A l’issue de sa participation au Forum d’Al Aqaba à Cordoue, le chef de la diplomatie a taxé mardi le responsable du parti de l’opposition de « diffuser des mensonges, comme il l’a fait concernant sa méconnaissance la position [du gouvernement] vis-à-vis du Maroc ».
« Ce que vous devez faire, c’est dire les dates auxquelles vous allez vous rencontrer pour discuter avec le Premier ministre », a déclaré J.M. Albares en soulignant convoquer « tout membre du Parti populaire » à « discuter de politique étrangère, de politique européenne, de nos relations avec le Maroc et de toute autre question ». Dans ce cas-là, dit le chef de la diplomatie espagnole, si A.N. Feijóo dit ne pas savoir quelle est la relation entre l’Espagne et ce sur quoi les deux parties se sont accordée, « c’est qu’il n’aura pas dit la vérité ».
Ce n’est pas pour la première fois que le torchon brûle entre Albares et Feijóo. Le chef de la diplomatie espagnole avait déjà accusé, en avril dernier, le président du PP de pousser sa formation à adopter « des positions anti-marocaines ». Dans une interview publiée par le quotidien El Español, il avait spécifié qu’au fond, « ce tournant est le retour aux origines du Parti populaire ; le retour à une politique de confrontation avec le Maroc, le retour à [la crise] de Perejil » de 2002.
Interpellé sur une éventuelle annulation de sa part, une fois arrivé au pouvoir, de la décision de Pedro Sanchez de soutenir le plan marocain d’autonomie au Sahara, A. N. Feijóo, a botté en touche. « Il n’y a personne d’autre que Sanchez et Albares qui puissent dire ce que nous avons fait. Je ne sais pas ce que mon pays a fait », a déploré le leader du PP au micro de Cadena Ser. « J’étais avec le Premier ministre marocain (faisant référence à la rencontre de Rotterdam du 31 mai) et ce fut une conversation très loyale et honnête. Il m’a demandé si j’allais garder les accords et je lui ai demandé quels étaient ces accords, parce que je ne les connais pas. Il m’a regardé fixement et je lui ai dit que je les ignorais complètement », a-t-il précisé. « Je vais porter le dossier du Maroc devant le Congrès des députés et la première chose que je ferai, c’est d’en informer le chef de l’opposition », a proposé A.N. Feijóo.
Ce n’est pas la première fois que le chef du PP adopte pareille position. Il avait tenu des propos similaires lors d’une interview accordée en mai 2022 à un média espagnol. « Le problème du Sahara occidental ne peut pas être résolu avec une lettre clandestine. Il faut mettre la lumière sur le problème selon la transparence et les accords internationaux. C’est exactement le contraire de ce qu’a fait le gouvernement. La clandestinité ne peut résoudre un problème international mais génère plus de problèmes, plus de tensions, plus d’incertitude et moins de responsabilité envers le peuple sahraoui, envers le Maroc et envers les Nations unies », avait expliqué alors le président du PP.
Avant de s’envoler pour Rabat pour rencontrer le roi Mohammed VI, P. Sanchez s’est réuni, c’était le 7 avril 2022, avec A. N. Feijóo, durant une trentaine de minutes. N’empêche, le PP a voté toutes les propositions parlementaires condamnant le soutien de P. Sanchez à l’initiative marocaine d’autonomie au Sahara.
L’Espagne se prépare à des élections législatives anticipées, prévues le 23 juillet. Les sondages donnent la première place au PP, alors que P. Sanchez tente de faire tourner les vents en faveur du camp des progressistes.