Qui ne tente rien, n’a rien. Le gouvernement s’est essayé, pour siphonner la colère des enseignants, d’ouvrir la brèche en invitant autour de la table de la négociation des représentants des coordinations des enseignants. Mais cette ouverture s’est vite révélée aussi éphémère que, comme l’ont souligné les concernés, les promesses du gouvernement. D’où la reconduction des grèves cette semaine. Les réunions entre le gouvernement et les syndicats « les plus représentatifs », avaient pourtant abouti à des accords allant du gel du nouveau système de base, objet de la crise, à une augmentation de 1 500 dirhams des salaires des travailleurs de l’éducation. Un effort « exceptionnel », comme l’a souligné Aziz Akhannouch face aux élus, en chiffrant à 10 milliards de dirhams l’enveloppe budgétaire ad hoc.
Mais il faut croire que ces accords n’engagent que ceux qui les ont ficelés puisqu’ils ont été rejetés, en bloc, par la Coordination des enseignants et la Fédération nationale de l’Enseignement (FNE). Motif du rejet ? L’obstination du gouvernement à refuser leur inclusion dans le dialogue, outre le rejet du contenu de l’accord du 10 décembre. Les parties réfractaires invités au dialogue par la Commission interministérielle, avant d’en être éjectés, ont annoncé la poursuite de leur mouvement de protestation contre le statut unifié des enseignants, à l’origine d’une crise persistante qui paralyse depuis trois mois l’école. L’affaire est grave puisqu’il est question de pas loin de 8 millions d’élèves, tous cycles confondus. Le spectre de l’année blanche se précise à mesure que la crise s’enracine ;
En tout cas, la Fédération nationale de l’Education des fonctionnaires de l’éducation, affiliée à l’Union nationale des travailleurs du Maroc (UNTM), a déclaré une grève nationale de quatre jours du 19 au 22 décembre, réaffirmant son rejet catégorique du statut unifié. Cette structure syndicale apostrophée par A. Akhannouch demande le retrait définitif du texte, imposant une refonte complète au lieu de modifications superficielles qui vont à l’encontre des attentes des enseignants. En déclarant cette nouvelle grève, la Fédération proteste contre les « revirements incompréhensibles » du ministère. Bien qu’ayant réagi positivement aux initiatives de la tutelle et pris part à des réunions portant sur la révision du statut, le syndicat accuse la tutelle de s’être retiré et d’avoir manqué à ses engagements. Cette structure rejoint la Fédération nationale de l’enseignement (FNE), qui a annoncé une nouvelle grève nationale les 21 et 22 décembre. Le syndicat maintiendra les formes de protestation en attendant une réaction positive du gouvernement aux revendications, notamment le retrait définitif du nouveau statut et le remboursement des coupes salariales des enseignants en grève.
Ces deux syndicats seront rejoints dans cette grève par la Coordination nationale du secteur de l’éducation, regroupant près d’une trentaine d’organisations de différentes catégories de fonctionnaires de l’Éducation nationale. La Coordination avait annoncé la semaine dernière son intention de mener une grève nationale de quatre jours, du mardi 19 au vendredi 22 décembre. D’autant plus que le constat déjà établi quant à la démarche de l’Exécutif ne laisse guère place au doute. Pour ses représentants, les responsables tentent de saucissonner le processus pour mieux diviser les rangs des enseignants. Et faciliter de la sorte l’isolement des « récalcitrants ». Un stratagème qui, face à l’unité des rangs des enseignants qui vomissent les syndicats avec lesquels la tutelle s’active, ne pouvait se transformer qu’en eau de boudin.
L’affaire est grave !