En ce mardi, la guerre génocidaire menée par l’occupant israélien contre le peuple palestinien se poursuit avec son concert de martyrs et disparus. Un bombardement israélien a visé des tentes abritant des personnes déplacées à Khan Younes Gaza. 10 martyrs, dont 4 femmes, ont été transférés depuis ce matin à l’hôpital Nasser à Khan Younes. En Cisjordanie aussi, des affrontements et tirs intensifs dans les environs de la maison assiégée dans la localité de Kfardane, à l’ouest de Jénine. Des forces israéliennes ont pris d’assaut la localité de Burqa, au nord-ouest de Naplouse, la localité de Birzeit, au nord de Ramallah, la localité de Sarda, au nord de la ville de Al-Bireh, la ville de Qalqilya et le camp d’Al-Fawwar, au sud d’Al-Khalil Hébron. Un assaut a aussi été menée contre la ville de Qatana, au nord-ouest d’Al-Qods occupée. Les images retransmises par les chaines satellitaires montrent des images de désolation, l’armée sioniste ayant fait le pari de rendre la Cisjordanie aussi invivable que la bande de Gaza.
En face, la résistance palestinienne s’organise et réagit. Ainsi, les Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa, bataillon de Tulkarem, ont annoncé mardi la mort d’un soldat israélien et la blessure de plusieurs autres, dans le cadre des opérations de résistance en cours. Le communiqué produit à l’occasion assure que les pertes de l’occupation sont le résultat de l’embuscade menée par leurs combattants, en collaboration avec les Brigades Al-Qassam, dans l’axe Al-Ghanem, dans le camp de Tulkarem.
Plus tôt lundi, les Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa – Tulkarem avaient annoncé avoir tendu une embuscade à une force israélienne dans l’axe Al-Ghanem, expliquant qu’elles avaient fait sauter un engin explosif et affronté les forces d’occupation avec des armes à feu. Les forces d’occupation soutenues par des bulldozers ont pénétré, lundi, dans le camp de réfugiés de la ville et encerclé plusieurs hôpitaux au milieu d’un échange de tirs avec des Palestiniens armés. Ce raid s’inscrit dans le cadre d’une campagne militaire de grande envergure, la plus vaste depuis deux décennies, lancée par l’armée d’occupation contre le nord de la Cisjordanie la semaine dernière. Selon le ministère de la Santé, au moins 30 Palestiniens sont tombés en martyre depuis le début de cette offensive.
En parallèle, depuis Gaza, le dernier bilan fait état mardi de 40 819 martyrs depuis le 7 octobre dernier, a déclaré mardi le ministère de la santé de Gaza. Un communiqué du ministère ajoute que quelque 94 291 autres personnes ont été blessées dans la guerre israélienne. Les forces israéliennes ont tué 33 personnes et en ont blessé 67 autres lors de trois massacres perpétrés contre des familles au cours des dernières 24 heures, a déclaré le ministère. « De nombreuses personnes sont toujours piégées sous les décombres et sur les routes, les secouristes ne pouvant les atteindre », a-t-il ajouté.
Dans l’une de ses récentes sorties, Abu Obeida, porte-parole militaire des Brigades Ezzeddine Al-Qassam, branche armée du Hamas, a tenu le Premier ministre de l’occupation, Benjamin Netanyahu, et l’armée israélienne totalement responsables du meurtre des otages, après qu’ils aient délibérément perturbé tout accord d’échange en raison d’intérêts étroits. Il l’a également tenu responsable du meurtre intentionnel des dizaines d’otages, lors de bombardements aériens directs.
« Nous disons clairement à tout le monde qu’après l’incident de Nouseirat, de nouvelles instructions ont été données à nos combattants chargés de garder les prisonniers concernant La manière de les traiter, au cas où l’armée d’occupation s’approche de leur lieu de détention », a-t-il ajouté dans un message sur Telegram. Il a averti que « l’insistance de Netanyahu à libérer les prisonniers, par la pression militaire, au lieu de conclure un accord, signifiera leur retour à leurs familles dans des cercueils. Leurs familles devront choisir s’ils les veulent morts ou vivants ».
