Lors de cet entretien, E. Todd a notamment critiqué l’argument selon lequel les États démocratiques peuvent légitimer leurs actions militaires, citant l’exemple d’Israël dans le contexte du conflit à Gaza. « Bon, d’accord, 40 000 morts à Gaza, mais quand même, Israël, c’est une démocratie », a-t-il ironisé, dénonçant une rhétorique qu’il juge hypocrite et basée sur une vision raciale de la démocratie israélienne, où le mariage civil n’existe pas. Cette démocratie, selon le penseur français, devient un prétexte pour justifier des agressions qui seraient inacceptables sous d’autres régimes.
Ce discours s’inscrit dans une critique plus large de l’Occident, où l’auteur de « La Défaite de l’Occident » voit une dérive des valeurs démocratiques, où le fait d’être une démocratie devient une excuse pour la violence, plutôt qu’une garantie de paix.
Edwy Plenel, fondateur du journal français d’investigation Mediapart, s’est exprimé le même jour au micro de TV5 Monde, dénonçant ce qu’il décrit comme une « hypocrisie » des puissances occidentales face aux conflits au Proche-Orient et en Ukraine.
Selon l’ancien journaliste, soutenir le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu, sans sanctionner ses actions violentes contre la Palestine, serait un « cadeau à Poutine », le président russe, les deux dirigeants partageant selon lui un objectif similaire de guerre.
Loin de condamner les violations du droit international, l’Occident « continue de vendre des armes » à Israël, en dépit des appels des Nations Unies et des juridictions internationales, dénonce-t-il. L’enquêteur évoque également la situation dans la bande de Gaza, parlant de « crimes contre l’humanité » et de « destruction d’un peuple, de son quotidien, de la vie, des écoles, des universités et des habitations ». E. Plenel critique l’absence de réaction concrète de la communauté internationale face à ces violences, soulignant que des centaines d’humanitaires et de journalistes ont été tués dans « l’indifférence » générale.
E. Plenel a comparé la situation palestinienne à la guerre en Ukraine, pointant du doigt un double standard : l’unanimité des sanctions contre la Russie contraste fortement avec l’inaction face aux agissements d’Israël. « Le monde le voit, que nous piétinons les valeurs que nous proclamons », a-t-il martelé, avant de conclure que cette incohérence discrédite l’Occident sur la scène internationale.
Jean-Michel Apathie, journaliste politique français, a vivement critiqué la manière dont certains médias français couvrent les récentes explosions de bipeurs au Liban, qualifiant cette approche de « cynique ».
Lors de son intervention sur RTL vendredi matin, J-M. Apathie a dénoncé l’admiration de certains titres de presse pour la technologie utilisée dans ces attaques. « Nous sommes face à des attentats politiques de masse », a-t-il souligné, pointant du doigt l’absence de réaction morale des médias occidentaux face à ces « exécutions politiques de masse ». Apathie a rappelé que Le Parisien a parlé d’une « action déjà légendaire », tandis que Le Figaro a décrit une opération « exceptionnelle ». Des propos que le journaliste a jugés profondément inappropriés. Il a également condamné l’indifférence face aux pertes humaines, expliquant que les auteurs de ces attaques « ne savent pas qui aura le bipeur en main » au moment de l’explosion, et peu importe « si c’est quelqu’un d’autre qui perd la vie ». « Tout ce cynisme-là ne suscite chez nous, en Occident, aucune autre réaction que ‘Bravo, quelle prouesse !’ » a-t-il ajouté, regrettant que les valeurs humaines soient éclipsées par une fascination pour la technologie.
J-M. Apathie a conclu en tirant une comparaison provocante entre la guerre au Proche-Orient et celle en Ukraine, soutenue par l’Occident : « Et si demain, le président russe Vladimir Poutine décidait de liquider des gens qu’il considère comme ses ennemis avec des prouesses technologiques de cette nature, qu’est-ce que nous dirions ? ‘Bravo Vladimir Poutine’ ? Je ne crois pas. »