Le sang n’a pas encore pas séché à Gaza que l’armées’est lancée dans une offensive d’envergure dans les territoires palestiniens de Cisjordanie occupée. Jénine est sous le feu de l’armée israélienne qui a mené des bombardements et déployé ses forces spéciales dans cette ville considérée comme le bastion des groupes armés palestiniens. Baptisée « Mur d’acier » cette opération a fait, selon le ministère de la Santé palestinien, 9 morts et une quarantaine de blessés. Des dizaines de blindés de l’armée sioniste, appuyés par des hélicoptères de combat et des drones, ont mené l’assaut contre le camp de réfugiés de Jénine, jouxtant la ville palestinienne du même nom.
Durant les trois dernières années, ce camp fief de la résistance palestinienne, a été régulièrement la cible d’offensives israéliennes. Mais depuis décembre dernier, les forces de l’ordre de l’Autorité palestinienne n’ont pas hésité à sous-traiter pour Tel-Aviv la sécurisation de la zone. « L’Autorité palestinienne est dirigée par des traitres qui font le sale boulot à la place des forces d’occupation », dénoncent les Palestiniens. Mardi, les forces de sécurités de l’Autorité palestinienne se sont retirées juste avant l’arrivée de l’armée israélienne.
Cette opération baptisée « Mur d’acier », intervient dans un contexte particulier, celui de la libération de détenus palestiniens dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu à Gaza. Dans cette même enclave, une vidéo immortalisant l’exécution d’un jeune gazaoui a a été postée par les Palestiniens sur les réseaux sociaux. Le journaliste Hossam Shabat a déclaré que l’enfant est Zakaria Hamad Barghouth, soulignant qu’il avait été « tué de sang-froid près du rond-point du Retour dans le centre de Rafah ».
Cet enfant est l’un des trois tués par l’occupation depuis le début du cessez-le-feu. Des tireurs d’élite de l’armée d’occupation ont tué Nader Ajlan près de la municipalité de Rafah, tandis que Mahmoud Muammar est tombé en martyr à l’est de la ville à la suite de l’explosion d’un « objet suspect » laissé par les forces d’occupation.
Concernant cette violation, des sources sur le terrain ont indiqué que des chars israéliens ont pénétré la zone tampon de Rafah et ont ouvert le feu sur les citoyens. Selon l’accord, l’armée d’occupation israélienne est autorisée à avancer seulement 700 mètres dans cette zone, mais elle y a pénétré jusqu’à 850 mètres.
Dimanche, des Palestiniens déplacés ont pu entrer dans la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Le cessez-le-feu est entré en vigueur le dimanche matin 19 janvier. La guerre génocidaire israélienne contre Gaza, lancé depuis octobre 2023, a couté la vie à plus de 46.000 Palestiniens, en majorité de femmes et d’enfants.
Barbarie sioniste
Le Hamas a déclaré, lundi 20 janvier, que l’état de santé des prisonniers palestiniens libérés reflétait « la barbarie et le fascisme » de l’entité sioniste. Dans la nuit de dimanche à lundi, 90 prisonniers palestiniens, dont des femmes et des enfants, ont été libérés de la prison d’Ofer, à l’ouest de Ramallah, en Cisjordanie occupée, dans le cadre de la première phase de l’accord d’échange de prisonniers et de cessez-le-feu dans la Bande de Gaza.
Cet échange est intervenu quelques heures après que le Hamas a libéré trois captives israéliennes dans le cadre de l’accord. Les médias israéliens ont déclaré que les trois Israéliennes étaient en bonne santé. « Les images des trois prisonnières ont montré qu’elles étaient en pleine santé physique et psychologique, contrairement à nos prisonnières dont l’apparence montrait des signes de négligence et d’épuisement », a déclaré le Hamas dans un communiqué. « Cela illustre de manière frappante la grande différence entre les valeurs et l’éthique de la résistance et la barbarie et le fascisme de l’occupation », est-il ajouté.