Rappelons que les manifestations massives se sont poursuivies à Tel Aviv, pour protester contre le gouvernement israélien, exigeant des élections anticipées et un accord d’échange de prisonniers. Les rues de Tel Aviv étaient remplies, pour la deuxième nuit consécutive, des dizaines de milliers de personnes exigeant un accord d’échange de prisonniers, tenant Benyamin Netanyahu pour responsable du retour des six prisonniers tués, samedi 31 août. Un forum de familles de prisonniers israéliens a déclaré, lundi, que la récente déclaration du président américain J. Biden sur le cessez-le-feu à Gaza constitue une nouvelle preuve que le Premier ministre israélien empêche le retour de leurs fils captifs dans la Bande de Gaza.
Le locataire de la Maison Blanche a déclaré, lundi, qu’il estimait que B. Netanyahu n’en faisait pas assez pour parvenir à un accord d’échange de prisonniers avec le Hamas. « Si nous voulions plus de preuves sur l’échec de Netanyahu à ramener les otages, nous les avons obtenues du président américain », a déclaré le forum dans un communiqué relayé par le Yedioth Ahronoth.
Palestine sans Palestiniens ?
Le forum a qualifié de « dangereuse » la récente déclaration de B. Netanyahu affirmant qu’il ne se retirerait pas de la zone frontalière entre Gaza et l’Égypte, connue sous le nom de corridor de Philadelphie, « ce qui signifie qu’il n’y aura pas d’accord et que les familles ne verront pas leurs proches rentrer chez eux ». B. Netanyahu avait réaffirmé, quelques heures plus tôt, son intention de maintenir la présence de son armée dans le corridor de Philadelphie. « Si nous nous retirons, nous ne pourrons pas y retourner, ni en 42 jours, ni en 42 ans », a-t-il déclaré lors d’une réunion du conseil des ministres, rapporte la chaîne de télévision israélienne Channel 12. Le premier ministre israélien faisait référence à la première phase de 42 jours d’une proposition de cessez-le-feu à Gaza et d’un accord d’échange de prisonniers avec le Hamas. B. Netanyahu a affirmé que le corridor de Philadelphie, une zone démilitarisée à la frontière entre Gaza et l’Égypte, est une « artère vitale » pour le Hamas.
Israël estime que plus de 100 personnes sont toujours retenues en captivité par la résistance palestinien à Gaza, et que certaines d’entre elles ont déjà été tuées.
Les États-Unis, le Qatar et l’Égypte tentent depuis des mois de parvenir à un accord entre Israël et le Hamas, afin de garantir un échange de prisonniers et un cessez-le-feu et de permettre l’entrée de l’aide humanitaire dans la Bande de Gaza. Mais les efforts de médiation se heurtent au refus de B. Netanyahu de répondre aux exigences du Hamas en ce qui concerne la cessation des hostilités.
Sur ces entre-faits, Francesca Albanese, apporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 a déclaré, le même jour, qu’Israël ciblait Gaza et la Cisjordanie dans le cadre d’une stratégie d’élimination et d’expansion. « L’apartheid israélien vise simultanément Gaza et la Cisjordanie dans le cadre d’un processus global d’élimination, de remplacement et d’expansion territoriale », a-t-elle ajouté dans un communiqué.
F. Albanese a averti que l’intensification de l’assaut militaire israélien contre le nord de la Cisjordanie, marque une « escalade dangereuse des graves violences et violations des droits de l’homme » commises par Israël à l’encontre du peuple palestinien depuis le 7 octobre. « La violence génocidaire d’Israël risque de dépasser les frontières de Gaza et de s’étendre à l’ensemble des territoires palestiniens occupés », a-t-elle déclaré.
Notant que les incitations au génocide lancées par des dirigeants et des responsables israéliens de haut niveau demeurent impunies, elle a déclaré que ces «appels de plus en plus pressants des dirigeants israéliens à transformer les villes de Cisjordanie et les camps de réfugiés en un ‘mini-Gaza’, se traduisent par des offensives militaires qui font de nombreuses victimes et provoquent des destructions massives dans les zones urbaines de Cisjordanie ».
Les derniers mois ont vu une augmentation notable de la fréquence des agressions aériennes et terrestres dans les gouvernorats de Jénine, Naplouse, Tulkarem et Tubas, avec une focalisation particulière sur les camps de réfugiés. F. Albanese a souligné que, depuis octobre dernier, 652 Palestiniens ont été tués en dehors de Gaza, dont 151 enfants. En outre, des milliers de personnes ont été blessées, quelque 3 300 ont été déplacées et plus de 12 000 ont été détenues arbitrairement. « L’impunité dont Israël jouit depuis longtemps permet la dépalestinisation des territoires occupés, laissant les Palestiniens à la merci des forces qui cherchent à les éliminer en tant que groupe national », a-t-elle averti.
