avoir fabriqués indépendamment. Le modèle de bipeurs retrouvé au Liban était pourtant bien visible sur le site de Gold Apollo il y a encore quelques jours. Il a été retiré depuis. Le dirigeant de Gold Apollo affirme également ne s’être douté de rien, mais se rappelle qu’un paiement de l’entreprise BAC Consulting avait été bloqué par sa banque parce qu’émis par une banque du Moyen-Orient, sans pour autant s’être alarmé. Le gouvernement hongrois a de son côté assuré que BAC était « un intermédiaire commercial, sans site de production ou opérationnel en Hongrie ». Interrogé sur les bipeurs utilisés au Liban par le Hezbollah, Kuo Jyh-huei, ministre de l’économie, a déclaré que l’on pouvait « être sûr qu’ils ne sont pas produits à Taïwan ». Cho Jung-tai, premier ministre, a réaffirmé vendredi que « la société et Taïwan n’ont pas exporté directement des « pagers » vers le Liban ».