Samedi, une frappe israélienne sur une maison du quartier de Tuffah, à l’est de la ville de Gaza dans le nord de la bande de Gaza, a tué cinq enfants et blessé de nombreuses personnes, selon des sources hospitalières palestiniennes. L’attaque, qui a visé une résidence appartenant à la famille El-Mecheravi, s’inscrit dans une série d’opérations militaires menées par l’armée israélienne contre des cibles dans l’enclave palestinienne. Des témoins ont rapporté que l’assaut a également touché des maisons et des terres agricoles dans la ville de Gaza, aggravant une situation humanitaire déjà critique.
Les blessés ont été transférés à l’hôpital Al-Ahli Baptist, le seul établissement encore pleinement opérationnel dans le nord de Gaza, où les équipes médicales peinent à faire face à l’afflux de victimes.
Par ailleurs, dans le sud de la bande de Gaza, les forces israéliennes ont lancé une frappe aérienne sur l’ouest de la ville de Rafah, où plus d’un million de personnes déplacées vivent dans des conditions précaires. Aucune information précise sur d’éventuelles victimes n’a encore été confirmée dans cette zone, mais des témoins ont signalé des bombardements intenses. Cette opération intervient alors que l’armée israélienne avait repris ses frappes massives sur Gaza le 18 mars 2025, mettant fin à un cessez-le-feu de deux mois, après l’échec des négociations avec le Hamas, selon des déclarations du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Plus, l’artillerie israélienne bombarde de vastes zones à l’ouest de Beit Lahia, au nord de la bande de Gaza.
L’ONU et des organisations humanitaires ont renouvelé leurs appels à un cessez-le-feu immédiat, soulignant que la population de Gaza, dont 85 % a été déplacée au moins une fois, est confrontée à une crise sans précédent, marquée par une pénurie aiguë de nourriture, d’eau potable et de soins médicaux.
La veille vendredi, le Hamas avait vivement condamné les déclarations de Mike Waltz, conseiller américain à la sécurité nationale, qui a soutenu la reprise de la guerre « génocidaire » d’Israël contre la bande de Gaza et accusé le mouvement palestinien d’avoir choisi la guerre au lieu d’avancer vers un cessez-le-feu et un accord d’échange de prisonniers. Le Hamas a affirmé que l’accusation de M. Waltz selon laquelle il aurait opté pour la guerre « déforme les faits » et reflète une « pleine complicité dans l’agression contre le peuple palestinien et dans les crimes israéliens à Gaza ». Le mouvement a précisé avoir proposé des initiatives claires pour un cessez-le-feu et un échange global de prisonniers, mais celles-ci ont été rejetées par le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, car « il les a intentionnellement sabotées pour servir ses propres intérêts politiques, comme l’ont révélé ses propres responsables sécuritaires ». M. Waltz a exprimé un soutien ferme à la nouvelle offensive militaire israélienne contre le Hamas à Gaza. « Israël a pleinement le droit de défendre son peuple contre les terroristes du Hamas. Le cessez-le-feu aurait été prolongé si le Hamas avait libéré tous les otages restants. Au lieu de cela, ils ont choisi la guerre », a-t-il écrit X.
Ronen Bar, chef du Shin Bet israélien, démis de ses fonctions par B. Netanyahu, a révélé jeudi que le Premier ministre l’avait empêché de rencontrer des ministres israéliens tout au long de l’année 2024 afin de garder secrètes les informations sur les négociations avec le Hamas. Il a affirmé que les actions de B. Netanyahu visaient à « mener des négociations qui ne déboucheraient sur aucun accord ».
Il y a lieu de signaler que des manifestations d’ampleur ont secoué la rue israélienne dans plusieurs villes pour dénoncer la politique menée par B. Netanyahu. Les familles de captifs israéliens à Gaza ont rappelé, à cette occasion, que « Bibi » est occupé à régler des comptes personnels et politiques tout en abandonnant les 59 otages à leur sort inconnu. Avigdor Lieberman, ancien ministre israélien de la guerre, qui est revenu sur les roquettes tirées depuis Gaza, le Yémen et le Liban en une seule journée, n’a pas manqué de relever que le Premier ministre du 7 octobre représente une menace pour la sécurité d’Israël.
