Cette recommandation a été exprimée lors d’une rencontre tenue vendredi au siège du CNDH à Rabat, au cours de laquelle le Conseil a dévoilé ses recommandations basées sur ses observations de l’espace numérique et ses visites de terrain dans la région d’Al Haouz, dans un rapport intitulé « Protection des enfants dans le contexte du séisme du 8 septembre 2023« .
Le Conseil a souligné l’importance de garantir le respect du principe de participation des enfants. À cette fin, plusieurs enfants de Rabat ont exprimé leur compassion envers les enfants d’Al Haouz, victimes du séisme. Toutefois, ces derniers n’étaient pas présents lors de la divulgation des recommandations du CNDH, où ils auraient pu exprimer directement leurs souffrances et leurs inquiétudes. Lors de la présentation des conclusions et recommandations sur la situation des enfants affectés par le séisme d’Al Haouz, le Conseil a appelé à l’élaboration d’un guide spécifique pour la gestion des catastrophes naturelles dans les centres de protection de l’enfance, ainsi qu’à l’accélération de l’adoption d’une loi spécifique régissant ces centres.
En lien avec la Journée nationale de l’enfant, célébrée le 25 mai de chaque année, le Conseil a particulièrement insisté sur la nécessité de placer l’intérêt supérieur de l’enfant au cœur des interventions des autorités publiques. Et souligné l’importance de prendre en compte toutes les dimensions liées à la prévention et à l’atténuation des impacts potentiels pour protéger les enfants des risques en cas de déplacement de leur environnement d’origine.
Les recommandations du Conseil couvrent les dimensions légale, procédurale et convergente des politiques publiques destinées aux enfants. Elles visent à renforcer la proactivité et la résilience face aux catastrophes, à promouvoir le principe de participation des enfants et à créer un environnement numérique limitant la désinformation. De même, les conclusions et recommandations s’articulent autour des droits des enfants dans l’espace numérique et au-delà, mettant en avant la protection des droits de l’enfant sous ses trois dimensions ; normative, procédurale et axiologique. Elles incluent des orientations prioritaires du CNDH en matière de surveillance, de suivi et de recours, en temps normal comme en période de crise.
En outre, le CNDH a relevé une tendance à publier des photos d’enfants sur des sites d’actualité et les réseaux sociaux, compromettant leur vie privée. Le Conseil a constaté que les enfants étaient fréquemment représentés dans le contenu numérique observé, sans qu’on leur donne l’occasion de s’exprimer sur leurs besoins ou de partager leurs opinions sur l’impact du séisme sur leurs droits. Mais il a salué plusieurs initiatives numériques tenant compte des besoins spécifiques des enfants et encourageant des actions solidaires, telles que la construction d’espaces dédiés aux enfants et l’accompagnement par des assistants sociaux et des volontaires. Cependant, le Conseil a regretté que le droit des enfants à la participation et à l’expression soit souvent négligé dans l’espace numérique, ce qui contribue à une vision stéréotypée des enfants comme de simples sujets d’attention plutôt que comme des acteurs principaux et détenteurs de droits.
Le rapport a également révélé que peu de journaux et d’articles de presse offraient aux enfants l’opportunité de s’exprimer. Seulement 20 % des articles surveillés ont abordé des problématiques liées à l’enfance.
Le Conseil a réitéré une recommandation précédente de son mécanisme national de recours pour les enfants victimes de violations des droits de l’enfant, visant à placer les enfants et leurs préoccupations au cœur des systèmes et politiques médiatiques et journalistiques au Maroc. Et souligné que l’espace numérique et les plateformes de réseaux sociaux sont des canaux appropriés pour écouter les opinions des enfants et accorder l’importance nécessaire à leurs points de vue. Comme il a aussi attiré l’attention sur les questions de harcèlement et d’abus sexuels et d’exploitation des enfants, révélant avoir observé plusieurs contenus contenant des allégations de harcèlement sexuel envers des filles dans les zones touchées par le séisme. Il a souligné que la diffusion d’accusations non vérifiées peut nuire à la réputation de personnes qui pourraient être innocentes.
Le Conseil a salué l’engagement considérable des acteurs civils dans la lutte contre les tentatives d’exploitation des enfants. Lors de ses visites de terrain, aucune exploitation des enfants, que ce soit économique ou sexuelle, n’a été constatée. Le rapport aborde, enfin, la protection intégrée de l’enfance, l’approche basée sur les droits de l’enfant dans la réponse aux catastrophes, la gestion des centres de protection de l’enfance en période de crise, l’alignement sur les normes internationales, la poursuite du droit à l’éducation dans les zones affectées et la communication avec les enfants pour leur accès à l’information appropriée tout en protégeant leur vie privée.