Des images ont montré les captives israéliennes libérées dans des vêtements propres et soignés et portant des « sacs-cadeaux », tandis que des signes d’abus et de torture apparaissaient sur les visages des femmes palestiniennes libérées des prisons israéliennes. « Nous félicitons notre peuple, notre nation et les défenseurs de la liberté dans le monde entier pour la libération du premier groupe de nos prisonniers des geôles de l’occupation », a déclaré le Hamas. Et le mouvement de poursuivre que « les scènes de liesse de notre peuple arborant le signe de la victoire tout en accueillant les prisonniers libérés, réaffirment le soutien populaire à la résistance et soulignent sa place profondément enracinée dans leurs cœurs ». « La participation massive de notre peuple à l’accueil des prisonniers libérés, malgré les mesures répressives de l’occupation, est une déclaration de défi et l’expression de sa soif de liberté et de libération de la terre et des lieux saints », ajoute le communiqué.
Dimanche, les familles des prisonniers palestiniens se sont rassemblées aux abords de la prison d’Ofer pour accueillir leurs proches, mais, par crainte de manifestations festives lors de l’accueil des prisonniers libérés, l’armée israélienne a lancé des grenades de gaz lacrymogène afin de disperser les familles.
L’accord de cessez-le-feu et d’échange de prisonniers est entré en vigueur dimanche, suspendant la guerre génocidaire d’Israël contre la Bande de Gaza. L’accord en trois phases prévoit un échange de prisonniers et un maintien du calme, en vue d’une trêve permanente et du retrait des forces d’occupation israéliennes de la Bande de Gaza.
A rappeler que l’armée d’occupation israélienne a arrêté 64 Palestiniens, dont un enfant de 7 ans, lundi 20 janvier, lors d’un raid contre Qalqilya, dans le nord de la Cisjordanie.
Les forces d’occupation israéliennes ont pris d’assaut la localité d’Azzoun, forçant les commerçants à fermer leurs magasins. Des affrontements ont éclaté pendant le raid, les forces d’occupation israéliennes tirant des balles réelles et des grenades de gaz lacrymogène dans les zones résidentielles. Trois personnes avaient été hospitalisées après avoir été passées à tabac par des soldats israéliens à l’entrée nord d’Azzoun dans la soirée de dimanche.
Lundi soir, 21 Palestiniens ont été blessés lors d’une attaque menée par des colons israéliens contre deux localités palestiniennes près de la ville de Qalqilya, au nord de la Cisjordanie occupée. La Société du Croissant-Rouge palestinien a indiqué que ses équipes médicales ont pris en charge les blessés suite aux attaques des colons dans les villes de Jinsafut et Al-Fanduq. Les victimes ont subi des contusions après avoir été frappées par les colons, et ont également été affectées par l’inhalation de gaz lacrymogènes tirés par les forces israéliennes, a précisé l’organisation humanitaire.
L’agence de presse palestinienne officielle Wafa a rapporté les propos de Jalal Bashir, président du conseil municipal de Jinsafut, qui a affirmé que les colons avaient incendié trois maisons, une crèche, un atelier de menuiserie, ainsi que plusieurs véhicules appartenant à des Palestiniens. Loui Tayem, maire d’Al-Fanduq, a déclaré à Anadolu que « des dizaines de colons illégaux ont attaqué les maisons et véhicules des citoyens en périphérie, incendiant une voiture et plusieurs autres véhicules, ainsi que des magasins endommagés. » Il a qualifié la situation de « tendue ».
