Du jamais vu ! Mardi 5 avril, le cours du pétrole affiche 108 dollars le baril. Et pourtant, cette baisse n’a pas eu d’effet chez les pompistes locaux. Dans les stations-services, et sans évoquer l’essence, le marché étant fortement diésélisé, le gasoil s’affiche à 15,30 Dh le litre ! De quoi donner des frissons aux consommateurs comme aux professionnels du transport. Déjà, dans plusieurs villes, le tarif des taxis a flambé. Et il faut s’attendre à pire.
Certes, des partis de l’opposition ont interpellé le gouvernement pour qu’il vienne s’expliquer sur la hausse du coût de la vie et, le cas échéant, éclairer l’opinion sur les mesures prises pour atténuer les effets des hausses des prix à l’international sur les Marocains. Mais l’Exécutif a choisi la politique de la chaise vide. Laissant le soin à Mustapha Baitas, son porte-parole, d’informer les médias. Ce derier avait expliqué jeudi dernier la situation en se référant aux données du marché international, affirmant que le prix du gasoil a atteint le 30 mars, 1.200 dollars la tonne à Rotterdam, soit le même prix que l’essence, tandis que le prix du gaz butane a atteint 1.020 dollars. Voilà qui justifie la hausse, cela sans parler des prix élevés du stockage et du transport.
Si la répercussion des baisses des prix n’est pas automatique, rien n’empêche le gouvernement de revoir le système de tarification et d’agir en conséquence pour alléger un tant soit peu le fardeau sous lequel croule la majorité des Marocains. Mais il faut convenir que tel ne semble être le souci des décideurs qui laissent libre cours au marché de dicter sa loi. La libéralisation des prix des carburants s’exprime dès lors de la plus belle des manières au niveau des stations-services.
Aziz Akhannouch, patron de l’Exécutif et acteur majeur dans le secteur des hydrocarbures se fait donc plaisir. Et advienne que pourra pour le consommateur lambda. Celui-là qui engraisse, par devers lui, les sociétés pétrolières dont les marges ont atteint des sommets. On parle de bénéfices cumulés de 40 milliards de Dh. Pas de quoi déstabiliser un pays où le pauvre s’enlise dans la mouise et où la classe moyenne est promise à tous les déclassements. Attention, situation inflammable !