Karine Jean-Pierre, porte-parole, a appelé « Israël à traiter tous les prisonniers de manière humaine et digne, conformément au droit international, à respecter les droits humains des prisonniers et à agir de manière responsable face à tout abus et violation ». Elle a déclaré qu’elle suivait l’enquête ouverte par l’armée israélienne concernant l’incident de l’agression sexuelle d’un prisonnier palestinien.La porte-parole de la Maison Blanche a souligné la nécessité d’agir conformément à la loi.
Selon la chaîne hébraïque 12 (privée), mercredi, les médias hébreux ont diffusé une vidéo divulguée documentant l’incident de soldats israéliens agressant sexuellement un prisonnier palestinien de Gaza à Sde Teman. Le 29 juillet, un énorme tollé a éclaté en Israël après que des membres du parquet militaire sont arrivés dans cette prison pour enquêter sur 9 soldats qui avaient agressé sexuellement un prisonnier palestinien, et 5 d’entre eux ont ensuite été libérés. Le parquet militaire israélien enquête toujours sur les soldats présumés, mais sans inculper aucun d’entre eux.
Depuis le déclenchement de la guerre israélienne contre Gaza le 7 octobre 2023, les organisations israéliennes, palestiniennes et internationales de défense des droits humains ont dénoncé la détérioration des conditions dans les prisons israéliennes, notamment à Sde Teman. Depuis le début de ses opérations terrestres à Gaza le 27 octobre, l’armée israélienne a arrêté des milliers de civils palestiniens, dont des femmes, des enfants et des agents de santé et de la défense civile.
Au cours des derniers mois, l’armée a libéré des dizaines de prisonniers palestiniens de Gaza par lots séparés, dont la plupart ont vu leur état de santé se détériorer et leurs corps portaient des traces de torture et de négligence médicale.
L’usage de la torture est « systémique et institutionnalisé » dans les prisons israéliennes où sont détenus des Palestiniens, a fustigé B’Tselem, ONG israélienne de défense des droits humains dans un rapport accablant. Cette dernière a recueilli les témoignages de dizaines de Palestiniens ayant subi des violences durant leur incarcération après les attaques du 7 octobre 2023.
« Bienvenue en enfer » est le titre du rapport qui s’appuie sur les témoignages de 55 Palestiniens, pour la plupart originaires de Cisjordanie et de la bande de Gaza, ayant passé plusieurs mois en prison, après les attaques terroristes du 7 octobre 2023 en territoire israélien. Les récits recueillis par B’Tselem font état de passages à tabac, de violences sexuelles, de privations de sommeil, de privations de soins médicaux, d’hygiène et de nourriture ainsi que de confiscations d’effets personnels et d’humiliations, le tout dans des cellules surpeuplées.
L’organisation israélienne de défense des droits humains l’écrit noir sur blanc : les abus signalés par des dizaines de Palestiniens détenus dans des prisons différentes présentent d’effrayantes similitudes. L’ONG en conclut qu’il s’agit de pratiques systémiques et institutionnalisées. Les prisons israéliennes sont devenues « un réseau de camps de torture », selon B’Tselem, qui pointe la responsabilité d’un homme en particulier : Itamar Ben Gvir, ministre de l’extrême droite suprémaciste, en charge de la Sécurité nationale, et donc des prisons israéliennes. L’organisation de défense des droits humains affirme que ces actes de torture constituent « des crimes de guerre, voire des crimes contre l’humanité ».
Les abus documentés par B’Tselem ont eu lieu dans les prisons de Ketziot, Ofer, Megiddo, ou Nafha. Ils s’ajoutent à ceux de Sde Teiman.
Volker Türk, haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, a publié le 31 juillet un rapport affirmant que depuis l’attaque du 7 octobre, de nombreux Palestiniens ont été emprisonnés dans le secret avec, dans certains cas, un traitement pouvant s’apparenter à de la torture. Dans un communiqué, les experts de l’ONU, qui sont mandatés par le Conseil des droits de l’homme, mais ne s’expriment pas en son nom, soulignent que « l’escalade du recours à la torture par Israël contre les Palestiniens en détention est un crime contre l’humanité qui peut être évité ». Ils dénoncent une situation d’« impunité absolue », ainsi que « le silence des États ».