La rapporteuse spéciale a appelé la communauté internationale à faire tout ce qui est en son pouvoir pour stopper immédiatement « le risque de génocide contre le peuple palestinien sous l’occupation israélienne, garantir l’obligation de rendre des comptes et, à terme, mettre fin à la colonisation des territoires palestiniens par Israël ».
Les médias sciblés
Au moins deux journalistes palestiniens ont été blessés après que les forces israéliennes ont attaqué des membres de la presse en Cisjordanie dans le cadre de l’offensive en cours dans le territoire occupé. Cela rappelle, à bien des égards, ce que le régime sioniste a fait dans l’enclave de Gaza.
L’agence de presse officielle palestinienne WAFA a rapporté que les troupes israéliennes ont ouvert le feu sur un groupe de journalistes près du rond-point du cinéma dans le centre de Jénine, lundi 2 septembre, alors qu’ils couvraient un raid militaire israélien dans la région. Des sources médicales palestiniennes, s’exprimant sous couvert d’anonymat, ont déclaré que deux journalistes ont été blessés après avoir été touchés par des balles réelles.
Des véhicules militaires israéliens ont également tenté de renverser un groupe de journalistes alors qu’ils couvraient l’agression contre Jénine et son camp de réfugiés. De plus, les troupes israéliennes ont agressé Mohammed Abu Zeid, un photographe de WAFA, dans la ville de Ramallah, au centre de la Cisjordanie. M. Abu Zeid a déclaré que les troupes israéliennes l’avaient attaqué, frappé à coups de crosse de fusil, détenu pendant plus d’une demi-heure et confisqué la carte mémoire de son appareil photo alors qu’il couvrait l’incursion militaire israélienne dans la zone d’al-Muhalhal, dans la ville de Ni’lin, située à 17 kilomètres à l’ouest de Ramallah.
Les journalistes en Cisjordanie sont confrontés aux risques liés à la couverture des raids israéliens de plus en plus fréquents dans les communautés palestiniennes, qui conduisent souvent à des affrontements sanglants avec les combattants de la Résistance. Les forces d’occupation israéliennes ont également arrêté des journalistes « pour incitation présumée via les médias… et les réseaux sociaux », selon le groupe de défense « Club des prisonniers palestiniens ». « Les outils de la liberté d’opinion et d’expression… sont devenus des outils pour cibler les journalistes et les Palestiniens en général », a-t-il déclaré.
En juillet dernier, le photojournaliste palestinien Moath Amarneh a été arrêté et emprisonné par les forces israéliennes en Cisjordanie. Il a passé près de neuf mois derrière les barreaux jusqu’à sa libération le 9 juillet, bien qu’il n’ait jamais été inculpé d’un délit ni jugé. Le journaliste indépendant de 37 ans a été placé en « détention administrative », qui permet de détenir des suspects sans inculpation pour des périodes renouvelables allant jusqu’à six mois.
En novembre dernier, Somaya Jawabreh, autre journaliste indépendante de Cisjordanie, a été arrêtée pour incitation présumée à la violence dans une série de publications en ligne. La journaliste a été libérée au bout d’une semaine, car elle était enceinte de sept mois, et placée en résidence surveillée. Elle a également été condamnée à payer une caution de 50 000 shekels, il lui a été interdit de s’adresser aux médias et de posséder ou d’utiliser un téléphone portable ainsi qu’Internet. « Elle a perdu son emploi à cause de toutes ces conditions », a déclaré son mari, le journaliste Tariq Youssef. « Son avenir professionnel est terminé. »
De plus, Moussab Shawar, un photojournaliste qui collabore avec l’agence de presse AFP, a été arrêté en novembre avec deux collègues dans le sud de la Cisjordanie pour avoir rencontré des prisonniers palestiniens libérés par Israël lors d’un cessez-le-feu à Gaza. À un poste de contrôle israélien, « le véhicule a été saisi et fouillé, les papiers d’identité ont été vérifiés, les téléphones ont été confisqués », a déclaré M. Shawar, 33 ans. Il a ajouté qu’ils avaient été « menottés avec des colliers de serrage autobloquant », les yeux bandés et libérés sept heures plus tard.
Voilà pour l’îlot démocratique tant loué au Machrek. Ilot où il ne fait bon vivre que pour les Israéliens…