Le porte-parole du mouvement palestinien Fatah à Gaza a appelé samedi son rival du Hamas à quitter le pouvoir, afin de préserver la « présence des Palestiniens » sur ce territoire, à l’heure où Israël intensifie ses opérations militaires et ses menaces de déplacer la population et d’annexer des pans de la bande de Gaza. « Le Hamas doit faire preuve de compassion pour Gaza, ses enfants, ses femmes et ses hommes. Nous mettons en garde contre des jours difficiles, rudes et pénibles pour les habitants de la bande de Gaza », déclare Mounther al-Hayek, porte-parole du parti du président palestinien Mahmoud Abbas, dans un message envoyé de Gaza à l’AFP. M. Hayek appelle le Hamas « à quitter la scène gouvernementale et à prendre pleinement conscience que la bataille qui vient [s’il décide de rester au pouvoir] mènera à la fin de l’existence des Palestiniens » à Gaza. Cet appel du Fatah intervient à l’heure où l’occupant sioniste cherche, avec le soutien agissant de l’administration US, à provoquer une autre Nakba en vidant l’enclave palestinienne de ses ayant-droit. Comme il tente de gommer la Cisjordanie, là où l’Autorité de Mahmoud Abbas joue les gendarmes au service de l’entité sioniste, en la rebaptisant Judée-Samarie.
Autre fait singulier, l’armée de Sanaa a annoncé samedi avoir visé pour la troisième fois en 48 heures l’aéroport Ben Gourion d’Israël avec un missile hypersonique. « En soutien au peuple palestinien opprimé et à sa vaillante résistance, nos missiles ont réussi à cibler l’aéroport Ben Gourion, situé dans la ville occupée de Jaffa, avec un missile hypersonique Palestine 2 », a annoncé le général Yahya Saree, porte-parole militaire. Il a souligné que cette attaque était « la troisième en 48 heures et a atteint son objectif avec succès. » Il s’agit du cinquième lancement de missile depuis le Yémen vers Israël depuis l’accord de cessez-le-feu du 19 janvier, violé par la suite par Israël.Le haut gradé yéménite a également averti toutes les compagnies aériennes que désormais, « l’aéroport Ben Gourion n’est plus sûr pour le trafic aérien et le restera tant que l’agression contre Gaza ne cessera pas et que le blocus ne sera pas levé. » Plusieurs grandes compagnies aériennes ont d’ores et déjà décidé de déprogrammer les vols à destination de l’entité sioniste.
Y Saree a ajouté, par ailleurs, que « dans le cadre de notre réponse à l’agression américaine contre notre pays, et pour le sixième jour consécutif, l’armée de l’air a mené une opération militaire visant plusieurs navires de guerre accompagnant le porte-avions USS Harry Truman avec plusieurs drones ».
Vendredi soir, l’armée israélienne a annoncé avoir intercepté un missile lancé depuis le Yémen avant qu’il n’entre dans l’espace aérien israélien, marquant ainsi le deuxième incident en 24 heures. La semaine dernière, le président américain Donald Trump avait annoncé avoir ordonné une attaque « décisive et puissante » contre les Houthis.
En réponse, le groupe avait déclaré jeudi que les menaces de D. Trump « ne les dissuaderaient pas de soutenir Gaza », reprenant les attaques par missiles et drones contre Israël et les navires en mer Rouge. Cette escalade intervient alors qu’Israël a renouvelé son offensive sur Gaza depuis mardi matin. Jeudi soir, les frappes aériennes américaines au Yémen avaient tué 79 personnes et blessé plus de 100 autres, dont des femmes et des enfants, selon les déclarations houthis. Depuis fin 2023, l’armée de Sanaa attaque les navires liés à Israël transitant par la mer Rouge, la mer d’Arabie, le détroit de Bab el-Mandeb et le golfe d’Aden avec des missiles et des drones, perturbant ainsi le commerce avec Israël, affirmant agir en solidarité avec la bande de Gaza. Les attaques ont été suspendues lorsque le cessez-le-feu a été déclaré en janvier entre Israël et le Hamas, mais il a menacé de reprendre les attaques lorsqu’Israël a bloqué toute aide humanitaire vers Gaza le 2 mars.
Depuis 16 mois, le Hamas mène des pourparlers avec Israël, sous la médiation du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis. Cependant, les négociations n’ont pas encore permis la libération de tous les captifs israéliens ni la fin du conflit, en grande partie à cause des violations répétées des accords par Israël et du refus de Netanyahu d’honorer ses engagements passés.
Plus de 700 Palestiniens ont été tués et plus de 1.000 blessés depuis mardi dans une campagne aérienne surprise d’Israël contre Gaza, brisant ainsi l’accord de cessez-le-feu et d’échange de prisonniers conclu en janvier. Depuis octobre 2023, près de 50 000 Palestiniens, principalement des femmes et des enfants, ont été tués et plus de 112 000 blessés dans l’offensive militaire israélienne contre Gaza.
La Cour pénale internationale a émis en novembre dernier des mandats d’arrêt contre Netanyahu et son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité à Gaza. Israël fait également l’objet d’une accusation de génocide devant la Cour internationale de Justice pour sa guerre contre l’enclave palestinienne.