La violence perpétrée par les colons et les forces de sécurité israéliennes en Cisjordanie occupée a augmenté depuis la guerre de Gaza du 7 octobre 2023. Un accord de cessez-le-feu et d’échange de prisonniers dans l’enclave est entré en vigueur dimanche. En juillet 2024, la Cour internationale de justice a déclaré illégale l’occupation par Israël des terres palestiniennes depuis des décennies et a exigé l’évacuation de toutes les colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
Inquiétude à l’ONU :
Lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Proche-Orient ; A. Guterres, patron de l’ONU, s’est déclaré inquiet face à l’évolution de la situation. « Je suis profondément préoccupé par la menace existentielle à l’intégrité et la contiguïté du Territoire palestinien occupé de Gaza et de Cisjordanie », a-t-il relevé. « De hauts responsables israéliens parlent ouvertement d’une annexion formelle de la totalité ou de parties de la Cisjordanie dans les mois qui viennent. Toute annexion de la sorte serait une très grave violation du droit international », a-t-il insisté, alors que le retour lundi de D. Trump à la Maison Blanche ravive en Israël le débat sur cette question sensible. Le président américain avait notamment présenté un plan prévoyant l’annexion par Israël de près de 30% de la Cisjordanie. Et son intention de nommer Mike Huckabee, proche des milieux israéliens pro-colonisation, au poste d’ambassadeur des États-Unis en Israël, a galvanisé les partisans de l’annexion.
Répétant son soutien à une solution à deux États, « avec Israël et la Palestine vivant côte-à-côte en paix et sécurité », A. Guterres a d’autre part appelé à un « effort collectif » pour permettre « la réunification effective de Gaza avec la Cisjordanie, aux niveaux politique, économique, social et administratif ». Une conférence sur le sujet doit d’ailleurs se tenir le 25 juin 2025 à New York, co-présidée par la France et l’Arabie saoudite. Maged Abdelaziz, l’ambassadeur de la Ligue des pays arabes aux Nations unies, a rappelé que la Cour internationale de justice (CIJ) a demandé à Israël de mettre fin à sa présence dans les territoires occupés.
A. Guterres a également salué comme une « lueur d’espoir » l’accord de cessez-le-feu entré en vigueur dimanche à Gaza en parallèle de la libération d’otages. « Maintenant, les parties doivent respecter leurs engagements et appliquer l’accord totalement. J’appelle les parties à assurer que cet accord mène à la libération de tous les otages et à un cessez-le-feu permanent à Gaza , a-t-il ajouté. Plusieurs pays, comme la Grande-Bretagne, ont exhorté Israël à ne pas mettre en danger la capacité de l’UNRWA à fonctionner, ce qui fragiliserait encore plus l’aide apportée aux réfugiés palestiniens.
Au lendemain de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu à Gaza, le chef d’état-major israélien Herzi Halevi a demandé à l’armée de se préparer à des opérations de grande envergure en Cisjordanie occupée. « Parallèlement aux préparatifs défensifs renforcés dans la Bande de Gaza, nous devons être prêts pour des opérations significatives en Judée et Samarie (Cisjordanie) dans les jours à venir », a-t-il déclaré dans un communiqué, lundi. L’objectif recherché est de faire échec aux combattants palestiniens et de les appréhender.
L’armée a précisé que les déclarations de H. Halevi faisaient suite à une évaluation de la situation qui prévaut dans les territoires palestiniens. Selon le communiqué, le chef d’état-major a également ordonné à l’armée d’élaborer des plans pour la poursuite des opérations de combat dans la Bande de Gaza et au Liban.
Il y a lieu de signaler que le chef d’état-major de l’armée d’occupation qui reconnaît l’échec du 7 octobre a annoncé sa démissionner en mars. L’armée sioniste a également annoncé la démission du chef du commandement militaire de la région Sud, responsable, notamment, de la bande de Gaza, le général Yaron Finkelman. Dans sa lettre adressée à son supérieur, H. Halevi, le général Finkelman affirme avoir « échoué le 7-Octobre à protéger les habitants bien-aimés et héroïques » des zones proches de la bande de Gaza. En avril 2024, le général Aharon Haliva, chef du service des renseignements militaires, avait également démissionné.